Françoise Clerget-Darpoux

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Mis à jour le 5 août 2020 

Françoise Clerget-Darpoux a consacré ses recherches à l’identification des facteurs génétiques impliqués dans les maladies humaines. Elle a notamment développé des méthodes d’analyse appliquées aux maladies neurologiques et auto-immunes. 

Grâce à sa double formation en mathématiques et génétique, Françoise Clerget-Darpoux a développé des méthodes d’analyse originales. L’une d’elle a notamment permis d’estimer les risques associés à des gènes préalablement identifiés. 

Ces travaux ont fait d’elle une pionnière de la génétique statistique au niveau international. Ainsi a‑t-elle été élue présidente de l’International Genetic Epidemiology Society en 1998, avant de recevoir de cette même société le Leadership Award pour l’ensemble de ses travaux, l’année suivante. 

En 2000, Françoise Clerget-Darpoux a créé l’unité Inserm 535 Génétique épidémiologique et structure des populations humaines située à l’interface de la génétique épidémiologique et de la génétique des populations. Ce domaine de recherche peu exploré, aussi bien sur le plan national qu’international, a attiré des étudiants brillants formés, comme elle, à la génétique et aux mathématiques. 

Son groupe a mis au point des méthodes adaptées à l’étude de populations dans lesquelles les mariages entre apparentés sont fréquents, ou de populations constituées d’un petit nombre d’individus. L’une d’elle a notamment permis de localiser le gène d’une forme récessive de la maladie de Parkinson et celui du syndrome malformatif rare dit de Taybi-Linder. 

Loin de se cantonner aux seuls développements méthodologiques, les travaux de Françoise Clerget-Darpoux ont également porté sur l’étude de nombreuses pathologies, en particulier sur les maladies neurologiques et sur celles liées au système immunitaire. 

Études génétiques de maladies neurologiques 

Pour étudier la maladie d’Alzheimer, Françoise Clerget-Darpoux a mis en place en 1992 et coordonné pendant huit ans un réseau de recherche clinique regroupant huit équipes de recherche – dont trois unités Inserm – et douze services hospitaliers. 

Une large enquête familiale multicentrique a ainsi permis d’évaluer la proportion de formes monogéniques de la maladie. Une étude cas-témoins a donné une estimation des risques de développer une des formes multifactorielles d’Alzheimer en fonction de l’âge, du sexe et du génotype de l’apolipoprotéine E (APOE).

Études génétiques de maladies auto-immunes 

Dans le domaine des maladies auto-immunes, Françoise Clerget-Darpoux s’est intéressée au diabète insulino-dépendant, à la maladie cœliaque, à la sclérose en plaques et à l’arthrite rhumatoïde. Pour les étudier, elle a utilisé une méthode originale qui intègre différents types d’information génétique sur les malades et leur famille. 

Ainsi a‑t-elle pu établir une nouvelle classification des génotypes HLA de l’arthrite rhumatoïde en fonction de leur risque. Cette classification a depuis été adoptée par la communauté scientifique. 

De 1994 à 1997, Françoise Clerget-Darpoux a coordonné un réseau franco-tunisien dédié à la maladie cœliaque. Puis de 2000 à 2003, elle a dirigé l’équipe française d’un projet européen regroupant 17 équipes réparties entre l’Italie, la Finlande, la Suède, le Royaume-Uni et la France. Ces études ont mis en lumière la synergie de deux gènes sur le développement de la maladie cœliaque. Elles ont également montré que l’information portée par ces gènes permettait de distinguer les personnes à haut risque de celles avec un risque quasi-nul. 

Enfin, de 1995 à 2009, elle a mis en place les stratégies d’analyse génétique des données familiales de sclérose en plaques dans le cadre du réseau national Refgensep. 

Enseignement de la génétique épidémiologique 

Alors que l’importance de la génétique épidémiologique devenait évidente au niveau international, aucun enseignement des méthodes spécifiques de cette discipline n’existait en France. Françoise Clerget-Darpoux s’est beaucoup investie dans cette démarche en mettant notamment en place, en 1993, un enseignement de niveau mastère à l’université Paris Sud. 

Biographie

Françoise Clerget Darpoux est née le 19 août 1946 à Versailles. Elle a fait ses études secondaires au lycée La Bruyère à Versailles et ses études supérieures à Orsay et à Paris. 

