Emile Papiernik

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Dès le début de sa carrière, Emile Papiernik a été convaincu que le bon travail clinique à l’hôpital ne pouvait se faire qu’en association avec une bonne recherche. Ce qui l’a conduit, dès son clinicat, à suivre un enseignement de sciences fondamentales à la faculté des sciences. Dans le cadre de son diplôme d’études approfondis de la physiologie du développement, il effectue un travail de recherche dans le laboratoire de Charles Thibault, et réalise un travail sur le paradoxe immunitaire de la grossesse. Avec cette idée fondamentale en tête, il montera un laboratoire de recherche de biologie du développement dès son installation comme chef de service à l’hôpital Antoine-Béclère. Toujours attentif à toutes les innovations, il accueillera toutes les propositions novatrices de ses collaborateurs, comme l’installation des premiers échographes. La présence de chercheurs de qualité en biologie de la fécondation dans l’unité Inserm dont il est le directeur, lui permettra avec eux, d’être les premiersen France à réussir lafécondation in vitro. 

Emile Papiernik et ses collaborateurs ont consacré une grande partie de leurs activités de recherche à l’étude du mécanisme de la survenue prématurée de l’accouchement. Ils ont contribué à l’acquisition des connaissances nouvelles dans le domaine encore très peu exploré de la psychologie de la reproduction humaine et à la mise en œuvre de ces connaissances dans le domaine des sciences de la santé, avec deux orientations majeures : la lutte contre la stérilité du couple, l’amélioration de la sécurité de la naissance, c’est-à-dire la possibilité de prévention des décès et des handicaps d’origine périnatale. C’est également dans ce cadre qu’il apportera son expertise à l’OMS pour la lutte de la mortalité maternelle en Afrique. 

Il s’est consacré une grande partie de sa vie à l’analyse du problème de la survenue prématurée de la naissance dont il est devenu un expert mondialement reconnu. Il montre, en 1969, qu’une analyse multifactorielle constitue une clé importante dans la compréhension de cet accident, mais, surtout, que cette notion de risque d’accouchement prématuré peut être utilisée dans la prévention de la prématurité. 

En 1970, Emile Papiernik participe au groupe d’étude de rationalisation des choix budgétaires en périnatalité. En montrant que des actions simples sont possibles et rentables financièrement, il réussit à convaincre les administrateurs de la santé de lancer une action de santé publique dans ce domaine (programme finalisé du VIème plan, reconduit pour le VIIème plan). Les progrès, en France, sont alors plus rapides que dans les pays voisins, Allemagne et Angleterre, montrant l’efficacité de cette action et la justesse de son analyse et de ses propositions. 

Emile Papiernik se refuse à considérer la prématurité comme étant une fatalité. Participant à l’étude d’une cohorte d’enfants prématurés suivis à Haguenau, en Alsace (recherches qui ont été menées sur les causes de la prématurité et de la souffrance fœtale dans cette région), avec André Boué, Philippe Lazar, Jean Dreyfus, et Claude Rumeau-Rouquette (de 1979 à 1982), Emile Papiernik apporte de grandes précisions sur le mécanisme de la prématurité et du retard de croissance intra-utérin. Il montre qu’il faut distinguer la prématurité par raccourcissement de la durée de la grossesse et les retards de croissance intra-utérins dont les mécanismes sont très différents, bien que trop souvent confondus dans la littérature internationale, rendant la compréhension de chacun plus difficile. Il montre, dans son service à l’hôpital Antoine-Béclère à Clamart, que la prévention de la prématurité peut devenir une réalité par une meilleure prise en charge des femmes enceintes. Il obtient, ainsi, un taux d’accouchements prématurés de 2,6 %, alors qu’il était encore de 6,8 % sur le territoire national en 1976. 

En 1975, il propose le concept de sages-femmes se déplaçant à domicile, système qui a été étendu à toute la France à partir de 1977. 

Travaillant ensuite sur l’analyse étiologique des retards de croissance intra-utérins, Emile Papiernik montre qu’en dehors des causes connues comme l’hypertension artérielle (20 % des cas), il existe une cause nutritionnelle maternelle des retards de croissance. L’analyse diététique met en évidence, dans ces cas, un déficit d’apports en énergie, surtout sous forme de glucides. Majeure dans les pays en développement, cette cause est responsable d’au moins 30 % des retards de croissance en France. Une intervention simple, sous forme d’une correction du régime ou d’une supplémentation alimentaire, permet d’éviter l’apparition du retard de croissance. 

Emile Papiernik a travaillé également sur les relations entre ovulation et retard de croissance intra-utérin, montrant que, dans les retards de croissance intra-utérins sans cause maternelle, il existe une corrélation statistique avec les ovulations tardives. 

Les travaux d’Emile Papiernik sur les “indicateurs” de risque de naissance prématurée, ont permis des avancées majeures dans la lutte contre ce fléau qu’est la prématurité. 

Biographie

Emile Papiernik-Berkhauer est né le 14 février 1936 à Paris. Il a mené ses études secondaires à Paris et ses études supérieures aux facultés de médecine et des sciences de Paris 

  • Interne des hôpitaux de Paris, major du concours (1961). Se destinant, au départ, à l’oncologie.Il effectue son internat à l’Institut Gustave-Roussy de Villejuif, avant d’opter pour une autre spécialité, la gynécologie obstétrique, dont il entrevoit déjà toutes les possibilités de développement.
  • Docteur en médecine (1965), diplôme d’études approfondies en physiologie de la reproduction (1966).
  • Chef de clinique assistant des hôpitaux de Paris à la maternité de Port-Royal et professeur agrégé à la faculté de Paris-Sud (1966–1972).
  • Gynécologue-accoucheur des hôpitaux de Paris. 
  • Chef de service de gynécologie-obstétrique de l’hôpital Antoine-Béclère, à CIamart (1972–1990).
  • Professeur de gynécologie-obstétrique, université Paris V René Descartes, maternité de Port Royal. 
  • Directeur de l’unité de recherche Inserm 187 « Physiologie et psychologie de la reproduction » à l’hôpital Antoine-Béclère, CIamart (1978–1991).
  • Professeur émérite à l’université Paris René Descartes. 
  • Conseiller en sécurité du patient et des soins à l’Assistance publique (1997).

Emile Papiernik est décédé à Sceaux (Hauts-de-Seine), le 8 août 2009. 

Instances scientifiques

  • Membre de la commission scientifique spécialisée de l’Inserm « Reproduction, développement et vieillissement, endocrinologie, système ostéo-articulaire, odontologie : physiologie, physiopathologie, pharmacologie, recherche clinique » (1983–1986).
  • Président de l’intercommission Inserm « Recherche en prévention, recherche en évaluation des systèmes de santé et de protection sociale » (1991–1994, 1995–1998).

Sociétés savantes

  • Membre du conseil d’administration du Collège national des gynécologues accoucheurs. 
  • Fellow of the Royal College of Obstetricians and Gynaecologists. 
  • Membre d’honneur du Royal College of Obstetricians and Gynaecologists et de l’American Academy of Pediatrics. 
  • Fellow of the American Academy of Pediatrics. 

Distinctions – Prix 

  • Maternity Prize de l’European Association of Perinatal Medicine (2004).
  • Chevalier (1983), officier (2008) de la Légion d’honneur.