Claude Boucheix

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Mis à jour le 14 mars 2019 

Claude Boucheix a consacré ses recherches à l’identification des tétraspanines. Ces protéines membranaires, impliquées dans des interactions protéiques, jouent de nombreux rôles dans la physiologie des cellules. Elles favorisent notamment les mécanismes d’infection par des agents pathogènes et régulent la progression tumorale. Dans le champ clinique, Claude Boucheix s’est investi principalement dans le développement d’anticorps monoclonaux pour améliorer le diagnostic et le traitement des leucémies aiguës lymphoblastiques. 

Dès son internat, Claude Boucheix a travaillé sur les antigènes de surface associés aux cancers du poumon, dans le laboratoire d’immunobiologie du CHU Broussais – Hôtel-Dieu à Paris. Les chercheurs y produisaient chez le lapin des antisérums dirigés contre des extraits membranaires de tumeurs. Ils comparaient ensuite la réactivité de ces substances sur des tissus tumoraux et normaux, dans le but d’isoler des antigènes tumoraux utilisables comme vaccins. 

Claude Boucheix s’est ensuite intéressé aux marqueurs de surface des leucémies et des lymphomes. Ceux-ci avaient permis d’établir les premières classifications de ce type de cancer et de montrer le rattachement des leucémies aiguës lymphoblastiques à la lignée lymphoïde. Pendant cette période, il a développé le laboratoire d’immunophénotypage créé par Alain Bernadou, permettant le diagnostic et le suivi des hémopathies malignes. 

Jusqu’au début des années 2000, il a poursuivi des activités cliniques consistant à coordonner le phénotypage immunologique des leucémies aiguës lymphoblastiques, dans le cadre de protocoles d’évaluation thérapeutique nationaux : le LALA87, puis le LALA94. 

Des anticorps monoclonaux au service des patients 

À la suite de son internat et de son clinicat, Claude Boucheix a obtenu un poste d’accueil au sein de l’unité de recherche 50, dirigée par Georges Mathé, puis de l’unité 253, sous la responsabilité de Claude Rosenfeld. 

En parallèle, il a maintenu son activité clinique à l’Hôtel-Dieu où il a créé un laboratoire de production d’anticorps monoclonaux dirigés contre les cellules cancéreuses des leucémies aiguës lymphoblastiques. Quarante ans après, ces anticorps commercialisés via l’Inserm sont encore utilisés pour le diagnostic. Certains ont servi à la déplétion des moelles osseuses de leucémies aiguës, dans le cadre de protocoles d’autogreffe. 

Le laboratoire de Claude Boucheix, codirigé avec Jeannette Soria, a accueilli de nombreux chercheurs et permis la mise en place de programmes dans de multiples domaines comme l’hémostase, l’ophtalmologie ou l’immunologie. 

En 1982, son groupe a découvert que l’anticorps ALB6 produit contre les leucémies aiguës lymphoblastiques marque aussi les plaquettes et déclenche l’activation et l’agrégation plaquettaires. Les analyses biochimiques ont montré que l’anticorps reconnaît une protéine : la tétraspanine CD9. 

Découvertes en série sur les tétraspanines 

À partir de 1986, Claude Boucheix a intégré l’unité 268, dirigée par Claude Jasmin, et mis en place des techniques de biologie moléculaire. En collaborant avec Marc Uzan, chercheur à Grenoble, il a cloné le gène humain de la protéine CD9, à partir d’une banque d’ADNc de mégacaryocytes, puis le gène Cd9 murin. La séquence de CD9 a contribué à définir une nouvelle famille de molécules de surface, les tétraspanines, avec trois autres molécules : CD63, CD81 et CD37. Cette famille compte maintenant 33 membres chez l’humain. 

En 2006, Claude Boucheix a invalidé avec son équipe le gène CD9 responsable de la stérilité des femelles. Une expérience qui a montré que CD9 était la première molécule identifiée impliquée dans la fusion des gamètes. 

Il a également étudié d’un point de vue fonctionnel la tétraspanine CD81 découverte à Stanford par Shoshana Levy. En collaboration avec Olivier Silvie et Dominique Mazier, il a montré le rôle complémentaire de CD9 dans la reproduction, ainsi que dans l’entrée dans le foie, du Plasmodium, l’agent du paludisme. 

L’identification de cette famille de protéines a conduit à des recherches plus fondamentales sur la fonction des tétraspanines. Éric Rubinstein, son collaborateur, a ainsi montré la capacité de ces molécules à former des microdomaines membranaires et à s’associer avec d’autres molécules, comme les intégrines et les métalloprotéases, dont elles régulent les fonctions. Ces recherches ont été menées dans plusieurs unités, dont l’unité 268 dirigée par Claude Jasmin et l’unité 602 que Claude Boucheix a dirigée de 2004 à 2009. 

