Jean Rosa

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Les travaux du professeur Jean Rosa, d’abord portés sur la pathologie moléculaire de l’hémoglobine, se sont étendus à d’autres composants du globule rouge et à d’autres systèmes hématologiques, tels les facteurs anti-hémophiliques. 

Jean Rosa a très fortement contribué au grand programme international initié par Max Perutz, université de Cambridge en Angleterre, sur l’identification du rôle des acides aminés constitutifs de l’hémoglobine, grâce à l’étude de ses mutants et en initiant la technique des études de corrélations structures/fonctions chez l’homme. Il identifie et caractérise plus de 50 variants d’hémoglobine, dont certains ont apporté des informations totalement inédites sur les mécanismes qui protègent l’hémoglobine contre l’oxydation de son fer, et sur les possibilités qu’ont certaines de ses mutations à engendrer des polyglobulies (augmentation de la production des globules rouges). 

C’est dans le domaine de la drépanocytose, maladie génétique autosomale récessive qui affecte l’hémoglobine des globules rouges, que ses résultats ont été les plus marquants. Jean Rosa isole un “super mutant” l’hémoglobine Antilles, qui est le siège d’une double mutation. Cette mutation est à l’origine d’un nouveau syndrome, « la drépanocytose hétérozygote » (avec deux versions différentes d’un même gène chez deux chromosomes d’une même paire), qui détruit le dogme selon lequel cette maladie ne pouvait survenir que chez des homozygotes ou des hétérozygotes composites. 

Jean Rosa a par ailleurs la chance de découvrir une polyglobulie due, non pas à une hémoglobine anormale, mais à une mutation d’une enzyme clé. Cela fut à l’origine de recherches tant fondamentales qu’appliquées qui ouvriront peut-être une voie totalement novatrice pour le traitement de la drépanocytose. 

Les travaux de recherches de Jean Rosa ont également porté sur le vieillissement moléculaire, recherches d’un grand intérêt. Dans les années 1960, il montre qu’il existe, dans les globules rouges de lapin, une hémoglobine très particulière dont la concentration augmente avec l’âge du globule. Ce phénomène, décrit sous le nom d’hémoglobine vieillie, tombe dans l’oubli jusqu’au moment ou, plus de dix ans après, la même hémoglobine est trouvée en quantité accrue chez les diabétiques. En collaboration avec une équipe du CNRS, Jean Rosa étudie les hémoglobines vieillies et en caractérise ainsi deux formes produites par modifications post-transcriptionnelles (après transcription de l’ADN en ARN) : l’hémoglobine glycératée et l’hémoglobine pyruvylée. Il s’agit là d’un phénomène qui déborde le cadre des hémoglobines et qui pourrait jouer un rôle dans l’apoptose (mort cellulaire). 

Les concepts et les techniques utilisées par Jean Rosa dans le champ de l’hémoglobine ont également été appliqués à d’autres domaines de la génétique. C’est ainsi que plus d’une vingtaine de gène normaux ou pathologiques ont été clonés dans le laboratoire de Jean Rosa. 

En conclusion, les recherches de Jean Rosa se sont inscrites, dès le début, dans une perspective d’approches génétique et moléculaire du système hématopoïétique (de formation des cellules sanguines) normal et pathologique. Il a découvert plusieurs nouvelles maladies génétiques du globule rouge et développé plusieurs méthodes de diagnostics prénatals de maladies héréditaires. Ses travaux ont permis de développer le diagnostic prénatal de la drépanocytose, des thalassémies, des hémophilies et de la mucoviscidose, ainsi que de cloner et d’étudier plusieurs gènes importants pour le transport de l’oxygène dans le sang. 

Biographie

Jean Rosa est né le 12 mai 1927 à Paris. Il a mené ses études secondaires aux lycées Carnot à Paris, Pasteur à Neuilly-sur-Seine et Périer à Marseille, et ses études universitaires aux facultés de médecine et des sciences de Paris. 

  • Docteur en médecine.
  • Interne des hôpitaux de Paris (1953–1958), chef de clinique à la faculté de médecine de Paris (1958–1959).
  • Attaché de recherches au CNRS (1959–1961).
  • Maître de conférences de biochimie à la faculté de Rouen (1961–1966), biologiste des hôpitaux de Paris et maître de conférence à la faculté de Paris (1966).
  • Professeur à l’université de Paris-Val de Marne (1971).
  • Chef de service à l’hôpital Henri-Mondor à Créteil (1980–1993).
  • Directeur de l’unité de recherche lnserm/CNRS 91 “Génétique moléculaire et hématologie” (1982–1994) à l’hôpital Henri-Mondor, directeur de l’institut fédératif de recherche “Institut Henri-Mondor de médecine moléculaire” (1994–1996).
  • Professeur émérite à l’université de Paris – Val-de-Marne. 

Instances scientifiques et de gestion de la recherche

  • Membre de la commission scientifique spécialisée (CSS) de l’Inserm “Biologie et pathologie moléculaire générale, coagulation, immunologie, génétique fondamentale, virologie générale, bactériologie, parasitologie” (1974–1979), de la CSS “Biologie cellulaire, hématologie, cancérologie, radiologie et radiobiologie, dermatologie, toxicologie : physiologie, physiopathologie, pharmacologie, recherche clinique” (1983–1986).
  • Président du conseil scientifique de l’Inserm (1982–1983).
  • Chef du département des sciences de la vie et de la santé au ministère de la Recherche (1982, 1983). 
  • Vice-président du conseil d’administration de la Fondation pour la recherche médicale (1993), président du conseil scientifique de l’Agence française du sang (1994–1997).
  • Président de l’intercommission de l’Inserm “Recherches sur l’utilisation thérapeutique de produits humains et de produits de substitution » (1995–1998).
  • Membre du comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé. 

Sociétés savantes – Académies

  • Membre des sociétés de biochimie, d’hématologie, de génétique, et de l’American Society of Hematology.
  • Correspondant (1990) puis membre (1994) de l’Académie des sciences – Institut de France (1995).
  • Rédacteur en chef des Comptes Rendus de l’Académie des sciences, série Biologies.

Distinctions – Prix

  • Grand prix Claude-Bernard de la Ville de Paris (1981), grand prix des sciences de la santé (1983), prix Athena (1990).
  • Prix de la Fondation Lounsbery des académies des sciences françaises et américaines (1990).
  • Officier de la Légion d’honneur, chevalier dans l’Ordre national du mérite, chevalier des Palmes académiques.