Marcel Bessis

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Marcel Bessis entame sa carrière de médecin – chercheur dans le laboratoire d’Henri Rouvière, professeur d’anatomie, avec comme collaborateurs Jean Dausset et Gabriel Richet. La fin de ses études de médecine est interrompue par la Seconde Guerre mondiale. Médecin militaire pendant la Campagne d’Italie, il propose de traiter les blessés victimes d’écrasement musculaire par exsanguino-transfusion. 

Il reprend ses études à la fin de la guerre et devient l’élève d’Arnault Tzanck, qui donne à quelques-uns d’entre eux un laboratoire au sein du centre de transfusion sanguine. Bessis y retrouve Dausset et sa rencontre avec Jean Bernard a lieu en 1946, dans les « caveaux-labos » de l’hôpital Saint-Antoine. 

Marcel Bessis donne une des premières descriptions de la maladie Rhésus, responsable de l’anémie hémolytique du nouveau-né. Il découvre, au cours d’enquêtes conduites dans les élevages mulassiers du Poitou, que la jaunisse grave du muleton nouveau-né est la conséquence d’un conflit entre la jument et le muleton. En 1946, il propose le traitement par exsanguino-transfusion du nouveau-né humain atteint de la maladie hémolytique : 80% des enfants sont ainsi sauvés. L’exsanguino-transfusion est ensuite appliquée avec succès au traitement des intoxications graves et des grandes destructions globulaires. Grâce à lui, la première rémission pour un malade atteint de leucémie aiguë est obtenue à l’hôpital Herold, en 1947. 

Pendant le même temps (1946–1949), Marcel Bessis suit les cours du Collège de France des professeurs Fauré-Frémiet sur la cellule et Lacassagne sur le cancer. Il est un des pionniers de la transformation de la science des cellules, la cytologie. D’anatomique et morphologique, celle-ci devient physiologique. Son objet de recherche : la relation entre les structures de la cellule et ses fonctions. Deux grandes orientations : l’étude de l’influence des facteurs extérieurs et de l’environnement sur les structures et les fonctions de la cellule sanguine ; l’étude directe de cette ultrastructure et de ses relations avec la fonction. L’étude du problème lié au facteur Rhésus permet à Marcel Bessis de faire des observations sur le rôle des facteurs extérieurs dans la formation, le développement et la mort des cellules sanguines. Il étudie alors ces dernières et va travailler sur l’ultrastructure et les liens entre structure et fonction. Il est l’un des premiers à utiliser le microscope électronique en hématologie. Mais cela lui permet uniquement de faire des observations d” »autopsie ».

Il recourt alors à des techniques plus sophistiquées (microcinématographie accélérée en contraste de phase, micro-irradiation ultra-violette, laser des organelles cellulaires) et il imagine des méthodes nouvelles d’étude de la direction des mouvements cellulaires. Il s’agit de créer une physiologie à l’échelle des angströms (10–10 mètre). Il découvre des lois qui gouvernent la forme des globules rouges (le passage de la forme de disque à celle de sphère), mais aussi la naissance des formes anormales (la définition des propriétés mécaniques qui permettent la « déformabilité » nécessaire à la circulation). C’est la naissance de la pathologie du mouvement et du comportement cellulaires, de l’éthologie et de l’écologie cellulaires. Il apporte des données neuves sur la démographie, la différenciation, la nécrose et la mort cellulaires, qu’il applique à la pathologie. 

Résumé des travaux scientifiques de Marcel Bessis 

  • Premier remplacement du sang par exsanguino-transfusion (1939–1950)
  • L’immunité mère-enfant chez l’homme et chez les animaux (1945–1950)
  • Etude des structures, ultra-structures, de l’écologie et de l’éthologie des cellules du sang normal et pathologique, en particulier des cellules leucémiques et cancéreuses (1945–1984)
  • Etude de la forme et de la « déformabilité » des globules rouges à l’état normal et dans différentes maladies (1945–1984)
  • Des essais sur l’histoire de la recherche scientifique et sur la créativité dans l’art et dans la science (1956–1986).

Biographie

Marcel Bessis est né à Tunis en 1917. Il mène ses études secondaires et supérieures au Lycée Janson-de-Sailly et à la faculté de médecine de Paris. 