Plus récemment, ce dernier a montré, avec Céline Greco, l’implication de la tétraspanine Co029/Tspan8 dans la progression tumorale du cancer colorectal. Il a aussi lancé un projet d’application thérapeutique des anticorps anti-Tspan8, en collaboration avec Françoise Degoul (unité Inserm 990 puis 1240, Clermont-Ferrand), par des approches de radio-immunothérapie.

Vers une recherche en réseau collaboratif 

Outre ses recherches, Claude Boucheix a collaboré dès 1991 avec le département de l’information et de la communication de l’Inserm. Sous l’impulsion de sa directrice Suzy Mouchet et de Pierre Oudet, son conseiller, et avec des chercheurs, il a participé à une série de séminaires internationnaux à Obernai, promouvant le travail en réseau collaboratif. Et ce grâce à la maîtrise de l’Internet, alors en plein développement. Ces séminaires situaient les travaux menés à l’Inserm dans ce champ des réseaux et plates formes collaboratifs entre les chercheurs, et ce par rapport aux avancées nationales, européennes et internationales. 

C’est dans esprit que l’essai national LALA94, initié par Claude Boucheix, a le premier fait l’objet d’un travail en réseau dans un essai clinique en France. La mise en place d’une plateforme en ligne avec accès partagé et contrôlé a nettement facilité la gestion de l’essai clinique : ce nouvel outil a de fait amélioré la diffusion de l’information entre participants, médecins et biologistes. 

Biographie

Claude Boucheix est né le 31 mai 1950 à Paris. Il a mené ses études secondaires à Forbach (Moselle) et ses études supérieures à Nancy, puis à la faculté de médecine de la Pitié-Salpêtrière à Paris. 

  • Interne des hôpitaux de Paris (1974)
  • Thèse de médecine, hôpitaux de Paris (1978), médaille d’argent 
  • Chef de clinique, service de Robert Guérin en cancérologie, radiothérapie, hôpital de la Pitié-Salpêtrière (1979)
  • Chef de clinique, service de cancérologie du Pr Alain Bernadou, hôpital de l’Hôtel-Dieu, Paris (1980)
  • Poste d’accueil Inserm (1981–1984), chargé de recherche de première classe (1985), directeur de recherche de deuxième classe (1991–2002), directeur de recherche de première classe (2003), directeur de recherche émérite à l’Inserm 
  • Chercheur dans l’unité Inserm 50 « Cancérologie et immunogénétique », dirigée par Georges Mathé, Hôpital Paul-Brousse, Villejuif (1980–1982)
  • Chercheur dans l’unité 253 « Différenciation hématopoïétique normale et pathologique », dirigée par Claude Rosenfeld, Institut Gustave-Roussy, Villejuif (1982–1986)
  • Responsable de l’équipe de recherche « Structure et fonction de molécules de surface associées aux leucémies aiguës lymphoblastiques humaines : antigènes CD9 et CD10 », puis responsable de l’équipe “Tétraspanines”, au sein de l’unité 268 « Oncogenèse appliquée », dirigée par Claude Jasmin, hôpital Paul-Brousse, Villejuif (1987–2003)
  • Directeur de l’unité 602 « Microenvironnement et physiopathologie de la différenciation », hôpital Paul-Brousse, Villejuif (2004–2009)
  • Directeur de l’Institut André-Lwoff, une structure fédérative de recherche de l’université Paris-XI, et chercheur dans l’unité 1004 “Réponses cellulaires au microenvironnement et cancer » dirigée par Éric Rubinstein, hôpital Paul-Brousse, Villejuif (2010–2014)
  • Directeur de recherche émérite dans l’unité 935 dirigée par Annelise Bennaceur-Griscelli, hôpital Paul-Brousse, Villejuif, depuis 2015

Instances scientifiques et de gestion de la recherche

  • Membre des conseils scientifiques de l’université Paris-VI et du CHU Broussais – Hôtel-Dieu (1979–1988)
  • Consultant, société Immunotech (1984–1988)
  • Membre du conseil scientifique du CHU Bicêtre (1996–2000) 
  • Membre de la commission scientifique spécialisée de l’Inserm « Génétique, développement et différenciation cellulaire (génétique médicale, chromosomique et moléculaire ; expression des gènes ; prolifération cellulaire, cancérologie et onco-hématologie » (1999–2002)
  • Correspondant scientifique de l’Inserm pour la région Île-de-France Sud et, à ce titre, membre de multiples conseils d’administration universitaires et de fondations (2006–2014)

Sociétés savantes – Académies

  • Membre de la Société française d’immunologie
  • Membre du comité de nomenclature de Human Gene Mapping (HGM9, 9.5, 10, 10.5 et 11)

Prix – Distinctions

  • Prix Paris du comité de Paris de la Ligue nationale contre le cancer (1989) 
  • Médaille de vermeil de la ville de Paris (1989)