Jean Dausset

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Jean Dausset a été l’un des pionniers de la recherche française en immuno-hématologie. 

Mobilisé en 1939, en 1941, il s’engage dans l’armée au Maroc où il est médecin-réanimateur et transfuseur pendant la campagne de Tunisie, puis la campagne de Normandie. A son retour à la fin de la guerre, il se tourne très rapidement vers l’hématologie.

Durant son séjour aux Etats-Unis, en 1948, il travaille notamment sur l’hématologie cytologique. Il est animé par l’idée que le phénomène d’auto-immunité des globules rouges (hématies) pourrait également exister avec les globules blancs (leucocytes). Son intérêt se porte alors sur des malades affectés par une diminution du nombre de leurs globules blancs (leucopénie). Robert Coombs, immunologiste anglais, venait de mettre au point un test qui portera son nom, permettant de déceler des anticorps fixés à la surface des hématies de certains malades atteints d’anémie. Jean Dausset cherche, par le même procédé, à détecter des anticorps à la surface des leucocytes des malades leucopéniques, anticorps qu’il suspecte être responsables de la diminution de leur nombre. 

C’est en 1952 qu’il effectue la première observation d’une leuco-agglutination massive des globules blancs par le sérum d’un sujet leucopénique. Ce sérum contient, en fait, des anticorps anti-globules blancs provenant des nombreuses transfusions qu’avait reçues le sujet. Il existe bien des groupes de globules blancs, comme il existe les groupes de globules rouges, dits groupes sanguins. Cependant, à la différence des groupes sanguins A, B et 0, les anticorps anti-globules blancs n’existent pas à l’état naturel. Ils apparaissent seulement à l’issue d’une transfusion ou d’une grossesse. 

En 1958, Jean Dausset décrit le premier groupe leucocytaire, le groupe MAC, premier d’une longue série d’antigènes du système majeur d’histocompatibilité humain, le système HLA (de l’anglais Human Leukocyte Antigen), à l’étude duquel il consacrera toute sa vie. Il en démontre, à l’aide de greffes de peau faites sur des volontaires, l’importance en transplantation d’organe ou d’une greffe de moelle osseuse. Il publie les premières études sur les associations possibles entre les groupes tissulaires HLA et les maladies. Et il organise, en 1972, le travail anthropologique qui définit les groupes HLA des différentes populations du globe. Est marqué ainsi le développement d’une science nouvelle, la génétique des populations. 

Les recherches menées avec ses collaborateurs de l’unité Inserm en immunogénétique de la transplantation humaine que Jean Dausset dirige s’inscriront dans l’irrésistible courant des découvertes des éléments constitutifs du système HLA et des relations entre HLA et maladies. Celles-ci lui vaudront le Prix Nobel de médecine en 1980. 

Jean Dausset crée, en 1983, le Centre d’étude du polymorphisme humain (CEPH), qui contribuera à l’établissement de la carte génétique et physique du génome humain et à la localisation des gènes des maladies génétiques. 

Outre cette carrière scientifique hors du commun, Jean Dausset a participé très activement, avec Robert Debré, à la réforme du système médical français et à la création des centres hospitaliers universitaires (CHU).

Biographie

Jean Dausset est né le 19 octobre 1916 à Toulouse. Il a mené ses études secondaires au lycée Michelet de Vanves et ses études supérieures à la faculté de médecine de Paris. 

Mobilisé en 1939, il est de retour de la Campagne de France en 1940. Reçu à l’internat en 1941, il s’engage la même année dans l’armée au Maroc. Il est médecin-réanimateur et transfuseur pendant la campagne de Tunisie (1943) et la campagne de Normandie (1944).

De retour en France en 1945, Jean Dausset est affecté au centre de transfusion sanguine de l’hôpital Saint-Antoine à Paris, chez Arnault Tzanck. Il y retrouve Marcel Bessis, avec lequel il s’initie à la recherche. 