  • Externe des hôpitaux (1937).
  • Médecin lieutenant, chef du service de transfusion à l’hôpital de campagne 421, durant la Seconde Guerre mondiale. Evadé de France, engagé volontaire (Campagnes d’Italie et de France).
  • Docteur en médecine (1944).
  • Directeur des laboratoires de recherche du Centre national de transfusion sanguine à l’hôpital Saint-Antoine, Paris (1947–1961).
  • Directeur du laboratoire de cytologie de l’Ecole pratique des hautes études (1954–1985).
  • Professeur agrégé de médecine (1961).
  • Professeur sans chaire à la faculté de médecine de Paris (1961–1985) puis, titulaire d’une chaire à l’université de Paris-Sud à partir de 1972.
  • Chef du service central d’hématologie de l’hôpital du Kremlin-Bicêtre.
  • Directeur de l’unité de recherche Inserm 48 de pathologie cellulaire (1964–1986). Il dirige une équipe de médecins, biologistes et physiciens, spécialisés dans l’étude de l’anatomie, de la physiologie et de la pathologie cellulaire.
  • Codirecteur du Centre de recherche sur l’écologie des cellules du sang, à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris, à partir de 1986. 

L’unité Inserm 48 « Pathologie cellulaire » au Kremlin-Bicêtre L’unité est située à l’Institut de pathologie cellulaire, au Kremlin-Bicêtre, bâtiment financé par la Délégation générale à la recherche scientifique et technologique (DGRST), qui abrite également une unité de l’Association Claude-Bernard et un centre international de colloques de cytologie sanguine. Cet institut avait été inauguré en janvier 1966 par le ministre de la Santé publique et de la Population. Son comité scientifique, dont le président est Antoine Lacassagne, est composé de Jean Bernard, Louis Bugnard, Pierre Favart, René Fauvert, Raymond Latarjet, Pierre Lepine, Georges Mathé, Albert Policard, Jean Roche, Charles Salmon, Maurice Tubiana et René Wurmser.Marcel Bessis est directeur de l’Institut de pathologie cellulaire et de l’unité de recherche Inserm. L’unité 48 est un des rares laboratoires au monde où étaient réunies toutes les techniques permettant les études morphologique et physiologique (quantitative et qualitative) de cellules isolées. Nombre d’entre elles ont été miniaturisées dans l’unité, permettant l’exploration et l’expérimentation à l’échelle unicellulaire : micro-chirurgie, micro-irradiation par faisceau laser, micro-spectrophotométrie, technique de culture, etc.Elle a constitué un centre de recherche à vocation internationale rassemblant des cytologistes, qui souhaitaient utiliser les techniques qui y étaient développées, et des chercheurs de différentes disciplines concernées par les recherches qui y étaient menées. 

Instances scientifiques et d’administration de la recherche 

  • Secrétaire général pour l’Europe (1948–1958), puis membre du conseil,au titre de représentant de la France, de la Société internationale d’hématologie.
  • Membre des Comités consultatifs (cancer et leucémie, biologie moléculaire) de la DGRST (1959).
  • Membre du Comité national de la recherche scientifique (1960–1964).
  • Membre de la commission scientifique spécialisée de l’Inserm « Pathologie cellulaire et tissulaire, cancérologie, hématocytologie et radiopathologie » (1964–1968).

Sociétés savantes

  • Membre titulaire de la Société de biologie, du conseil de la Société française d’hématologie.
  • Membre et ancien président de la Société de microscopie.
  • Membre du conseil de la Société de microscopie électronique. 
  • Co-fondateur et co-rédacteur en chef (avec le professeur Jean Bernard) de la Nouvelle revue française d’hématologie.
  • Membre des comités de rédaction des revues Blood (New York) and Blut (Munich).

Membre de l’Académie des sciences – Institut de France. 

Distinctions – Prix 

  • Prix Roy-Vaucouloux de l’Académie des sciences – Institut de France (1948).
  • Prix de la Fondation Jansen de l’Académie de médecine (1949).
  • Prix de la Ville de Paris de l’Académie de médecine (1952).
  • Prix Monthyon de médecine et de chirurgie de l’Académie des sciences (1959).
  • Grand prix de la Société internationale d’hématologie, Fondation Henry Stratton (Tokyo) (1960). Grand prix de l’American College of Physicians, Atlantic City (1964).
  • Prix scientifique de la Fondation de France (1977).
  • Grand prix des sciences chimiques et naturelles (1978).
  • Grand prix du CEA (1978).