Antoine Triller

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L’enjeu fondamental des recherches menées par Antoine Triller est la compréhension des bases cellulaires et moléculaires de la communication neuronale. Ces recherches sont réalisées, notamment, à partir du modèle de la synapse glycinergique, synapse inhibitrice qui prédomine dans la moelle épinière et le tronc cérébral.L’objectif est donc de chercher à comprendre les mécanismes fondamentaux qui contribuent à structurer la membrane post-synaptique, ainsi que les dysfonctionnements, ces derniers étant à l’origine de désordres moteurs avec hypertonie et spasticité. 

Au début des années 1980, en travaillant sur le modèle d’étude de la cellule de Mauthner avec Henri Korn, il explore les bases structurales des mécanismes de la libération quantique des neurotransmetteurs dans le système nerveux central. Il développera aussi une approche de morphologie ultrastructurale sous la direction de Constantino Sotelo, directeur de l’unité Inserm 106 de neuromorphologie. Son parcours s’est toujours accompagné d’un fort engagement pour le développement d’approches technologiques originales, souvent en partenariat avec des physiciens. En 1985, il a été le premier à visualiser, en microscopie électronique, un récepteur dans les synapses du système nerveux central et à montrer que les récepteurs des neurotransmetteurs sont concentrés en face des zones de libération des vésicules synaptiques. 

Au milieu des années 1990, il rejoint le département de biologie de l’Ecole normale supérieure (ENS) et crée l’unité Inserm 497 « Biologie cellulaire de la synapse » en 1998. Il réoriente alors ses activités vers l’étude des mécanismes moléculaires et cellulaires, qui contrôlent le recrutement et le trafic des récepteurs dans la synapse. Parmi ses contributions importantes, il a montré que la nature du système de neurotransmetteur de l’élément présynaptique (glycine ou GABA) déterminait le type de récepteur s’accumulant dans la densité post-synaptique. Il a démontré la présence très spécifique dans les dendrites, d’ARN messagers codant pour une sous-unité des récepteurs de la glycine ; ces derniers étant associés à des organelles sous-synaptiques constituant une micro-machinerie indispensable à la synthèse rapide et à l’insertion de ces récepteurs dans les synapses. 

Dans les années 2000, il passe d’une vision statique des molécules synaptiques à une imagerie dynamique à haute résolution. Il montre alors, avec Daniel Choquet, que les récepteurs des neurotransmetteurs sont mobiles dans le plan de la membrane, dans et hors de la fente synaptique. Il démontre que les récepteurs des neurotransmetteurs sont en équilibre entre sites synaptiques et extrasynaptiques. Associé à des physiciens comme Maxime Dahan, il développe et popularise l’usage des « quantum dots » pour la biologie cellulaire. Cette avancée a fait l’objet d’un article fondateur dans Science, journal qui a considéré cette approche comme l’une des percées technologiques majeures de l’année 2003. De multiples mécanismes moléculaires, dont beaucoup restent encore à découvrir, sont ensuite identifiés comme responsables de la régulation de ces mouvements et de l’accumulation des récepteurs aux synapses. Antoine Triller a été particulièrement productif dans la mise en lumière des mécanismes de l’adressage, de la stabilisation et de la plasticité des récepteurs inhibiteurs. En parallèle à ces nombreuses découvertes expérimentales sur la biologie synaptique, il met en place de puissantes méthodes quantitatives permettant une analyse de la dynamique des récepteurs avec un formalisme dérivé de la mécanique statistique, reliant ainsi la stochasticité des processus moléculaires à la variabilité de la transmission synaptique. 

Depuis le début des années 2000, Antoine Triller a joué un rôle majeur dans l’évolution de la recherche en neurosciences à Paris, en particulier comme créateur en 2010 de l’institut de biologie de l’école normale supérieure (IBENS). Dans cette structure, Il a complètement réorganisé la recherche, en favorisant l’indépendance intellectuelle et économique des équipes. Cela a conduit au recrutement d’une quinzaine d’équipes, sans spécificité thématique à priori, toutes étant impliquées dans des recherches fondamentales ayant pour objet les processus au cœur du vivant. Avec Daniel Louvard et Jacques Prost, il est à l’origine de la Fondation Pierre-Gilles de Gennes dont le but est de promouvoir la fertilisation mutuelle entre biologie, physique et chimie, avec pour objectif des développements bio-médicaux innovants. Sous l’impulsion de Christian Bréchot, il a lancé l’école de l’Inserm avec Philippe Ascher et Jean Claude Chottard. Cette école très originale offre un cursus scientifique spécifique aux meilleurs des étudiants en médecine afin de les immerger dans l’aventure de la recherche scientifique. Enfin, il a été un des acteurs des initiatives d’excellence en promouvant le labex Memolife. Celui-ci associe des laboratoires de recherche en biologie, en physique et en mathématiques, qui abordent un des aspects les plus fascinants du vivant, les processus de la mémoire, des gènes aux réseaux de neurones, en passant par les mécanismes de l’évolution. 

