Etienne-Emile Baulieu

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Mondialement connu et reconnu, Étienne-Émile Baulieu a consacré la plupart de ses travaux aux hormones stéroïdes et à leurs antagonistes dans la reproduction, le vieillissement, les cancers et le système nerveux. 

Il découvre la sécrétion par les glandes surrénales du sulfate de déhydro-épi-androstérone (DHEA) et en décrit le métabolisme et les fonctions, notamment sur certains aspects du vieillissement. Cette première lui vaut d’être invité aux Etats-Unis par Seymour Liberman. Il y rencontre Gregory Pincus, le père de la pilule, qui le soutiendra, notamment pour obtenir des subventions de la Fondation Ford pour ses recherches. 

Pionnier de la mise en évidence des récepteurs intracellulaires des hormones sexuelles stéroïdiennes, en 1982, il met au point de nouvelles anti-hormones, telle l’anti-progestérone RU 486 (stéroïde de synthèse), dont les propriétés révolutionneront la vie de millions de femmes à travers le monde. RU est l’acronyme du laboratoire Roussel-Uclaf qui l’a mise sur le marché et les trois chiffres 4–8‑6 le numéro d’ordre de la synthèse de la molécule. Les premiers résultats qu’Etienne-Emile Baulieu présente, la même année devant l’Académie des sciences, montre que le produit administré aux doses prévues est sûr, sans danger et efficace. Cela ne fait qu’enfler la polémique sur une facilitation de l’interruption volontaire de grossesse, qui évite aux femmes la chirurgie invasive, mais présente aussi l’avantage économique d’éviter une intervention en milieu hospitalier et l’avantage psychologique de la discrétion d’une décision prise par la femme seule. 

Face aux oppositions religieuses et politiques à cette pilule abortive dite pilule du “lendemain”, Roussel-Uclaf renonce en 1988 à l’autorisation de mise sur le marché (AMM) qu’elle venait d’obtenir. Mais, devant l’intervention personnelle de Claude Évin, ministre de la Santé, affirmant que “le RU est la propriété morale des femmes” et suggérant de le confier à un autre laboratoire, Roussel-Uclaf décide d’exploiter celui-ci. Outre son utilisation dans l’interruption précoce de grossesse, le RU 486 facilite les accouchements difficiles et permet de traiter plusieurs types de tumeurs. Étienne-Émile Baulieu en met également en évidence l’activité « anti-cortisone ». 

Le combat en faveur du RU 486 achevé, Etienne-Emile Baulieu reprend ses travaux sur la DHEA. Il lance une vaste étude baptisée DHEâge, dans l’objectif d’en mieux connaître l’action facilitatrice et bénéfique contre le vieillissement. 

Il découvre également des neurostéroïdes qui jouent un rôle dans la réparation de la myéline, la protection nerveuse et la stimulation de la mémoire. Ceux-ci sont utilisés dans de nouvelles approches de la lutte contre le vieillissement du cerveau. 

Au début des années 2000, Étienne-Émile Baulieu crée et dirige un institut dans lequel il mène des recherches originales pour mieux comprendre, prévenir et traiter la maladie d’Alzheimer et d’autres démences séniles. 

En 2010, Etienne-Emile Baulieu et ses équipes effectuent une percée concernant les maladies neuro-dégénératives responsables de conditions de dépendance douloureuse des personnes âgées.Ils choisissent comme cible, non pas les plaques amyloïdes, mais les “buissons” que forme la protéine Tau hyperphosphorylée à l’intérieur des neurones. Ils mettent en évidence l’interaction entre la protéine Tau et la protéine FKBP52. Cette dernière avait été découverte par Etienne-Emile Baulieu en 1992 sans qu’il en connaisse à l’époque tout le potentiel. Il démontre que cette protéine est susceptible de diminuer de façon décisive l’action toxique des formes pathologiques de la protéine Tau : un véritable effet “anti-Tau”. Cette découverte ouvre la voie à des traitements précoces qui pourraient enrayer les maladies neuro-dégénératives du cerveau, tel l’Alzheimer.

Biographie

Etienne-Emile Baulieu est né le 12 décembre 1926 à Strasbourg (Bas-Rhin). Il a mené ses études secondaires au lycée Pasteur de Neuilly-sur-Seine et ses études supérieures dans les facultés de médecine et des sciences de Paris. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il entre dans la Résistance, à Grenoble, au sein du Front patriotique de la jeunesse. 

  • Externe et interne des hôpitaux de Paris (1947–1955).
  • Stagiaire de recherche (1951) et attaché de recherches (1955) à l’lNH.
  • Docteur en médecine, Paris (1955).
  • Chef de clinique médicale et chef des travaux de chimie biologique à la faculté de médecine de Paris (1955–1957).
  • Professeur agrégé de chimie biologique des facultés de médecine (1958), maître de conférences agrégé, professeur de biochimie aux écoles de médecine de Reims (1959), de Rouen (1960), puis à la faculté de médecine de Paris (1961).
  • Visiting lecturer chez Seymour Liberman, Departments of Biochemistry and Obstetrics and Gynecology, Columbia University, New-York, Etats-Unis (1961–1962).
  • Docteur ès sciences physiques de la faculté de Paris (1963).
  • Directeur de l’unité de recherche Inserm 33 “Métabolisme moléculaire et physiopathologie des stéroïdes”, puis “Communications hormonales, hôpital du Kremlin-Bicêtre (1963–1998).
  • Chef du service de biochimie hormonale de l’hôpital du Kremlin-Bicêtre (1968–1992).
  • Professeur à l’université Paris Sud, Paris XI (1970–1992), professeur honoraire. 
  • Sloane Professor à Columbia University, Etats-Unis (1993).
  • Titulaire de la chaire « Fondements et principes de la reproduction humaine » au Collège de France (1993–1997). Professeur honoraire.
  • Créateur et directeur de l’Institut du vieillissement (2002), devenu l’Institut de la longévité et du vieillissement dont il est le président (2004).
  • Professeur adjoint, Institut Scripps de Californie depuis 2006.

