Claude-Agnès Reynaud

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Les recherches de Claude-Agnès Reynaud portent sur les mécanismes moléculaires et cellulaires du développement et de la diversification du répertoire immunitaire des cellules B, cellules qui permettent la génération des anticorps. Ses travaux ont permis de découvrir des mécanismes de plasticité du génome à l’origine de l’adaptabilité du système immunitaire dans différentes espèces. 

L’essentiel des travaux de Claude-Agnès Reynaud, menés au cours de plus de trois décennies de partenariat scientifique avec Jean-Claude Weill, ont porté sur les questions de génération du répertoire des anticorps. L’analyse de modèles animaux a permis de révéler la diversité des stratégies utilisées dans les différentes espèces animales. Sa démarche, axée à la fois sur les mécanismes moléculaires et les stratégies de développement, a permis la description de nouveaux processus, comme la conversion génique dans la bourse de Fabricius des oiseaux ou l’hypermutation somatique dans les plaques de Peyer iléales des ruminants. Ces processus sont des stratégies alternatives à la combinatoire des gènes des immunoglobulines effectuée par le processus de recombinaison génique, permettant la création de l’immense diversité des structures de reconnaissance des anticorps. L’identification, en 2000, d’un gène commun à l’initiation de ces processus, le gène codant l’activation-induced cytidine deaminase ou AID, a permis une vision unifiée de ces mécanismes de diversification. Le processus de conversion génique dans les cellules B de poulet est maintenant une notion classique, décrite dans les manuels d’immunologie ou de biologie moléculaire. 

Plus récemment, elle a pu identifier chez l’homme une population lymphocytaire constituant une première ligne de défense, à mi-chemin entre la réponse innée et la réponse adaptative, et qui a conservé cette capacité à diversifier son répertoire par des mécanismes analogues à ceux décrits dans les tissus lymphoïdes associés à l’intestin des ruminants. 

Elle a également démontré le rôle d’ADN polymérases mutagènes dans les divers processus d’assemblage et de diversification des gènes d’immunoglobulines et, notamment, la participation des ADN polymérases « translésionnelles » au processus d’hypermutation somatique des gènes des immunoglobulines. Ces travaux ont mis en évidence une surprenante conservation des activités enzymatiques mobilisées lors de la réponse SOS des bactéries, qui leur permet de survivre à des conditions de stress, et lors de la réponse du système immunitaire face à l’agression des pathogènes. Par ces observations, elle a contribué à décrire, avec un petit nombre de chercheurs, le mécanisme moléculaire unique, longtemps resté mystérieux, qui permet la maturation de l’affinité de la réponse immune, la marque de la mémoire immunitaire portée par les lymphocytes B.

Depuis plusieurs années, ses activités portent sur différents aspects de la mémoire immunitaire, le processus physiologique qui sous-tend la démarche vaccinale, afin de comprendre les processus qui permettent l’extrême longévité de la réponse humorale, notamment contre les maladies rencontrées dans l’enfance (rougeole, oreillons) ou contre certain vaccins (variole, fièvre jaune). Ce nouveau projet s’est développé autour d’un modèle murin original permettant le suivi à long terme des cellules immunes activées lors d’une réponse spécifique, un modèle qui a déjà permis une redéfinition des acteurs de la réponse immune à mémoire avec une dichotomie entre les cellules effectrices, sécrétrices d’anticorps protecteurs, et les cellules chargées du maintien de nouveaux cycles de réponse. Ces études sont également développées chez l’homme, soit par le biais de la vaccination anti-variolique, soit par l’étude des plasmocytes persistant au cours des réponses auto-immunes. 

Actuellement, les travaux de l’unité sont centrés autour de l’étude des voies de différenciation des lymphocytes B et des mécanismes moléculaires responsables de la formation de leur répertoire d’anticorps. Claude Agnès Reynaud a reçu avec Jean-Claude Weill, son plus proche collaborateur, le prix d’honneur de l’Inserm en 2017 pour l’ensemble de leurs travaux dans le domaine de l’immunologie.

Biographie

Claude-Agnès Reynaud est née le 6 mars 1953. Elle a mené ses études secondaires et supérieures à Paris. 

  • Ecole normale supérieure, option sciences physiques, Paris (1972).
  • Etudiante en thèse à l’institut Jacques Monod à Paris, sous la direction de Klaus Scherrer (1974–1981).
  • Thèse de 3ème cycle en biochimie, université Paris VII, intitulée « Etude de la taille des unités de transcription des gènes globiniques aviaires » (1981).
  • Chargée de recherche (1981), directrice de recherche de deuxième classe (1987), directrice de recherche de première classe (2000), puis directrice de recherche de classe exceptionnelle (2010) au CNRS.
  • Chercheure à l’institut Jacques Monod, Paris, responsable : Jean-Claude Weill (1981–1987).
  • Chercheure au Basel Institute for Immunology à Bâle en Suisse (1987–1991).
  • Chercheure dans l’unité Inserm 373 « Développement du système immunitaire », à la faculté de médecine Necker-Enfants malades à Paris, dirigée successivement par Jean-Claude Weill (1993–1996), puis par Harald von Boehmer (1997–2000). Elle succède à ce dernier.
  • Directrice de l’unité Inserm 373 « Développement du système immunitaire » (2001–2005), devenue unité 783 (2006–2012), à l’hôpital Necker-Enfants malades à Paris.

Instances scientifiques et de gestion de la recherche

  • Membre de la commission biologie santé des programmes non thématiques et jeunes chercheurs de l’agence nationale de la recherche – ANR (2005–2007).
  • Membre du comité des bourses de l’European Molecular Biology Organisation, EMBO long-term fellowship committee (2008–2012).
  • Déléguée scientifique du panel des experts en immunologie de l’agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur – AERES (2009–2010).
  • Directrice de la structure fédérative de recherche Necker-Enfants-malades (2014–2018).

Sociétés savantes – Académies

  • Membre de l’EMBO (2000).
  • Honorary member de l’American Association of Immunologists (2005).

Prix – distinctions

  • Prix Jeune chercheur, mention Immunologie, de la Fondation pour la recherche médicale, 1987.
  • Médaille d’argent du CNRS (1991).
  • Prix Jean-Pierre Lecocq de l’Académie des sciences, Institut de France, de Paris avec Jean Claude Weill (1997).
  • Prix d’honneur 2017 de l’Inserm, avec Jean-Claude Weill.