Jacques Caen

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Les travaux de Jacques Caen ont porté sur l’étude des bases moléculaires des maladies des plaquettes sanguines, ainsi que sur celle des anti-agrégants plaquettaires (qui empêchent la formation de caillots ou thrombus dans les vaisseaux) parmi les thérapeutiques antithrombotiques, c’est-à-dire anticoagulantes. 

Leucémie à promyélocytes

Jacques Caen et ses collaborateurs ont été les premiers, dès 1957, à noter l’intensité des hémorragies dans la leucémie à promyélocytes. Il aura fallu ensuite quatre décennies pour comprendre, avec ses collègues de Shanghaï, l’action bénéfique de l’acide tout-transrétinoïque et de l’arsenic sur la sécrétion anormale du facteur responsable de la coagulation et des hémorragies. Avec ce traitement, les hémorragies secondaires à la leucémie à promyélocytes ont cessé et les malades sont guéris. 

Thrombopathies

Dans la période de 1960 à 1980, ils définissent les fonctions des plaquettes sanguines humaines et animales. En 1974 et 1975, ils démontrent, avec Allan T Nurden, les relations entre les structures des glycoprotéines (molécules constituées de protéines et de glucides) et les fonctions d’agrégation des plaquettes et d’adhésion des vaisseaux. Utilisant des anticorps présents dans les thrombopathies constitutionnelles et d’autres techniques immunologiques ou de biologie moléculaire, ils caractérisent les anomalies des glycoprotéines des membranes plaquettaires dans ces types d’affections.

Il a fallu une quinzaine d’années pour que l’étude clinique suivie d’une famille atteinte d’un syndrome thrombotique très grave, marqué par une incapacité de détruire le caillot sanguin qui s’est formé, permette d’établir, au début des années 1990, les relations avec une structure moléculaire très précise située à la partie N terminale de la chaîne du fibrinogène et de comprendre ce type de syndrome. 

Syndrome des plaquettes grises

Dans d’autres maladies plaquettaires, comme le syndrome des plaquettes grises ou syndrome de Bernard et Soulier (Jean Bernard et Jean-Pierre Soulier), affection congénitale extrêmement rare, Jacques Caen et ses collaborateurs ont pu préciser, en 1977, le rôle joué par l’endothélium de la paroi vasculaire. Ainsi en a‑t-il été également dans la déficience de stockage dans les granules denses où ils ont montré les rapports entre le défaut de sécrétion de la sérotonine et l’hypertension artérielle pulmonaire. Ces travaux ont permis de lever un voile entre des maladies thrombotiques, l’hypertension artérielle pulmonaire, la myélo-fibrose et les maladies plaquettaires et contribué à l’éclosion des thérapeutiques antiplaquettaires antithrombotiques. 

Relations plaquettes/vaisseaux

Les recherches de Jacques Caen se sont orientées sur l’étude des relations entre les plaquettes et le vaisseau, notamment, avec l’endothélium vasculaire, les structures sous-endothéliales et le collagène et l’interaction avec le facteur Willebrand. Avec ses collaborateurs et Alan T Nurden, il a approfondi l’analyse des relations des plaquettes avec l’endothélium et le facteur Willebrand dans le syndrome de Bernard et Soulier, dans la maladie des plaquettes grises et, avec ses collègues britanniques, en présence d’un constituant microfibrillaire. Il a découvert un octapeptide susceptible d’inhiber l’interaction des plaquettes avec le collagène. 

Ses travaux sur certains accidents vasculaires du diabète ont permis d’en comprendre la pathogénie, en rapport avec l’adhésion anormale des globules rouges sur l’endothélium, sur un des deux récepteurs des glycosylations. 

Relations plaquettes/fibrinogène

Jacques Caen et son équipe ont aussi étudié les relations des plaquettes avec le fibrinogène et ont été, parmi les premiers, à reconnaître le rôle de ce dernier dans la fonction d’agrégation plaquettaire. Ils ont décrit une anomalie moléculaire du fibrinogène rendant compte d’une maladie thrombotique familiale. Dans le cadre d’une étude internationale (Paris, Etats-Unis, Belgique, Pays-Bas), ils ont décrit une anomalie familiale du fibrinogène très précisément au niveau moléculaire, rendant compte d’une maladie thrombotique familiale. 

