Ginette Raimbault

Remarque : ces contenus ont été récupérés automatiquement depuis l’ancien site « Histoire de l’Inserm » (http://histoire.inserm.fr) et n’ont pas été modifiés depuis.

En vue d’obtenir son diplôme de Master of Science à la Colombia University, Ginette Raimbault s’intéresse, dès 1945, tout particulièrement aux problèmes psychologiques de l’enfant malade. Après avoir suivi en France, l’enseignement théorique et pratique de l’Institut de psychologie, elle décide d’entreprendre des études médicales pour acquérir, outre les connaissances scientifiques, la méthode d’observation spécifique au médecin et la pratique de cette relation thérapeutique. Parallèlement à ses études médicales, elle s’engage dans la formation à la psychanalyse comme discipline d’étude de la psychologie dynamique et pratique d’un type de relation interhumaine, où sont mises à jour les relations intra-personnelles des sujets. 

Au début des années 1960, une série de stages à Londres et à Los Angeles lui permet de parfaire sa formation. À Londres notamment, elle observe la méthode de Balint de formation des médecins et d’étude de la relation thérapeutique. 

Lorsqu’elle intègre l’unité de recherche Inserm sur les maladies du métabolisme chez l’enfant de Pierre Royer, en 1964, elle va bénéficier sur le terrain de l’expérience des pédiatres néphrologues, endocrinologues et gastro-entérologues de l’hôpital Necker – Enfants malades. Elle centre d’abord ses recherches sur les problèmes psychologiques qui apparaissent chez l’enfant atteint de néphropathie chronique, à pronostic éventuellement fatal. Les traitements par hémodialyse puis par transplantation rénale chez l’enfant l’amènent à aborder l’étude de ces nouvelles situations thérapeutiques, avec les nouveaux types de relations qui en découlent. De la même manière, elle étudie avec les endocrinologues, les problèmes relationnels associés aux dysgénésies gonadiques (anomalies du déterminisme sexuel), à l’anorexie mentale et au retard de croissance d’origine psychosociale. Avec les gastro-entérologues, elle aborder l’analyse des problèmes psychologiques des enfants traités par alimentation parentérale, ainsi que ceux de leur entourage. Ginette Raimbault, une des pionnières pour ses recherches sur le sentiment de mort chez l’enfant, va ainsi jouer un rôle moteur dans la transformation des pratiques médicales face à ces thérapeutiques nouvelle et lourdes. Non sans de grandes difficultés d’ailleurs, devant l’impossibilité ou le refus des praticiens pédiatres de réfléchir aux retentissements psychologiques entraînés par ces traitement sur l’enfant et sur son environnement parental. 

Elle poursuit, parallèlement, l’étude de la pratique médicale et la formation des pédiatres-praticiens, élaborant des projets de recherche pédagogique sur la sensibilisation des étudiants en médecine à la relation médecin-malade. 

L’importance et le caractère novateur des travaux de Ginette Raimbault amènent l’Inserm à créer, en 1976, l’unité de recherche “Systèmes relationnels autour de l’enfant malade” qu’elle va diriger. En 1980, un centre de consultations gratuites de psychanalyse est ouvert au sein de l’unité, le “Centre de recherche psychanalytique”, à l’hôpital Necker- Enfants malades – Clinique Robert Debré, avec, autour de Ginette Raimbault, Caroline Eliacheff, Elisabeth Levy-Leblond et Danielle Silvestre. 

En 1981, les recherches de l’unité sont dédiées à l’étude psychologique et psychanalytique des relations de l’enfant malade (nanisme, diabète, problèmes de nutrition parentérale…). Celles-ci s’orientent ensuite sur la psychologie et la psychopathologie de la vie quotidienne, avec l’étude de la représentation de la fonction paternelle au cours de la première année de la vie de l’enfant ; sur l’approche psychologique des tentatives de suicide des adolescents ; sur le retentissement psychologique de l’enfant confronté à l’institution hospitalière et à des technologies médicales de pointe, qu’il s’agisse de maladies héréditaires, de diabète infantile, de problèmes nés d’une nutrition artificielle chronique, ou de la “castration” résultant de la chimiothérapie chez des adolescentes. De nouveaux thèmes de recherches seront encore abordés : psychanalyse et gratuité, l’eugénisme dans la génétique contemporaine, les représentations sociales du cancer... 

Lorsque Patrice Pinell lui succède à la direction de l’unité 158, Ginette Raimbault continue d’y animer une équipe de recherches psychanalytiques sur plusieurs sujets : la maladie somatique et la structure psychique du sujet, le conditionnement de l’institution hospitalière, les conséquences psychologiques des innovations en médecine, les relations soignants/soignés, la volonté psychique du sujet et le symbolisme introduit par le fonctionnement de la médecine. 

Ginette Raimbault a été pionnière, en introduisant, dès la fin des années 1970 à l’hôpital Necker-Enfants malades, la notion de prise en compte de la relation soignants/soignés dans les services de néphrologie, endocrinologie, gastro-entérologie, génétique et pédiatrie, services mettant en œuvre des traitements lourds et traumatisants pour l’enfant et son environnement familial. 

Biographie

Ginette Raimbault est née le 28 avril 1924 à Belfort. Elle a mené ses études supérieures à la faculté de médecine de Paris. 

  • Bachelor of Arts and Master of Sciences, Columbia University, New-York (1945).
  • Diplômée de l’Institut de psychologie, Paris (1949).
  • Docteur en médecine, Paris (1956).
  • Stage à la Tavistock Clinic de Londres chez Michael Balint (1960) et au Children Hospital à Los Angeles (1961).
  • Attachée de recherche (1961), chargée de recherche (1967), maître de recherche (1971), directrice de recherche (1985) à l’Inserm. 
  • Chercheure dans l’unité de recherche Inserm 30 “Maladies du métabolisme chez l’enfant”, dirigée par Pierre Royer,à l’hôpital Necker-Enfants malades, Paris (1964).
  • Qualifiée en psychiatrie (1971).
  • Directrice de l’unité Inserm 158 “Systèmes relationnels autour de l’enfant malade”, issue de l’unité de Pierre Royer (1976–1983), dont l’intitulé devient “Recherches psychanalytiques et sociologiques en santé publique” (1984–1986). Patrice Pinell lui succèdera. 
  • Visiting Professor au Centro de Estudios da Psicanalise de Crianças, Brésil (1981).
  • Professeur contractuel à l’université de Padoue (1983–1985).
  • Responsable de l’équipe de psychanalyse dans la même unité jusqu’à sa retraite (1987–1990).

Ginette Raimbault est décédée à Paris le 19 février 2014. 

Instances scientifiques

Membre de la commission scientifique spécialisée de l’Inserm “Santé publique, santé mentale, épidémiologie, environnement et écologie, biomathématiques, génie biologique et médical, économie de la santé” (1983–1986).

Sociétés savantes

  • Membre de la Société psychanalytique de Paris (1951), de l’Association française de psychanalyse (1953), de l’École freudienne de Paris (1963), du Club international des leaders de groupes Balint (1964), de la Société française de médecine psychosomatique (1966).
  • Membre de la Foundation of Thanatology, New York (1969), de l’Association pour l’enseignement de la pédiatrie en Europe (1973).
  • Membre de l’European Society for Pediatric Nephrology (1975), de l’International Organization for the Study of Human Development et de la Société française de pédiatrie (1976).

Distinctions – Prix 

  • Prix Montyon de l’Académie française pour l’ouvrage L’enfant et la mort (1977).
  • Chevalier dans l’Ordre national du mérite (1976).