  • Maîtrise de mathématiques, faculté d’Orsay (1969)
  • Attestation d’études approfondies de mathématiques pures, faculté de Jussieu, Paris (1970)
  • Maîtrise de génétique, faculté de Jussieu, Paris (1977)
  • Diplôme d’études approfondies de génétique quantitative et des populations, École normale supérieure de la rue d’Ulm, Paris (1978)
  • Thèse de troisième cycle en génétique : « Un modèle à deux locus avec épistasie en génétique humaine : application à l’association entre le diabète juvénile et le système d’histocompatibilité HLA », université Pierre-et-Marie-Curie, Paris 6 (1980)
  • Stage post-doctoral, National Institute of Mental Health-NIMH, department Psychiatric Genetics, head : E. Gershon, Bethesda, MD, USA (1980–1982)
  • Chargée de recherche (1982), puis directrice de recherche de classe 2 (1986), de classe 1 (1994), de classe exceptionnelle (2008), émérite (2011) à l’Inserm.
  • Chercheuse dans l’unité Inserm 155 Épidémiologie génétique dirigée par Josué Feingold, Paris (1982–1999)
  • Directrice de l’unité Inserm 535 Génétique épidémiologique et structure des populations humaines, hôpital du Kremlin-Bicêtre (2000–2002), puis hôpital Paul-Brousse, Villejuif (2003–2009). 
  • Responsable avec Philippe Broët de l’équipe Génétique épidémiologique intégrée et maladies humaines multifactorielles dans l’unité Inserm 669 Troubles du comportement alimentaire de l’adolescent dirigée par Bruno Falissard (2010–2011)
  • Directrice de recherche émérite dans l’équipe de Stanislas Lyonnet dans l’unité Inserm 781 Génétique et épigénétique des maladies métaboliques, neurosensorielles et du développement dirigée par Arnold Munnich, Institut Imagine, hôpital Necker-Enfants malades, Paris (depuis 2011).
  • Création, en 1993, avec Catherine Bonaïti-Pellié, d’une option de génétique statistique dans le DEA Statistique et santé publique dirigé par Joseph Lellouch à l’université Paris-Sud. Responsable, avec Florence Demenais, de cette spécialité à l’École doctorale de santé publique de Paris XI/Paris V, dirigée par Denis Hémon et Jean Maccario. Extension de cet enseignement au niveau européen avec une semaine annuelle en anglais suivie par une trentaine d’étudiants venant de toute l’Europe.
  • Responsable de l’évaluation de l’enseignement du mastère de génétique épidémiologique de l’université de Sheffield, Grande-Bretagne (2000–2004)
  • Organisation d’une semaine annuelle d’enseignement de génétique statistique en anglais pour étudiants européens, enseignement labélisé et financé par l’European Society of Human Genetics (2008–2012)
  • Responsable de cours à l’European Science Fondation et à l’European School of Genetic Medicine, organisés par Giovani Roméo en Italie (de 1996 à 1999 à Sestri Levante, puis de 2002 à 2007 à Bertinoro)

Instances scientifiques et de gestion de la recherche

  • Coordinatrice d’un réseau national sur la maladie d’Alzheimer et d’un réseau franco-tunisien sur la maladie cœliaque
  • Membre du conseil scientifique de l’université Paris-Ouest (1983–1989).
  • Membre de la commission scientifique spécialisée Santé publique, santé mentale, épidémiologie, environnement et écologie, biomathématiques, génie biologique et médical, économie de la santé (1983–1986) et membre du conseil d’administration à l’Inserm (2000–2002).
  • Membre du conseil consultatif du Max Planck Institute, Allemagne.
  • Experte en Grande-Bretagne auprès du Medical Research Council (1994–1998) et de l’université de Sheffield (2000–2004) ; en Allemagne auprès du Max Planck Institute (2003–2009) ; en Italie auprès du comité pour l’évaluation de la recherche et auprès de la société italienne de la sclérose en plaques
  • Membre du bureau éditorial et éditrice (2013–2017) de Human Heredity ; membre du bureau éditorial (1994–2000) et éditrice (1998) de Genetic Epidemiology, Associate Editor European Journal of Human Genetics (2008–2012) ; membre du bureau éditorial des revues Annals of Human Genetics, International Journal of Human Genetics et Genes Brain and Behaviour

Sociétés savantes – Académies

  • Membre (1992–2000) et présidente (1998) de la Société internationale de génétique épidémiologique (IGES)
  • Membre du comité scientifique (1999–2004), puis membre du bureau (2005–2010) de la Société européenne de génétique humaine 
  • Membre du comité scientifique de la Fondation pour l’aide à la recherche sur la sclérose en plaques-Arsep (1997–2011
  • Membre du bureau de la Société française de génétique humaine – SFGH) (1993–2001) et vice-présidente en 2000 

Prix – distinctions

  • Leadership Award of the International Genetic Epidemiology Society (1998)
  • Prix de biologie humaine et sciences médicales, prix Louis Daniel Beauperthuy de l’Académie des sciences (2008)
  • Chevalier de la Légion d’honneur (2007).