Léon Le Minor

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Mis à jour le 6 juin 2021 

Léon Le Minor est un grand nom de la microbiologie médicale française. A l’Institut Pasteur, son laboratoire fut une pépinière de microbiologistes et de chercheurs dans les domaines de la taxonomieet du diagnostic microbiologique (Patrick Grimont, Michel Popoff, etc…), mais aussi dans celui de la pathogénicité. Il avait l’art de reconnaitre les chercheurs prometteurs, de leur donner des moyens de travail, puis de s’effacer derrière eux. 

Affecté à l’Institut Pasteur en 1943, il met au point la technique de la coproculture qui permet d’isoler un grand nombre de Salmonella, notamment dans les services de pédiatrie, à une époque où la fréquence de ces agents pathogènes infectieux était très mal connue. Dans les années 1950, Léon Le Minor et ses collaborateurs étudient des types particuliers d’Escherichia coli, entéropathogènes, responsables d’épidémies de gastro-entérites chez le nourrisson. Ils apportent des données essentielles sur ces bactéries (propriétés biochimiques, spectre de résistance aux antibiotiques, diagnostic rapide par immunofluorescence), permettant aux cliniciens d’employer les traitements et les mesures préventives les mieux adaptées. 

Les progrès de la biochimie, puis de la biologie moléculaire, vont alors permettre le développement des recherches en taxonomie, reposant sur l’étude des caractères phénotypiques et génomiques. C’est dans le laboratoire de Léon Le Minor que sont mises au point, pour l’essentiel, les méthodes modernes de taxonomie/phylogénie bactérienne, telles que la technique RFLP (polymorphisme de longueur des fragments de restriction), avec Patrick Grimont, et l’identification biochimique systématisée dont sont nées les plaques API (Analytical Profil Index), avec Claude Richard. 

Léon Le Minor fut un des leaders mondiaux de l’étude du genre Salmonella, en particulier par la démonstration et la caractérisation de l’immense diversité de ce genre qui comprend 2 500 sérotypes. Il fut un des moteurs de la reclassification taxonomique de Salmonella. Cette restructuration, qui a abouti à la classification actuelle, ne se serait pas faite sans sa connaissance exhaustive de la biochimie et de la sérologie de Salmonella. 

C’est en raison des compétences reconnues de son unité de recherche Inserm dans le domaine des entérobactéries et des bactéries voisines que des centres de référence y furent implantés, soit nationaux par le ministère de la Santé (Salmonella, Shigella, lysotypie entérique), soit internationaux par l’OMS (Salmonella).

Léon Le Minor est le seul chercheur français dans la seconde moitié du XXe siècle que le comité international de taxonomie ait reconnu (1981) pour pouvoir nommer deux espèces bactériennes nouvellement identifiées et caractérisées (ancien groupe 57) d’après son nom (genre) et celui de deux de ses élèves/collaborateurs (espèce) : Leminorella grimontii et Leminorella richardii (deux entérobactéries commensales de l’intestin régulièrement retrouvées comme responsables d’infections nosocomiales). 

Léon Le Minor fut un expert internationalement reconnu et écouté pour ce qui concerne la famille des entérobactéries. Il fut un participant actif au “Kaufmann-White”, ouvrage sans cesse réactualisé qui représente la “Bible” des entérobactéries. Dans le domaine de la microbiologie médicale, son ouvrage demeure le seul livre de référence en langue française. 

Biographie

Léon Le Minor est né le 16 avril 1920 à Pont L’Abbé (Finistère). Il a mené ses études secondaires au collège de La Tour d’Auvergne à Quimper et ses études supérieures au facultés de médecine et des sciences de Tours. 

  • Externe (1940), puis interne de l’hôpital de Tours (1941).
  • Il entre à l’Institut Pasteur à Paris en 1943. Assistant (1945), responsable du Centre national des Salmonella (1947), chef de laboratoire (1948).
  • Docteur en médecine (1945) – Prix de thèse. 
  • Maître de conférences agrégé des facultés de médecine (1958).
  • Chef du service des entérobactéries (1959), puis professeur, à l’Institut Pasteur. 
  • Docteur d’état ès sciences naturelles (1965).
  • Directeur du Centre international des Salmonella, dépendant de l’OMS (1965).
  • Biologiste des hôpitaux de Paris, non-chef de service, détaché à l’Institut Pasteur (1966).
  • Professeur sans chaire des facultés de médecine (1967).
  • Professeur de bactériologie-virologie à la faculté de médecine Necker – Enfants malades (1970).
  • Directeur de l’unité de recherche Inserm 199 intitulée successivement “Taxonomie des entérobactéries, bactéries et leurs bactériophages” (1977–1980), puis “Entérobactéries et bactéries apparentées” (1980–1990). Patrick Grimont lui succèdera à la direction de l’unité intitulée “Bactéries entériques et pathogénie” (1991–1994).
  • Professeur émérite à l’Institut Pasteur (1989).
  • Professeur honoraire à la faculté de médecine Necker – Enfants malades.

Léon Le Minor est décédé à Paris le 21 avril 2021 

Instances scientifiques et de gestion de la recherche 

  • Membre des commissions scientifiques spécialisées de l’Inserm ”Microbiologie, pathologies infectieuse et parasitaire” (1964–1967), “Biologie et pathologie moléculaire générale, coagulation, immunologie, génétique fondamentale, virologie générale, bactériologie, parasitologie” (1974–1979).
  • Membre de l’Assemblée de l’Institut Pasteur (1965) et membre du conseil scientifique (1964–1967, réélu en 1969). 
  • Membre du comité international de nomenclature bactérienne (1962), expert de l’OMS (1963). Membre du comité technique de l’ORSTOM devenu IRD (1964–1967).
  • Membre de la commission de jugement (Judicial Comission) du comité international de nomenclature bactérienne (1966).

Sociétés savantes – Académies 

  • Secrétaire général de la Société française de microbiologie (1957), membre du sous-comité des Enterobacteriaceae de l’Association internationale des sociétés de microbiologie (1952).
  • Membre de l’Académie nationale de médecine (1983).

Distinctions – Prix

  • Médaille d’argent de l’Académie nationale de médecine (1947), prix Hugier (1949) et prix Lacaze de l’Académie de médecine (1958).
  • Prix de l’Académie des sciences – Institut de France. 
  • Médaille d’or Louis-Pasteur et de l’Académie des sciences – Institut de France. 
  • Co-lauréat du prix Paul-Ehrlich (1965).
  • Chevalier de l’Ordre de la santé publique (1955),
  • Officier de la Légion d’honneur (1968),
  • Commandeur dans l’Ordre national du mérite.