Christine Petit

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Christine Petit est une spécialiste de la génétique humaine. Elle a élucidé les mécanismes moléculaires à l’origine des inversions de sexe chez l’homme et a eu un rôle pionnier dans la découverte des gènes impliqués dans les handicaps sensoriels humains, en particulier les atteintes de l’audition. 

Toute sa carrière s’est déroulée à l’Institut Pasteur qu’elle intègre au début des années 1970 où elle travaille dans le domaine de la génétique bactérienne, puis de l’immunologie et enfin de la génétique de la différenciation cellulaire. 

Dans les années 1985–1990, elle s’engage avec Jean Weissenbach dans le décryptage des bases moléculaires des inversions de sexe chez l’homme(masculinité XX et féminité XY). Elle découvre l’origine de la masculinité XX chez l’homme : un événement de recombinaison anormal entre l’extrémité du chromosome Y et celle du chromosome X dans la lignée germinale paternelle. Dans le même temps, elle observe que certaines anomalies de cette région chromosomique s’accompagnent parfois d’un syndrome de Kallmann de Morsier, caractérisé par une absence d’olfaction et un hypogonadisme. 

Dans les années 1990, son intérêt va se porter sur les systèmes sensoriels. Avec ses collaborateurs, elle évalue la possibilité d’approcher les bases moléculaires des surdités héréditaires humaines, alors totalement méconnues. L’organe sensoriel auditif, la cochlée, échappait alors à toute analyse moléculaire par les méthodes classiques. C’est en comprenant comment contourner les difficultés particulières que rencontrait l’identification de ces gènes, qu’elle met en œuvre une approche pionnière qui va ouvrir ce champ de connaissance. Elle identifie un grand nombre des gènes responsables des formes congénitales de surdités et du syndrome de Usher, qui associe une cécité par atteinte de la rétine à une surdité profonde. Puis, elle élucide la pathogénie des formes de surdités correspondantes. Elle ouvre ainsi la voie de la physiologie moléculaire de l’organe sensoriel auditif, la cochlée. Elle explique bon nombre de mécanismes moléculaires impliqués dans le développement et le fonctionnement de cet organe et, tout particulièrement, de la formation et de la physiologie de la touffe ciliaire, structure de réception du son qui coiffe les cellules sensorielles auditives. 

Christine Petit a ouvert le champ d’étude des surdités héréditaires et identifié avec son équipe un grand nombre de gènes impliqués. Aujourd’hui, plus de quarante gènes dont l’altération est responsable de surdité sont connus. Ses travaux ont permis le développement du diagnostic moléculaire des surdités dans les pays développés comme dans les pays en voie de développement, et une amélioration majeure de la qualité du conseil génétique donné aux familles des malentendants ainsi que de la prise en charge des patients. A la lumière de ses résultats, la signification de certains tests auditifs a été réévaluée. La compréhension que ses travaux apportent de chaque forme de surdité guide aujourd’hui l’indication des prothèses auditives, prothèses conventionnelles et implants cochléaires. 

Biographie

Christine Petit est née le 4 février 1948 à Laignes (Côte‑d’Or). Elle a mené ses études secondaires au lycée de Versailles et ses études supérieures aux facultés des sciences d’Orsay et de médecine de Paris. 

  • Maîtrise de sciences, faculté d’Orsay (1973).
  • Doctorat en médecine. Thèse sur les anti-histaminiques de synthèse, université Paris V (1974).
  • Boursière (1974–1976), assistante (1976–1981), chargée de recherche (1981–1991), professeure (1996), professeure de classe exceptionnelle (2006) à l’Institut Pasteur, Paris. 
  • Assistante à l’Institut Pasteur, Pans (1976–1981).
  • Doctorat ès-sciences en biochimie et génétique. Thèse sur la nature et la fonction de la réponse immunitaire non spécifique, université Paris VII (1982).
  • Post-doctorante à l’Institut d’immunologie de Bâle, Suisse (1982) et au Centre de génétique moléculaire du CNRS à Gif-sur-Yvette (1983–1984).
  • Chercheuse dans l’unité de recombinaison et expression génétique, équipe de Jean Weissenbach dans le laboratoire de Pierre Tiollais, Institut Pasteur, Pans (1985–1990), puis dans l’unité mixte de recherche CNRS1445/Institut Pasteur de génétique moléculaire humaine, dirigée par Jean Weissenbach (1991–1992).
  • Directrice du laboratoire de génétique humaine de l’Institut Pasteur (1993–1996).
  • Directrice de l’unité mixte de recherche Inserm 587/université Paris VI “Génétique des déficits sensoriels” (1996–2007), dont l’intitulé est devenu “Génétique et physiologie de l’audition” (2008–2012). Elle dirige, avec le même intitulé, l’unité mixte de recherche Inserm 1120/université Paris VI), à l’Institut Pasteur de Paris, depuis 2013.
  • Chef du département de neuroscience de l’Institut Pasteur depuis 2006.

Instances scientifiques et de gestion de la recherche

  • Membre du conseil scientifique de la Ville de Paris depuis 2002.
  • Présidente du conseil scientifique du centre national de génotypage, Génopole d’Évry, depuis 2002. 
  • Membre du conseil d’orientation et de prospective de l’université Paris VI depuis 2003.
  • Membre du conseil d’administration de l’Institut Pasteur depuis 2003.
  • Présidente du comité ATIP du CNRS (2005–2007).
  • Présidente du comité de pilotage du CTRS/RTRS “Handicap sensoriel – Voir et entendre” et de l’Institut Carnot “Voir et Entendre” depuis 2007.
  • Membre du conseil de perfectionnement de l’École supérieure de physique et de chimie industrielles de la Ville de Paris depuis 2007.
  • Membre du conseil européen de la recherche “Neurosciences” depuis 2007.

Sociétés savantes – Académies

  • Membre de l’Association for Research in Otolaryngology (1993).
  • Membre de l’Europea Society of Human Genetic (1994).
  • Membre de l’European Molecular Biology Organisation – EMBO (1996).
  • Membre correspondant (1996), puis membre (2002) de l’Académie des sciences – Institut de France.
  • Membre de l’Academia Europaea (1998).

Prix – Distinctions

  • Prix de thèse de médecine (1974).
  • Prix Janine-Courrier (1992), et prix Charles-Léopold Mayer (1999) de l’Académie des sciences-Institut de France.
  • Prix Ernst-Jung für Wissenschaft und Forschung, Allemagne (2001).
  • Chevalier de la Légion d’honneur (2002), officier dans l’Ordre national du mérite.
  • Prix l’Oréal-Unesco ”For Women in Science” (2004), prix “Recherche et médecine” de l’Institut des sciences de la santé (2004).
  • Prix “Freedom to Discover in Neuroscience” de l’Institut Bristol-Myers Squibb (2005).
  • Prix Louis-Jeantet de médecine (2006).
  • Grand Prix Inserm de la recherche médicale (2007).
  • Brain Prize 2012 de la Grete Lundbeck European Brain Research Foundation danoise.
  • Prix Kavli 2018 en neurosciences de l’Académie norvégienne des sciences et des lettres, conjointement avec A James Hudspeth (université Rockfeller, États-Unis) et Robert Fettiplace (université du Wisconsin, États-Unis), pour leur travail pionnier sur les mécanismes moléculaires et neuronaux de l’audition.