Instances scientifiques et d’administration de la recherche 

  • Président de la commission scientifique spécialisée (CSS) de l’Inserm « Physiologie et pathologie endocriniennes » (1968–1974) et de la CSS « Reproduction et développement, glandes endocrines, tissus calciques et articulation, odontologie » (1979–1982).
  • Membre de la commission pour l’étude des conséquences pour la santé des produits anticonceptionnels (1965), coprésident de la commission pour l’étude des contraceptifs administrés par voie orale (1971).
  • Président du conseil scientifique de l’Inserm (1975–1979).
  • Président du conseil scientifique de la Fondation pour la recherche médicale (1973–1975).
  • Président du Comité franco-américain National Cancer Institute (NCI) – INSERM, hormones et cancer (1978–1980).
  • Président du conseil scientifique du centre international de recherche médicale de Franceville, Gabon (1979–1986).
  • Membre de la commission pour l’étude des contraceptifs (1992).
  • Membre du comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé – CCNE (1996–2002).
  • Membre du bureau éditorial de plusieurs journaux scientifiques et médicaux français, étrangers et internationaux.

Sociétés savantes – Académies

  • Membre de l’Endocrine Society, Etats-Unis (1966).
  • Co-fondateur de l’international Society for Research in the Biology of Reproduction (1967).
  • Membre de la Royal Society of Medicine, Londres (1972).
  • Membre de la Société française d’endocrinologie (président, 1975). 
  • Membre (1982) et président (2003–2004) de l’Académie des sciences, Institut de France. 
  • Membre de la New York Academy of Sciences (1985), de Academia Europaea (1989).
  • Membre associé étranger de la National Academy of Sciences, Etats-Unis (1990), de l’Academy of Sciences and Arts, New York (1992).
  • Membre de l’Academia Scientarium et Artium Europaea (1992).
  • Honorary Member de l’American Physiological Society (1993).
  • Membre émérite de l’Academia Europaea (1997).
  • Membre du Karolinska Institutet (Suède, 1994). 
  • Membre de l’Académie nationale de médecine depuis 2002. 

Prix – Distinctions

  • Médaille d’argent de l’internat des hôpitaux de Paris (1955).
  • Médaille d’argent de la faculté de médecine de Paris (1956).
  • Prix Fondation Dreyfous de l’Académie nationale de médecine (1956).
  • Prix Cahours de l’Académie des sciences – Institut de France (1960).
  • Prix Spécia de l’Académie nationale de médecine (1964).
  • Médaille de l’université d’Helsinki (1969).
  • Prix Reichstein de la Société internationale d’endocrinologie (1972).
  • Grand prix des sciences de la Ville de Paris (1974).
  • Prix Roussel, avec Elwood Jensen, directeur du Ben May Laboratory for Cancer Research, université de Chicago (1976).
  • Gregory Pincus Memorial Award de la Worcester Foundation, Massachussetts, avec Elwood Jensen (1978).
  • Première médaille européenne de la Society for Endocrinology de Grande Bretagne (1987).
  • A and E Wippman Scientific Research Award, États-Unis (1989) et Alan Guttmacher Award, États-Unis (1989).
  • Prix Albert et Mary-Lasker (1989).
  • Prix A et E Wippman de la Fédération du planning familial des Etats-Unis (1989).
  • Golden Plate de l’American Academy of Achievement (1990).
  • Premio Minerva, Rome (1990).
  • Docteur honoris causa de la Tuft University à Boston, Etats-Unis, et de l’université de Gand, Belgique (1991).
  • Prix Christophe Colomb de la découverte médicale des National Institutes of Health (NIH), Etats-Unis (1992) et de l’université de Gênes, Italie (1992).
  • National Award de l’American Association for Clinical Chemistry (1992).
  • Joseph Bolivar DeLee Humanitarian Award, Etats-Unis (1994).
  • Grand prix de la Fondation pour la recherche médicale (1994).
  • Docteur Honoris Causa du Karolinska Institutet, Suède (1994).
  • Membre émérite de l’Academia Europaea (1997).
  • Ken Myer Medal, Australie (2000).
  • International Academy of Humanism Laureate (2002).
  • The Charles H. Sawyer Distinguished Lecture, Etats-Unis (2003).
  • Chevalier dans l’Ordre national du mérite (1967), grand officier de la Légion d’honneur (2003).
  • Lauréat avec son équipe du prix Claude-Pompidou (2012).
  • Prix d’honneur Inserm 2015
  • Chevalier dans l’Ordre national du mérite (1967).
  • Officier dans l’Ordre du mérite national du Gabon (1979).
  • Chevalier (1976), grand officier (1982) et commandeur (1991) de la Légion d’honneur.