Marie-Christine Alessi

Remarque : ces contenus ont été récupérés automatiquement depuis l’ancien site « Histoire de l’Inserm » (https://histoire.inserm.fr) et n’ont pas été modifiés depuis.

Les travaux de Marie-Christine Alessi concernent les mécanismes environnementaux et génétiques conduisant aux accidents thrombotiques. 

Les maladies cardio-vasculaires sont la première cause de mortalité dans le monde. Les accidents cardiovasculaires majeurs responsables en très grande partie de cette surmortalité sont dus à des accidents thrombotiques aigus qu’ils soient artériels (infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral) ou veineux (thrombose veineuse profonde, embolie pulmonaire). Aujourd’hui lesmécanismes physiopathologiques conduisant à ces phénomènes thrombotiques aigus ou plus chroniques restent encore à éclaircir. 

Certains facteurs de risque de thrombose de gros vaisseaux comme l’hyperlipidémie, l’hypertension, la sédentarité, le syndrome métabolique, le diabète de type II et l’intoxication tabagique sont modifiables par les thérapeutiques conventionnelles, bien que de grandes disparités persistent dans la mise en œuvre et l’efficacité des stratégies de prévention. D’autres facteurs de risque comme l’hérédité, l’inflammation chronique, ou l’exposition à des stress environnementaux (pharmacologiques, infectieux, toxiques…) sont moins classiques, et représentent des agressions vasculaires qui s’ajoutent aux facteurs de risque traditionnels, en augmentant de façon exponentielle le risque de thrombose vasculaire. 

Les travaux de Marie-Christine Alessi reposent sur l’hypothèse que les déterminants génétiques et environnementaux (syndrome métabolique, infection) sont le primum movens des complications thrombotiques à la fois artérielles et veineuses. La découverte de nouveaux biomarqueurs permettant d’identifier non seulement les patients à risque, mais aussi ceux qui pourront bénéficier des nouvelles thérapeutiques préventives et curatives est plus que jamais nécessaire. 

Avec ses collaborateurs, elle a contribué à décrire et comprendre l’état d’hypofibrinolyse (retard à l’élimination des caillots), qui accompagne le syndrome métabolique et expose au risque de thrombose. Ce défaut de dégradation du caillot est essentiellement expliqué par l’augmentation de la concentration circulante de l’inhibiteur de type 1 de l’activateur du plasminogène‑1 (PAI‑1), un inhibiteur de la fibrinolyse. Cette augmentation du PAI‑1 est un facteur de risque de survenue de l’infarctus du myocarde chez l’homme. Par ailleurs, la forte relation existant entre les taux circulants de PAI‑1 et la présence d’un syndrome métabolique a conduit à proposer le PAI‑1 comme un biomarqueur du syndrome métabolique et notamment de l’accumulation de graisses ectopiques. La mise en évidence du rôle du PAI‑1 dans le développement de l’obésité, de la différenciation adipocytaire et de la maturation du récepteur à l’insuline a permis de proposer le PAI‑1 comme une cible thérapeutiquedont la modulation aurait lepotentiel de réduire l’obésité, d’améliorer la sensibilité à l’insuline et modérer le risque thrombotique. 

Le syndrome métabolique s’accompagne de dépôts adipeux ectopiques péri-vasculaires dont les conséquences délétères sur la physiopathologie vasculaire sont encore mal comprises. Grâce à l’utilisation de techniques d’imagerie hautement résolutives, Marie-Christine Alessi et ses collaborateurs étudient les relations entre ces dépôts ectopiques et la fonction vasculaire. 

Des progrès considérables ont été réalisés ces dernières années dans l’amélioration des techniques de séquençage du génome. Marie-Christine Alessi et ses collaborateurs ont utilisé des technologies de séquençage de nouvelle génération (GWAS, séquençage d’exons..) pour identifier, sans hypothèse à priori, de nouveaux gènes impliqués dans le développement de la thrombose. Ces méthodes ont été appliquées à de larges cohortes de patients ou à des familles souffrant de thrombose. Elles ont permis d’identifier de nouvelles voies, non classiques, dont l’étude pourrait s’avérer d’intérêt pour mieux identifier les patients à risque de thrombose et développer des moyens de prévention originaux du phénomène de thrombose. 

