Jean Bernard

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Grâce aux nombreuses personnalités scientifiques qu’il a rassemblées sur le site de l’hôpital Saint-Louis et à la diversité de leurs compétences, Jean Bernard sera l’inspirateur et l’animateur d’un grand nombre de travaux majeurs touchant plusieurs domaines de l’hématologie, de l’immunologie et de la cancérologie expérimentale et/ou clinique. 

Les leucémies aiguës ont représenté l’un de ses principaux sujets d’étude. C’est d’abord avec Marcel Bessis, qui avait mis au point le traitement par exsanguino-transfusion de nouveau-nés atteints de la maladie hémolytique, qu’il réussit en 1947 la première rémission complète de cette maladie par ce traitement à l’hôpital Herold. 

A l’origine de la démonstration expérimentale de la nature cancéreuse des leucémies, Jean Bernard obtient ensuite les premières rémissions de longue durée et les premières guérisons de leucémies aiguës en 1965. Cela, grâce à la mise au point progressive de combinaisons chimiothérapiques qui, pas à pas, vont transformer le pronostic de cette redoutable maladie en permettant aujourd’hui la guérison de près de 90% des leucémies aiguës lymphoblastiques de l’enfant.

Jean Bernard et ses collaborateurs révolutionnent le pronostic d’une autre hémopathie maligne, la maladie de Hodgkin, notamment en modifiant les modalités de son traitement par radiothérapie. 

Le nom de Jean Bernard demeure également attaché à la découverte d’une maladie hémorragique congénitale, la dystrophie thrombocytaire hémorragipare, connue dans le monde entier sous le nom de « syndrome de Bernard-Soulier », découverte qui a permis d’avancer dans la compréhension de la physiopathologie de l’hémostase.

Avec Jacques Ruffié, Jean Bernard contribue à l’avènement d’une discipline originale, l’hématologie géographique, qui étudie les caractères héréditaires du sang de populations et leurs répartitions géographique. 

Le Centre Hayem que Jean Bernard a dirigé, à l’hôpital Saint Louis, a été une véritable pépinière de la recherche médicale, donnant naissance aux laboratoires de Maxime Seligmann (unité Inserm d’immunochimie et d’immunopathologie, de François Kourilsky (unité Inserm d’immunologie des tumeurs) et de Jean Dausset (unité Inserm d’immuno-génétique de la transplantation humaine), qui reçut le prix Nobel de médecine en 1980. Ses autres principaux élèves seront notamment Georges Mathé, Jacques Ruffié, Michel Boiron, Jacques Caen, Georges Flandrin et Jacques-Louis Binet. 

Biographie

Jean Bernard est né à Paris le 26 mai 1907. Il a mené ses études secondaires au lycée Louis-le-Grand et universitaires aux facultés des sciences et de médecine et à l’Institut Pasteur de Paris. Sa formation médicale devra beaucoup aux professeurs Robert Debré et Paul Chevallier. 

  • Interne des hôpitaux de Paris (1929),
  • Docteur en médecine, sa thèse porte sur la leucémie (1936).
  • Médecin des hôpitaux à l’hôpital Saint-Louis (1946).
  • Professeur agrégé de la faculté de médecine de Paris (1949).
  • Professeur de cancérologie médicale et sociale (1956), médecin chef de service à l’hôpital Saint-Louis (1957).
  • Professeur de clinique des maladies du sang (1961) à la faculté de médecine de Paris.
  • Directeur de l’Institut de recherches sur les maladies du sang, le centre Hayem (1961).
  • Doyen de la faculté de médecine Lariboisière – Saint-Louis (1969).
  • Professeur émérite à l’université Denis-Diderot.

Jean Bernard entre dans la résistance en 1940. En 1942, il en dirige un réseau dans le sud-est de la France. En 1943, il est fait prisonnier et incarcéré à la prison de Fresnes. Relâché peu avant la Libération, il reprend le combat et ne déposera les armes qu’une fois l’Armistice proclamé. Il reprend ses études de médecine et suit les cours d’immunologie et de bactériologie de Gaston Ramon et Robert Debré à l’Institut Pasteur. 

Instances scientifiques et d’administration de la recherche

  • Membre du comité consultatif de la recherche scientifique – comité des douze sages (1958).
  • Membre de la commission scientifique spécialisée de l’Inserm « Pathologies cellulaire et tissulaire, cancérologie, hématocytologie et radiopathologie » (1964–1967).
  • Président du conseil d’administration de l’Inserm (1967–1980).
  • Membre du conseil d’administration de l’Institut Pasteur (1967–1970).
  • Vice- président (1965–1967), puis membre (1970–1974) du conseil scientifique de l’Inserm 
  • Haut conseiller médical auprès de la direction générale de l’Inserm (1982–1996).
  • Premier président du comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé (1983–1992), puis président d’honneur.

Sociétés savantes – Académies

  • Fondateur avec Paul Chevallier de la première société d’hématologie (1931).
  • Membre de l’Académie des sciences – Institut de France (1972) et président (1982–1984).
  • Membre de l’Académie nationale de médecine (1973).
  • Président de la Société internationale d’hématologie.
  • Docteur honoris causa des universités d’Innsbruck, Liège, Lisbonne, Louvain, Mendoza, Montevideo, Rio de Janeiro, Santiago, Sherbrooke, Sofia, Thessalonique. 
  • Elu à l’Académie française au fauteuil de Marcel Pagnol (1975).

Distinctions – Prix 

  • Prix Katsunuma de la Société japonaise d’hématologie (Tokyo, 1960).
  • Prix Cognacq-Jay de l’Académie des sciences (1971), Grand prix de l’Académie des sciences – Institut de France (1971).
  • Prix de l’Institut de la vie (1973).
  • Prix Jimenez-Diaz (Madrid, 1977).
  • Prix Baillet-Latour (Bruxelles, 1984). 
  • Grand-croix de la Légion d’honneur, Grand-croix dans l’Ordre national du mérite.
  • Croix de guerre 1939–1945, médaille de la Résistance.
  • Commandeur des arts et des lettres.