Dominique Labie

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Les dix années qui s’écouleront depuis son recrutement à l’INH en 1954 jusqu’à la soutenance de sa thèse de sciences et son départ pour les Etats-Unis en 1964, sera une période de formation pour Dominique Labie. Elle passe des certificats de licence, puis rédige sa thèse avec l’aide de Jacques Kruh à l’hôpital des Enfants malades. Elle apprend également diverses techniques, toutes orientées vers la chimie des protéines, techniques qu’elle acquiert lors de séjours relativement courts effectués dans des laboratoires de recherche à Londres. 

Ensuite, son séjour de 18 mois au California Institute of Technology (Caltech), Etats-Unis, dans le laboratoire de WA Schroeder, un des trois pionniers ayant déterminé la séquence complète de molécules d’hémoglobine, va lui permettre d’y apprendre les techniques modernes (notamment, Fingerprints et séquence selon Sanger pour connaître la séquence des protéines). 

A son retour des Etats-Unis, elle entreprend de monter ces techniques dans le laboratoire de Georges Schapira, dans les sous-sols vétustes de l’hôpital Necker. Avec Jean Rosa, d’abord, puis avec différents collaborateurs qui la rejoignent après le départ de Rosa pour Créteil et parmi lesquels Henri Wajcman, elle identifie et caractérise un nombre important de variants de l’hémoglobine, des hémoglobines anormales, et même de certaines autres protéines (enzymes du globule rouge, prothrombine). Ses travaux sur les hémoglobinopathies ont toujours été menés en collaboration avec les cliniciens responsables des études phénotypiques, mais également en confrontation avec des données physicochimiques permettant de comprendre les mécanismes fonctionnels en jeu. Il s’est agi, en particulier, de Max Ferdinand Perutz, titulaire du prix Nobel de chimie en 1962, pour avoir déterminé par diffraction de rayons X la structure tridimensionnelle de l’hémoglobine, dans laquelle les atomes étaient positionnés en hélice, et les modifications pathologiques qu’induisent ses variants. 

La fin des années 1970 correspond au développement des techniques de biologie moléculaire et à leurs applications à des problèmes de génétique humaine. L’hémoglobine demeure toujours à cette époque un modèle privilégié. Les recherches de Dominique Labie et de ses collaborateurs, tout en restant très majoritairement centrées sur les hémoglobinopathies, s’orientent vers la génétique moléculaire et l’épidémiologie moléculaire des grandes endémies. 

Ils ont fait d’importantes observations sur les maladies moléculaires de l’hémoglobine avec défaut qualitatif ou quantitatif. Les études concernent à la fois les protéines et l’ADN et se font en collaboration avec denombreux pays en développement pour lesquels les maladies de l’hémoglobine posent un problème de santé publique : 

  • le Maghreb au premier chef, mais également le Maroc et l’Afrique sub-saharienne, avec de nombreuses publications avec des Maghrébins ou des Africains, à la formation desquels participe l’unité de recherche de Dominique Labie ;
  • coopération très fructueuse entre l’Inserm et le centre de transfusion sanguine d’Alger de 1970 à 1982, dans l’objectif de former des personnes à l’analyse moléculaire des hémoglobines, des protéines de coagulation et des enzymes ;
  • coopérations nombreuses également sur la drépanocytose avec de nombreux pays africains, en collaboration avec des équipes américaines, notamment celle de Ronald Nagel, Albert Einstein College of Medicine of Yeshiva University, Bronx, Etats-Unis. 

Dominique Labie a reçu un très grand nombre de stagiaires thésards et de visiteurs étrangers dans son unité de recherche. 

En 1991, enfin, Dominique Labie est chargée par le directeur général de l’Inserm, Philippe Lazar, d’une mission sur l’état de la recherche en transfusion sanguine dans le monde. Cette enquête se situait dans le cadre des transmissions du virus du sida, le VIH, par transfusion, à cette époque. Après avoir visité une quinzaine de laboratoires (Etats-Unis, Canada, Angleterre et Ecosse, Pays-Bas), elle établira son rapport à double facette, scientifique et administrative et politique. 

Biographie

Dominique Labie est née le 4 octobre 1920 à Paris. Elle a mené ses études secondaires au collège Sainte-Marie, à Neuilly, et ses études supérieures aux facultés de médecine et des sciences de Paris. 

  • Trois premières années de médecine juste avant la déclaration de la guerre, longuement interrompues par la survenue d’une tuberculose sévère, avec hospitalisation en sanatorium et pneumothorax. 
  • Thèse de médecine, faculté de médecine de Paris (1951).
  • Recrutée aux National Institutes of Health (INH) en 1954, puis chargée de recherche, maitre de recherche, directrice de recherche, directrice de recherche émérite à l’Inserm. 
  • Certificats de licence à la faculté de médecine et à la faculté des sciences de Paris (biologie, biologie générale, biochimie) (1955, 1956). 
  • Formation à la clinique, d’abord à la pédiatrie puis aux maladies infectieuses, dans le service de Robert Debré à l’hôpital Necker à Paris, puis chez Pierre Mollaret, directeur de l’unité de recherche Inserm 12 de réanimation respiratoire, à l’hôpital Claude-Bernard à Paris. 
  • Deux stages de courtes durées avec des bourses Ciba à l’University College, à Londres, dans le département de biochimie avec EM Shooter et GH Beaven (1963), Mill Hill, University of London. 
  • Thèse de doctorat à la faculté des sciences de Paris, sur l’hémoglobine (1964), Prix de thèse. 
  • Séjour de 18 mois au California Institute of Technology (Caltech), Etats-Unis, dans le laboratoire de WA Schroeder (1964–1966), avec une bourse de l’OTAN.
  • Travaille avec Georges Schapira, biochimiste et hématologiste, à l’hôpital Necker où celui-ci dirige un laboratoire Inserm/Association Claude-Bernard, future unité Inserm 15 de pathologie moléculaire, au sein duquel elle crée sa première équipe de recherches dédiées aux hémoglobines anormales (1967).
  • Directrice de l’unité de recherche Inserm 15 de pathologie moléculaire à l’hôpital Cochin à Paris (1982–1989), succédant à Georges Schapira. 

Dominique Labie est décédée à Paris le 9 mars 2016. 

Instances scientifiques et d’administration de la recherche 

  • Membre de la commission scientifique spécialisée de l’Inserm “Génétique, immunologie et pathologie moléculaire” (1968–1974).

Sociétés savantes

  • Membre du “Club de l’hémoglobine”, fondé en 1976 avec Claude Poyart et Jean Rosa, club qui sera affilié à la Société française d’hématologie.
  • Membre émérite distinguée de l’American Society of Hematology. 
  • Membre du comité de rédaction de la revue Hématologie.
  • Fidèle collaboratrice de la revue médecine/sciences depuis ses origines en 1984, publications de Nouvelles et de Synthèses et à portée didactique. 

Distinctions – Prix 

  • Médaille d’argent de la faculté de médecine de Paris (1951).
  • Prix de génétique moléculaire de l’Académie des sciences – Institut de France (2001).
  • Chevalier dans l’Ordre national du mérite, sur proposition de l’Ambassade de France en Algérie (1990).