Une grande personnalité de l’hématologie française 

A l’hôpital Saint-Louis (l’Institut Hayem) et l’hôpital Lariboisière (l’Institut des vaisseaux et du sang), Jacques Caen a ouvert une voie de recherche féconde entre le sang et les vaisseaux. De 1990 à 1997, en collaboration avec ZC Han, à Tianjin (Chine), Jacques Caen a consacré, à l’Institut des vaisseaux et du sang, de nombreux travaux à la régulation des mégacaryocytes.

Sa grande expérience lui a permis de créer en France le groupe d’étude de l’hémostase et de la thrombose et, en Europe, l’European Thrombosis Research Organisation, en 1971. 

En 1996, il fonde le Club français d’angiogenèse, devenu la Société française d’angiogenèse.

En 2009, à l’Académie nationale de médecine, s’est créé, sous son impulsion, un groupe de travail sur l’utilisation thérapeutique potentielle des cellules souches du cordon et du placenta, prenant en compte les problèmes éthiques que pourrait poser cette utilisation. 

Tous les travaux de Jacques Caen ont été guidés par la problématique de recherche clinique et marqués par des collaborations constantes avec des équipes internationales multidisciplinaires. 

Biographie

Jacques Caen est né le 11 mars 1927 à Metz. Il a mené ses études secondaires au lycée de Metz, au collège de Chinon et au lycée de Valence, et ses études supérieures aux facultés de médecine de Lyon et de Paris. 

  • Docteur en médecine de la faculté de médecine de Paris (1951).
  • Chef de laboratoire, chaire de cancérologie médicale et sociale à Paris (1956).
  • Chef de travaux à la chaire d’hématologie (1961).
  • Maître de conférences agrégé (1966), biologiste des hôpitaux de Paris.
  • Chef du service de biologie et d’hématologie (1971–1992) et directeur de l’unité de recherche Inserm 150 « Thrombose expérimentale et hémostase » à hôpital Lariboisière, Paris (1974–1989).
  • Directeur de l’équipe puis de l’unité de recherche associée du CNRS (1971–1988).
  • Chercheur au centre Claude-Bernard sur l’hémostase et la thrombose (1971–1993).
  • Professeur à l’université Paris VII-Denis Diderot (1978–2000), professeur émérite.
  • Directeur de l’Institut des vaisseaux et du sang à l’hôpital Lariboisière (1989–2000).
  • Chargé de mission à la direction des relations internationales de l’Académie des sciences. 

Instances scientifiques

  • Vice-président de la commission scientifique spécialisée de l’Inserm « Biologie et pathologie moléculaire générale, coagulation, immunologie, génétique fondamentale, virologie générale, bactériologie, parasitologie » (1974–1979).
  • Membre du conseil scientifique et administrateur de la Fondation Simone et Cino del Duca.

Sociétés savantes – Académies 

  • Président de l’Organisation européenne de recherches sur la thrombose (1972–1976).
  • Secrétaire général de la Société internationale de thrombose et hémostase (1976–1978).
  • Fondateur et secrétaire général du Groupe d’études hémostase et thrombose (1971–1982).
  • Vice-président du Ve congrès international de thrombose et hémostase (1975).
  • Secrétaire général du XVIIe congrès international d’hématologie (Paris, 1978).
  • Membre correspondant de l’Académie des sciences – Institut de France (1986).
  • Membre de l’Académie royale des sciences – Pays-Bas (1997).
  • Membre du conseil supérieur d’hygiène publique de France (1998).
  • Membre de l’Académie nationale de médecine (1999), de l’Académie des technologies (2000), Membre émérite de la Société américaine d’hématologie (2000).
  • Membre de l’Académie des sciences des ingénieurs de la République populaire de Chine depuis 2001. 
  • Président du conseil scientifique de la Fondation France-Chine pour la science et ses applications depuis 2002. 

Distinctions – Prix 

  • Médaille de Robert P. Grant, grand prix de la thrombose (1979).
  • Grand prix Claude-Bernard de la Ville de Paris (1982).
  • Grand prix recherche et médecine (1984).
  • Grand prix de la Fondation pour la recherche médicale avec A.T. Nurden et Y. Legrand (1986).
  • Médaille de la francophonie de l’Académie française avec G. Caen (1995).
  • Grand prix de l’Institut électricité santé (1999).
  • Docteur honoris causa des universités de Suzhou – Chine (1985), de Maastricht – Pays-Bas (1986), de Shanghai (1988), de Fuzhou, de Tianjin et de Nankin – Chine.
  • Citoyen d’honneur de la Ville de Suzhou. 
  • Commandeur dans l’Ordre national du mérite.
  • Officier (1989), puis commandeur de la Légion d’honneur.