Biographie

Antoine Triller est né le 23 mai 1952 à Neuilly-sur-Seine. Il a mené ses études secondaires dans plusieurs lycées, en terminant par le lycée Henri IV. Ses études supérieures ont eu lieu au CHU Pitié Salpêtrière et à la faculté des sciences Pierre et Marie-Curie à Paris. 

  • Travaille au sein de l’unité de recherche Inserm 3 de neurophysiologie, dirigée par Jean Scherrer, hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris (1976–1983).
  • Attaché assistant de physiologie (1977–1978).
  • Doctorat en médecine, Paris (1978).
  • Attaché de recherche (1979–1983), chargé de recherche (1983–1990), directeur de recherche de deuxième classe (1990–2000), de première classe (2001–2007), puis de classe exceptionnelle (2006) à l’Inserm.
  • Responsable de l’équipe « Ultrastructure et immuno-cytochimie des synapses centrales, organisation de l’appareil sécréteur pré-synaptique. Distribution des récepteurs post-synaptiques. Microscopie confocale et organisation synaptique » dans l’unité Inserm 261 « Biologie cellulaire et moléculaire du neurone », dirigée par Henri Korn à l’Institut Pasteur (1984–1994).
  • Thèse d’Etat, intitulée « Contrainte morphologique de la communication synaptique », université Pierre et Marie-Curie (1985).
  • Responsable du contrat jeune formation Inserm « Biologie cellulaire de la synapse », Ecole normale supérieure (ENS), Paris (1995–1997).
  • Directeur de l’unité Inserm 497 (1998–2005) puis 789 (2006–2009) « Biologie cellulaire de la synapse normale et pathologique », ENS, Paris.
  • Fondateur et directeur de l’institut de biologie de l’école normale supérieure, unité mixte de recherche Inserm 1024/CNRS 8197/ENS « Biologie cellulaire et moléculaire », ENS, Paris, depuis 2010. Il est responsable également de l’équipe « Biologie cellulaire de la synapse » au sein de l’institut.
  • Directeur du laboratoire d’excellence (Labex) « MemoLife », ENS, Paris, depuis 2011. 

Instances scientifiques et de gestion de la recherche

  • Membre de la commission scientifique spécialisée (CSS) de l’Inserm « Neurobiologie, système neuromusculaire » (1991–1994), puis président de la CSS « Neurosciences et santé mentale » (1999–2002).
  • Président du comité scientifique de l’institut de la recherche sur la moelle et l’encéphale (2007–2009).
  • Vice-président (2008–2009), puis président (2010–2012) du conseil scientifique de la Fondation pour la recherche médicale (FRM).
  • Président du comité Atipe-Avenir Inserm/CNRS pour les neurosciences (2008–2009).
  • Membre du Scientific Advisory Board du Max Planck Institute for Brain Research, Frankfort, Allemagne, depuis 2009.
  • Membre du panel de l’European Research Council (ERC) « LS5 Neuroscience Advanced Grant » (2009–2011), puis vice-chairman pour « LS5 Neuroscience Starting Grant ». 
  • Doyen de la recherche de l’université Paris Sciences et Lettres, labellisé institut d’excellence (2012–2015).
  • Membre du « Wellcome Trust Molecular Neuroscience Review Group ». 
  • Membre du Scientific Advisory Board du Center for Interdisciplinary Research in Biology, Collège de France, Paris. 

Sociétés savantes – Académies 

  • Membre du jury du prix Kavli pour les neurosciences de l’Académie des sciences et des lettres norvégiennes.
  • Fondateur avec Daniel Louvard et Jacques Prost, de la Fondation Pierre-Gilles-de-Gennes de recherche transdisciplinaire (2007).
  • Professeur honoraire de l’université de Nuremberg-Erlangen, Allemagne (2007).
  • Membre de l’Académie des sciences – Institut de France (2011).
  • Membre de l’Organisation européenne de biologie moléculaire – EMBO (2013).

Prix – Distinctions 

  • Lauréat de la Fondation pour la recherche médicale (1995).
  • Grand Prix Science et innovation du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives, de l’Académie des sciences (2004).
  • Prix Inserm 2004 de recherche fondamentale.
  • Grand Prix Lamonica de neurologie de l’Académie des sciences, Institut de France (2010).
  • Prix de recherche médicale de l’Association France Alzheimer (2011).
  • Lecture Alfred-Fessard de la Société des neurosciences (2015).