Jean Frezal

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Jean Frézal est une des grandes figures de la recherche médicale française et l’une des personnalités, qui, sous l’impulsion de Robert Debré, fera de l’hôpital des Enfants-Malades le creuset de la biologie et de la génétique médicale. Médecin pédiatre, il commence sa carrière d’interne, au début des années 1950, chez Maurice Lamy, chef de deux pavillons de médecine pédiatrique à l’hôpital Necker. 

En 1960, le groupe de recherche de génétique médicale est créée par l’INH et l’Association Claude-Bernard à l’hôpital Necker, codirigé par Maurice Lamy et Jean Frézal ; il comporte en son sein des médecins chercheurs comme Pierre Maroteaux et Jean de Grouchy. Les domaines d’intérêt de Jean Frézal concernent notamment les maladies héréditaires du métabolisme chez l’enfant. Pierre Maroteaux développe ses travaux sur les anomalies héréditaires du squelette, Jean de Grouchy étudie la cytogénétique des malformations congénitales et ML Briard, les anomalies du développement sexuel, l’épidémiologie génétique. 

En 1964, à la création de l’Inserm, issu de la transformation de l’INH, l’unité de recherche en génétique médicale poursuit et développe ses thématiques initiales : Jean Rey participe avec Jean Frézal à 

  • la caractérisation de maladies héréditaires du métabolisme et de variants par l’utilisation de méthodes biochimiques
  • la description de syndromes cliniques associés aux anomalies de la structure des chromosomes, en particulier celles du chromosome 18
  • l’étude des troubles de l’absorption intestinale (maladie cœliaque). 

Jean Frézal et ses collaborateurs rassemblent un grand nombre de cohortes de maladies génétiques bien caractérisées et répertoriées, qui leur permettent de développer des recherches, notamment dans le domaine des maladies héréditaires du métabolisme. Ainsi, le dépistage systématique néonatal de la phénylcétonurie (déficit en phénylalanine hydroxylase) par le test de Guthrie permet de diagnostiquer la maladie chez les enfants atteints et, par un traitement préventif simple et efficace, d’empêcher les complications graves (retard mental) que donne autrement cette affection. Jean Frézal, avec l’Association française de dépistage, met en place le dépistage systématique et contrôlé de la phénylcétonurie et de l’hypothyroïdie. Près de trente millions d’enfants bénéficieront de ce dépistage. 

Plusieurs maladies osseuses constitutionnelles sont caractérisées par Pierre Maroteaux, permettant leur démembrement et leur regroupement au sein d’une classification internationale (ostéochondrodysplasies, dysostoses). 

Avec ML Briard, Jean Frézal développe également des études d’épidémiologie génétique pour déterminer la fréquence des syndromes malformatifs ou de maladies héréditaires. En 1975, les travaux menés par Nathalie Josso au sein de l’unité de Jean Frézal dans le domaine de l’endocrinologie de la reproduction et du développement conduisent à l’isolement et au dosage de l’hormone antimullérienne (responsable de la régression des canaux de Muller, qui sont des structures embryonnaires à l’origine de la formation de l’utérus et des trompes de Fallope). 

Les études de génétique cellulaire menées par Jean Frézal et ses collaborateurs, à l’aide d’hybrides interspécifiques obtenus par la fusion de cellules d’espèces différentes vont contribuer notablement à l’établissement de la carte chromosomique humaine. L’introduction des techniques de la biologie moléculaire, dans les années 1980, permet de progresser dans le domaine de la cartographie chromosomique et de l’étude de mutants responsables de maladies héréditaires (phénylalanine hydroxylase). L’introduction de l’informatique apporte également des progrès considérables en recherche clinique et en épidémiologie. Ainsi, en 1986, Jean Frézal crée la base de données Genatlas, outil unique compilant les informations pertinentes qui complètent les données cartographiques sur les gènes et les maladies qui leurs sont liées à partir de 55 000 articles de la littérature collectés dans plus de 870 revues, et dans la littérature électronique. Ces données sont inter-reliées les unes aux autres, dans le but de répondre à différentes questions : quels gènes pour une maladie ? Quels caractères et quelles fonctions pour les gènes ? Quelles maladies pour les gènes ? Cette base de données est maintenant localisée dans l’unité de recherche Inserm de génétique et d’épigénétique des maladies métaboliques, neurosensorielles et du développement, dirigée par Arnold Munnich. 

Jean Frézal est également à l’origine de la création, en 1988, du Centre de génétique médicale de l’hôpital Necker-Enfants malades. 

Biographie

Jean Frézal est né le 19 août 1922 à Bourges (Cher). Il a mené ses études secondaires au Lycée Alain-Fournier à Bourges et ses études supérieures au sein des facultés de médecine et des sciences de Paris. 

  • Docteur en médecine d’études supérieures de génétique (1951).
  • Interne des hôpitaux de Paris (1949–1953) dans les services d’Étienne Bernard, Jean Celice, Maurice Lamy, J Laporte, F Coste et André Lemaire.
  • Chef de clinique à la faculté de médecine de Paris (1953–1954) dans le service du professeur André Lemaire.
  • Attaché, puis chargé de recherche au CNRS (1953–1958).
  • Directeur de l’unité de recherche Inserm 12 “Génétique médicale” à l’hôpital Necker – Enfants malades, Paris (1960–1985).
  • Médecin des hôpitaux de Paris (1963).
  • Médecin à l’hôpital des Enfants malades (1968–1990).
  • Professeur à la faculté de médecine Necker – Enfants malades (1968–1990), puis doyen de cette faculté (1969–1971).
  • Président de l’université Paris V‑René Descartes (1971–1976). Premier vice-président de la conférence des présidents d’université (1972–1973).
  • Professeur émérite de génétique médicale.
  • Créateur et directeur de la banque de données Genatlas en 1986.
  • Directeur et créateur du Centre de génétique médicale de l’hôpital Necker-Enfants malades (1988).

Jean Frézal est décédé à Paris, le 30 novembre 2007. 

Instances scientifiques et de gestion de la recherche

  • Conseiller d’Etat en service extraordinaire (1976–1980).
  • Ancien expert de l’OMS (Organisation mondiale de la santé).
  • Vice-président du conseil scientifique de l’AFM (1983–1989).
  • Administrateur de la fondation Claude Pompidou. 

Sociétés savantes

  • Président de l’Association française pour le dépistage et le traitement des maladies métaboliques et des handicaps de l’enfant (1975–1993).
  • Membre du comité exécutif de l’Association internationale de pédiatrie (1983–1992).
  • Président du séminaire international sur la carte génétique de l’homme (Paris, 1987).
  • Membre fondateur de la Human Genome Organisation – Hugo (1988).
  • Membre de l’Organisation internationale sur l’étude du génome humain (1988–1993),
  • Président du congrès international de pédiatrie à Paris (1989).
  • Président de la Société française de pédiatrie (1989–1990).

Prix – Distinctions

  • Croix de guerre 1939–1945.
  • Commandeur de la Légion d’honneur, commandeur dans l’Ordre national du mérite.
  • Officier des Palmes académiques.
  • Chevallier de la santé publique.