Jean-Didier Vincent

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Jean-Didier Vincent a été l’un des importants artisans du développement de la neuro-endocrinologie, qui étudie les interactions entre les hormones et le système nerveux. 

Des neurones du système nerveux central sécrètent des hormones qui, libérées dans le sang, agissent sur les organes périphériques, soit directement, soit par l’intermédiaire des hormones de l’hypophyse et des glandes endocrine qui agissent en retour sur le système nerveux. Il s’agit le plus souvent de substances de nature protéique (neuropeptides) qui existent également en dehors du cerveau, notamment dans l’appareil digestif. 

Jean-Didier Vincent rapprochera les phénomènes hormonaux des événements comportementaux et des mécanismes neurophysiologiques qui les sous-tendent. Il s’agit d’une physiologie « de milieu », c’est-à-dire qu’il ne s’agit pas d’événements physiologiques isolés réductibles à leur seule apparence phénoménale, mais que ceux-ci doivent être replacés dans la durée et dans leur environnement extracorporel, conduisant au concept d’état central fluctuant. 

Il a mis en évidence l’action modulatrice de certaines hormones sur l’activité cérébrale et sur les mécanismes nerveux de fonctions telles que la faim, la soif, la reproduction, le sommeil, etc. Il a démontré que les osmo-récepteurs cérébraux n’étaient pas situés dans les noyaux neuro-sécréteurs, mais dans la région antérieure de l’hypothalamus au contact de la paroi ventriculaire. 

Dépassant les frontières classiques entre système nerveux et hormones, Jean-Didier Vincent a montré que certaines cellules endocrines, de l’hypophyse notamment, partageaient avec les neurones les mêmes propriétés d’excitabilité électrique. Grâce à la mise au point de techniques d’électrophysiologie moléculaire et de modèles animaux, il a étudié la diversité des mécanismes régulateurs et de transduction des signaux au niveau des membranes, l’action modulatrice des stéroïdes sexuels et surrénaliens et comment ces actions s’intègrent à l’ensemble des fonctions adaptatives d’un organisme vivant. Il a étudié les mécanismes de l’exocytose et notamment le rôle des protéines G de la famille Rab3 dans le contrôle de la libération des neuro-hormones, ainsi que la phylogenèse des récepteurs nerveux de la dopamine et, plus généralement, des monoamines. Il a proposé, d’après un ensemble de données comparatives, une série de mécanismes évolutifs aboutissant à l’installation chez les vertébrés d’un système noradrénergique associé aux capacités nouvelles de type motivationnel caractéristiques de ces espèces. 

Parallèlement à son travail de chercheur et d’enseignant, Jean-Didier Vincent a écrit de nombreux ouvrages, qui ont trouvé un large lectorat. Il a également participé à une réflexion sur l’éthique des sciences dans le cadre de plusieurs comités nationaux et internationaux et à l’organisation des programmes d’enseignement à l’école et au lycée, au niveau du conseil national des programmes, dont il a assuré la présidence. 

Biographie

Jean-Didier Vincent est né le 7 juin 1935 à Libourne (Gironde). Il a mené ses études secondaires au collège de Guyenne à Sainte-Foy-la-Grande (Gironde) et au lycée Montaigne à Bordeaux, et ses études supérieures à l’École du service de santé des armées de Bordeaux. 

  • Externe des hôpitaux de Paris (1956–1958).
  • Interne des hôpitaux de Bordeaux (1958–1963).
  • Médecin assistant à la faculté de médecine de Bordeaux (1964–1966).
  • Agrégé de physiologie.
  • Maître de conférences à la faculté de médecine de Bordeaux (1966–1973).
  • Biologiste des hôpitaux en physiologie et explorations fonctionnelles, centre hospitalier régional universitaire (CHRU) de Bordeaux (1966–1977).
  • Séjour scientifique postdoctoral au Brain Institute de l’université de Californie, Los Angeles, Etats-Unis (1969).
  • Professeur sans chaire (1973–1978), professeur de physiologie à l’université de Bordeaux II (1979–1992).
  • Doyen de l’unité d’enseignement et de recherches de médecine à l’université de Bordeaux Il (1975–1978).
  • Chef du service d’exploration fonctionnelle du système nerveux et des troubles du sommeil au CHRU de Bordeaux (1977–1991).
  • Séjour scientifique Visiting Scientist) aux National Institutes of Health à Bethesda, Etats-Unis (1978–1979).
  • Directeur de l’unité Inserm 176/CNRS « Neurobiologie des comportements », Centre Inserm, université de Bordeaux (1978–1990). Robert Dantzer lui a succédé de 1991 à 1994. 
  • Directeur de l’Institut de neurobiologie Alfred-Fessard du CNRS à Gif-sur-Yvette (1992–2002).
  • Professeur de physiologie à la faculté de médecine de Paris Sud, praticien hospitalier à l’hôpital du Kremlin-Bicêtre (1992–2006).
  • Professeur à l’Institut universitaire de France, chaire de neuro-endocrinologie, faculté de médecine de Paris-Sud, université Paris XI (1994–2004).
  • Professeur émérite (2006).

Instances scientifiques et de gestion de la recherche

  • Membre de la commission scientifique spécialisée de l’Inserm « Système musculaire squelettique, système nerveux central et organes des sens » (1974–1979).
  • Membre de l’intercommission scientifique spécialisée de l’Inserm « Recherches sur les conduites normales et pathologiques en matière de consommation » (1995–1998).
  • Vice-président (1994–2002) puis président (2002) du conseil national des programmes au ministère de l’Education nationale.
  • Membre du comité d’éthique des sciences du CNRS – COMETS (1995- 2003). 
  • Président du conseil de département des sciences de la vie du CNRS.
  • Membre du comité d’éthique et de précaution pour les applications de la recherche agronomique de l’Inra – Comepra (2003–2007).
  • Membre du directoire de la Fondation pour l’innovation politique (2005–2008).
  • Président de l’Association pour l’université numérique francophone mondiale (2005).

Sociétés savantes – Académies

  • Membre de l’American Academy of Arts and Sciences, de l’Académie royale de Belgique (classe science), membre honoraire de l’Académie royale de médecine de Belgique.
  • Membre de l’Académie nationale de médecine depuis 2001.
  • Correspondant (1999), puis membre de l’Académie des sciences – Institut de France (2003).
  • Membre puis président de la Société de physiologie, de l’Endocrine Society, de l’American Neurosciences Association.
  • Membre de l’Academia Europaea.
  • Membre étranger de l’American Academy of Arts and Sciences et de l’Académie royale de Belgique.
  • Président de la Société de neuro-endocrinologie (1987–1992).
  • Membre honoraire de l’American Physiological Society. 

Prix – distinctions 

  • Prix Lacaze de l’Académie des sciences – Institut de France (1981).
  • Prix Blaise-Pascal (1991).
  • Prix médecine et culture de l’Institut des sciences de la santé (1996).
  • Médaille d’or de l’université de Prague (1998).
  • Docteur honoris causa de l’université libre de Bruxelles (1999).
  • Chevalier dans l’ordre du Mérite agricole.
  • Commandeur dans l’ordre des Palmes académiques.
  • Officier de la Légion d’honneur.