Les travaux de Marie-Christine Alessi ont également pour objectif de comprendre les mécanismes d’activation des plaquettes dans le contexte du syndrome métabolique, de pathologies plaquettaires héréditaires et, plus récemment, de l’infection grippale. En effet, les plaquettes sanguines exercent un rôle dominant dans la genèse des thromboses. Outre leur rôle dans l’hémostase, les plaquettes représentent aussi des éléments importants de l’immunité en favorisant l’inflammation, condition propice à la thrombose. Elle a décrit de nouveaux variants génétiques, qui affectent fortement l’activation plaquettaire ouvrant ainsi la voie à de nouvelles pistes de prévention du phénomène thrombotique artériel. Marie-Christine Alessi développe l’étude de propriétés non classiques des plaquettes dans le but d’identifier de nouveaux acteurs modifiables et de personnaliser la prise en charge de la pathologie thrombotique. 

Biographie

Marie-Christine Alessi est née le 13 avril 1959 à Alger. Elle a mené ses études secondaires et supérieures à Marseille. 

  • Diplôme d’étude approfondie (DEA) de biologie cellulaire et moléculaire du vaisseau, université Paris VII (1987).
  • Biologiste au laboratoire d’hématologie du centre hospitalo-universitaire de la Timone, Marseille, depuis 1984.
  • Docteure en médecine (1989).
  • Doctorat en science biologiques, université Paris VII (1990).
  • Stage postdoctoral au Center for Thrombosis and Vascular research, Pr Désiré Collen, Louvain, Belgique (1997).
  • Habilitation à diriger les recherches, université Aix Marseille (1996).
  • Professeur d’hématologie-biologie de la faculté de médecine, université Aix Marseille, depuis 1997.
  • Chercheure au sein du contrat jeune formation Inserm 99–36 (1999 à 2004), puis dans l’unité Inserm 626 « Fibrinolyse et risque vasculaire », dirigés par Irène Juhan-Vague, à l’hôpital et faculté de médecine et de pharmacie de la Timone, Marseille (2004–2007).
  • Directrice de l’unité Inserm 626 « Syndrome métabolique, tissu adipeux et risque vasculaire », (2008–2011), puis de l’unité mixte de recherche Inserm 1062/Inra 1260/ université Aix-Marseille « Nutrition, obésité et risque thrombo-embolique », sur le même site depuis 2012.
  • Coordinatrice du centre de référence national sur les pathologies plaquettaires héréditaires depuis 2014.

Instances scientifiques et de gestion de la recherche

  • Membre de la commission scientifique spécialisée de l’Inserm « Physiologie et physiopathologie des systèmes cardiaque, vasculaire, pulmonaire, néphrologique et musculaire » (2012–2016).
  • Membre de comités d’évaluation pour l’agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (AERES).
  • Reviewer pour les revues Blood, Journal of Thrombosis and Hemostasy Arteriosclerosis Thrombosis and Vascular Biology, Plos One, Thrombosis Research.
  • Membre de comités scientifiques de la faculté de médecine de Marseille (2015–2019), de la Fondation pour la recherche médicale (2010–2014), du groupe de réflexion en recherche cardiovasculaire (2009–2014) et de la Fondation de France (2011–2015).
  • Membre du conseil scientifique du club français sur les plaquettes et les mégacaryocytes.
  • Membre de comités de doctorat internationaux (Suède, Belgique, Autriche).
  • Enseignement de l’hémostase à la faculté de médecine (études médicales) et en master (école doctorale des sciences de la vie et de la santé, université Aix Marseille).

Sociétés savantes – Académies

Membre du Groupe français sur la thrombose et l’hémostase, de la Société française d’hématologie, de la Société internationale de thrombose et d’hémostase, de la Société internationale de fibrinolyse. 

Prix et distinctions

  • Lauréate du Prix François-Josso (1989).
  • Lauréate du groupe français sur l’hémostase et la thrombose (1989).
  • Young Investigator Award du XIIème congrès international de fibrinolyse (1994).
  • Chevalier de la Légion d’honneur (2012).