Jean Talairach

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Jean Talairach fut un grand neurochirurgien. Il se consacra à la création d’une technique dite « stéréotaxique », pour atteindre des zones très précises du cerveau. Cette technique est aujourd’hui utilisée notamment pour la psychochirurgie, les biopsies stéréotaxiques des tumeurs cérébrales, le traitement des mouvements anormaux, de la douleur et de l’épilepsie. Influencé par son cousin, le célèbre psychiatre Henri Ey, Jean Talairach entame sa carrière en psychiatrie à l’hôpital Sainte-Anne, en 1945. Il est alors convaincu (c’était inhabituel dans le milieu de la psychiatrie à l’époque) qu’il existe des relations organiques entre les troubles neuropsychiques et les fonctions cérébrales. Au début des années 1940, il découvre la neurochirurgie auprès de Marcel David et s’intéresse aux possibilités thérapeutiques offertes par cette discipline. Il se spécialise alors dans la neurochirurgie fonctionnelle stéréotaxique et rejoint le service de celui-ci à l’hôpital Sainte-Anne, en 1950. 

À partir de cette époque, il se passionne pour l’anatomie du cerveau, dans l’objectif de mettre en place les techniques stéréotaxiques dans ce nouveau service. Dès le début, il fait preuve de qualités de rigueur, de pensée critique et, surtout, de sa préoccupation éthique vis-à-vis des patients concernant l’implication des techniques qu’il utilise. David l’encourage à se consacrer pleinement à ce domaine qui venait d’éclore en neurochirurgie. Le but de cette approche est d’atteindre des structures prises pour cibles en profondeur dans le cerveau, et d’y effectuer des lésions discrètes dans les mouvements anormaux et la maladie de Parkinson, les douleurs rebelles et sans doute d’envisager, à terme, une psychochirurgie rationnelle. Il s’engage à fond dans ce projet, si bien que David créera une section de stéréotaxie dont il lui confie la responsabilité en 1958. 

Avec Pierre Tournoux, il met au point des techniques stéréotaxiques dans le but initial de soigner l’épilepsie. Entre 1955 et 1958, il élabore un système électrophysiologique, précurseur de l’imagerie par résonnance magnétique(IRM). Toujours avec Tournoux, il établit des atlas anatomiques stéréotaxiques du cerveau humain, aujourd’hui universellement utilisés dans l’organisation et l’interprétation des données d’imagerie neurologique fonctionnelle. 

Sa collaboration avec Jean Bancaud, un neurologiste renommé, conduit au développement d’une nouvelle approche méthodologique et scientifique de la chirurgie qui apporte des résultats majeurs dans la compréhension et le traitement de l’épilepsie. L’exploration fonctionnelle stéréotaxique se développe réellement à la création du service de neurochirurgie fonctionnelle en 1962, dont Jean Talairach devient le premier et finalement le seul chef. La mise au point de la stéréo-électro-encéphalographie, qui donne une représentation spatio-temporelle précise de la crise, aboutit à une révolution conceptuelle majeure, la « zone épileptogène ». 

Avec la stéréo-électro-encéphalographie, très puissante sur le plan clinique, Jean Talairach comprend très tôt qu’il faut développer des recherches sur l’anatomie et la physiologie du cortex cérébral humain. Avec l’aide de Jean Bancaud et de Pierre Buser, il crée, en 1971, l’unité 97 de l’Inserm, la première unité de recherche en Europe sur la chirurgie de l’épilepsie associant cliniciens et fondamentalistes. Jean Talairach s’intéresse également au traitement des mouvements anormaux et réalise, en 1950, la première intervention stéréotaxique. Il applique sa méthodologie à d’autres domaines et invente, avec Gabor Szikla, la biopsie stéréotaxique des tumeurs cérébrales. Sa carrière officielle prend fin en 1980 avec sa prise de retraite, mais il poursuit son travail dans l’unité de recherche, développant deux atlas cités dans le monde sous le nom des « Talairach ». 

Notons, enfin, que Jean Talairach a créé une véritable école de neurochirurgie fonctionnelle qui a attiré nombre de neurochirurgiens, neurologistes, radiologues ou anatomopathologistes du monde entier. 

Biographie

Jean Talairach est né le 15 janvier 1911 à Perpignan. Il a mené ses études supérieures aux facultés de médecine de Montpellier et de Lyon. 

  • Interne des hôpitaux psychiatriques de la Seine (1938).
  • Mobilisé en 1939, il est envoyé dans l’Est de la France, à Belfort. Engagé volontaire en 1944 (neurochirurgien-chef de l’équipe neurochirurgicale D de la 1re armée).
  • Docteur en médecine, faculté de médecine de Paris (1940), chef de clinique dans le service du professeur Jean Delay à la clinique des maladies mentales et de l’encéphale la même année.
  • Neurochirurgien à l’hôpital d’instruction militaire du Val-de-Grâce, service de Marcel David (1942).
  • Médecin des hôpitaux psychiatriques (1945), neurochirurgien assistant à l’hôpital Paul-Brousse à Villejuif, dans le service de Marcel David (1947).
  • Assistant puis adjoint de Marcel David, qui prend la direction du centre neurochirurgical des hôpitaux psychiatriques de la Seine, hôpital Sainte-Anne à Paris (1950). Responsable de la section stéréotaxique créée par ce dernier (1958).
  • Chef de service de neurochirurgie fonctionnelle de l’hôpital Sainte-Anne (1962).
  • Maître de conférences agrégé, neurochirurgien des hôpitaux (1966).
  • Créateur et directeur de l’unité de recherche Inserm 97 “Neurophysiopathologie et thérapeutique des épilepsies” (1970–1973) à l’hôpital Sainte-Anne à Paris, premier laboratoire de recherche en Europe sur la chirurgie de l’épilepsie associant cliniciens et fondamentalistes. Jean Bancaud lui succèdera en 1974 et poursuivra ses travaux. 

Jean Talairach est décédé à Paris en avril 2007. 

Instances scientifiques

Membre de la commission de qualification en neurochirurgie (1958).

Sociétés savantes

  • Membre de la Société française de neurologie, de la Société de neurochirurgie de langue française, de la Société d’électro-encéphalographie et de neurophysiologie clinique de langue française. 
  • Membre d’honneur de la Société italienne de neurochirurgie, de la Société de neurologie et de neurochirurgie d’Uruguay.
  • Membre fondateur et co-directeur de l’International Society for Research in Stereo-Encephalotomy, membre correspondant de I’American Association of Neurological Surgeons, de l’Associacion argentina de biologia y medicina nuclear. 

Prix – Distinctions

  • Prix de l’Académie de chirurgie – Prix Forgue-Baumetz pour le repérage stéréotaxique des structures encéphaliques sous-corticales (1952).
  • Prix Laura-Mounier de Saderakis de l’Académie des sciences – Institut de France pour l’Atlas d’anatomie stéréotaxique des noyaux gris centraux (1958).
  • Prix de l’Académie de médecine pour ses travaux sur la chirurgie stéréotaxique hypophysaire (1962).
  • Prix mondial Nessim-Habif de l’université de Genève pour l’invention d’un appareil qui a fait faire de notables progrès à la chirurgie (1965).
  • Médaille du service de santé. 
  • Chevalier de la Santé publique. 
  • Croix de guerre 1940, croix de guerre (FFI) 1944. 
  • Chevalier de la Légion d’honneur à titre militaire.