  • Docteur en médecine (1945).
  • Séjour aux Etats-Unis, dans le service d’hématologie du Children’s Hospital (professeurs Louis K Diamond, pédiatre, et Sydney Farber, spécialiste des leucémies), au sein de la Harvard Medical School (1948).
  • Professeur agrégé d’hématologie à la faculté de médecine de Paris (1958).
  • Maître de conférences d’hématologie (1959).
  • Rejoint Jean Bernard à la création de l’Institut Georges-Hayem, à l’hôpital Saint-Louis (1961).
  • Directeur adjoint de l’Institut Georges-Hayem (1961–1968).
  • Professeur d’immuno-hématologie à la faculté de médecine Lariboisière – Saint-Louis et chef du service d’immunologie de l’hôpital Saint-Louis (1968).
  • Directeur de l’unité de recherche Inserm 93 “Immunogénétique de la transplantation humaine”, hôpital Saint-Louis à Paris (1968–1984). Laurent Degos lui succèdera.
  • Fondateur et président de France-Transplant (1969).
  • Professeur au Collège de France, chaire de médecine expérimentale (1977).
  • Créateur du Centre d’étude du polymorphisme humain – CEPH (1983).

Jean Dausset est décédé à Palma de Majorque le 6 juin 2009. 

Autres activités

Outre ses activités scientifiques, Jean Dausset s’est impliqué dans différents domaines, aussi bien artistiques que sociétaux. 

À la Libération de Paris (1945), il crée une galerie d’art d’avant-garde (la Galerie du Dragon), située à Saint-Germain-des-Prés, centre intellectuel et artistique de l’époque. 

De 1955 à 1958, Il participe très activement, avec le Professeur Robert Debré, à la réforme du système médical français et à la création des centres hospitaliers universitaires (CHU).

Président du Mouvement universel de la responsabilité scientifique, dont la mission est d’évaluer les bénéfices ou les risques que la science peut entraîner (1984–2001).

Le MURS a organisé des conférences à la Sorbonne, a édité un Cahier trimestriel et des “Lettres aux Générations 2000” diffusées dans les lycées. Dans ce cadre, Jean Dausset s’est élevé contre la commercialisation des organes humains et la brevetabilité des gènes humains. 

Président de la Société de secours des amis des sciences, filiale de l’Académie des sciences – Institut de France, qui prend en charge les veuves et les enfants des scientifiques décédés sans ressources (1985).

Président de l’Académie de l’eau, conscient de l’importance de préserver un liquide indispensable pour la vie et de plus en plus limité (1995).

Sociétés savantes – Académies

  • Membre honoraire de l’Académie royale de médecine de Belgique (1969).
  • Membre de l’Académie des sciences – Institut de France et de l’Académie nationale de médecine (1977).
  • Membre étranger de l’American Academy of Arts and Sciences USA (1979).
  • Membre honoraire de l’Académie yougoslave des arts et sciences (1979).
  • Membre étranger de la National Academy of Sciences, Washington (1981).
  • Membre honoraire de l’Académie des sciences de Budapest (1981).
  • Professeur Honoris Causa des universités de Bruxelles (1977), Genève (1977), Liège (1980), Lisbonne (1982), Rome (1985), Zagreb (1986), Lima (1990), Madrid (1991), Buenos Aires (1995), Las Palmas (Canaries) (1995), Saragosse (1996), Valence (2002).
  • Membre de nombreuses autres sociétés savantes. 

Prix – Distinctions

  • Grand Prix des sciences chimiques et naturelles de l’Académie des sciences – Institut de France (1967).
  • Médaille d’argent du CNRS (1967).
  • Grand prix scientifique de la Ville de Paris (1968).
  • Prix Cognacq-Jay de l’Académie des sciences (1969).
  • Stratton Lecture Award – Etats-Unis (1970).
  • Prix Landsteiner – San-Francisco (1970).
  • Prix de la Fondation Gairdner (1977).
  • Prix de la Fondation Koch (1978).
  • Prix de la Fondation Wolf de médecine d’Israël, conjointement avec Jon Van Rood et George Davis Snell (1978).
  • Prix Nobel de médecine ou de physiologie, conjointement avec Baruj Benacerraf (Boston, Etats-Unis)et George Davis Snell (Bar Harbor, Etats-Unis), pour leurs découvertes “sur les structures des surfaces cellulaires génétiquement déterminées qui régissent les réactions immunologiques” (1980).
  • Prix Honda – Japon (1988).
  • Prix Jimenez Dias (1990).
  • Grand-Croix de la Légion d’honneur et dans l’Ordre national du mérite.
  • Commandeur des Palmes académiques.