Annick Alpérovitch

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L’essentiel de la carrière d’Annick Alpérovitch a été consacré à l’épidémiologie des maladies neurologiques. Ses travaux ont permis une meilleure connaissance de la fréquence et des facteurs de risque de la sclérose en plaques, de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, du vieillissement cérébral et des maladies qui y sont associées comme la maladie d’Alzheimer ou de Parkinson. 

Ses recherches portent d’abord sur la modélisation de la décision médicale dans l’équipe de Joseph Lellouch de l’unité Inserm 21 Statistiques dirigée par Daniel Schwartz. Elle collabore notamment avec des équipes de réanimation, dont celle de Jean-Roger Le Gall, pour mettre au point le premier indicateur pronostique utilisé en France pour les patients hospitalisés en unité de soins intensifs. 

Au début des années 1980, elle oriente ses recherches vers la neuroépidémiologie, avec la première enquête sur la sclérose en plaques en population générale et l’étude Jumeaux et sclérose en plaques en collaboration avec Olivier Lyon-Caen. 

Études de cohortes sur les pathologies cognitives et vasculaires associées au vieillissement cérébral

Dans la période 1990–2000, son activité est marquée par la conception et le lancement de deux grandes études de cohortes en population générale, sur les pathologies cognitives et vasculaires associées au vieillissement cérébral. Christophe Tzourio et tous les chercheurs de l’unité Inserm 360 qu’elle dirige alors, ont été fortement impliqués dans ces projets conçus comme pouvant être le support d’un réseau de recherches national et international. 

Ainsi, elle a coordonné avec Pierre Ducimetière, l’étude EVA sur l’épidémiologie du vieillissement artériel. Lancée en 1991, EVA a permis notamment de décrire l’évolution de la paroi carotidienne au cours du vieillissement, et de démontrer l’association entre hypertension artérielle, déclin cognitif et lésions vasculaires cérébrales silencieuses en IRM. Cette étude a permis de mieux connaître le rôle de certains facteurs biologiques dans le déclin cognitif. 

En 1999, elle est principale investigatrice de l’étude 3C (ou étude des 3 Cités, conduite à Bordeaux, Dijon et Montpellier) visant à rechercher sur une cohorte de près de 10 000 personnes, l’impact des facteurs vasculaires sur le risque de démence dans la population âgée de 65 ans et plus. Cette cohorte est à la source de plus de 350 publications. Au-delà de tester une hypothèse précise, la liste des publications montre la variabilité des thèmes qui ont été abordés à partir des données recueillies dans l’étude 3C. Cette étude a notamment contribué à la découverte de plusieurs facteurs de susceptibilité génétique. 

Réseau national de surveillance de la maladie de Creutzfeldt-Jakob

Les enjeux de santé publique de ses travaux sur les encéphalopathies subaiguës spongiformes transmissibles (maladie de Creutzfeldt-Jakob et autres maladies à prions) ont été très remarqués. Au sein de l’unité Inserm 360, elle organise le réseau national de surveillance de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, pour transmettre aux institutions de surveillance sanitaire française et européenne les données sur l’épidémiologie de cette maladie. Au début des années 2000, les recherches du laboratoire ont notamment porté sur la prédiction du nombre de cas du nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob dû à l’agent de la maladie de la vache folle. Les résultats obtenus ont été un élément important de l’analyse de risque conduite par les autorités sanitaires et des décisions de sécurité sanitaire qui en ont découlé. 

De nouvelles responsabilités en santé publique

La fin de son mandat de directrice de l’unité 360, lui a donné l’opportunité de développer une nouvelle thématique de recherche pendant son éméritat au sein de l’unité 708 Neuroépidémiologie dirigée par Christophe Tzourio : la pharmacoépidémiologie, qui vise à évaluer l’efficacité, le risque, le bénéfice et l’usage des médicaments. Cette nouvelle orientation a coïncidé avec son mandat de présidente du conseil scientifique de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Elle a été également responsable au cours de cette période (2005–2007) de la coordination de l’Institut virtuel de recherche en santé publique, préfiguration de l’actuel Institut de recherche en santé publique-IRESP. 

Biographie

Annick Alpérovitch est née le 1er mai 1941 à Marseille. Elle a mené ses études secondaires à Marseille, puis en région parisienne et ses études supérieures à Paris. 

  • Doctorat en médecine, faculté de médecine, Paris (1967).
  • Maîtrise de biostatistiques, université Paris 6 (1970).
  • Diplôme d’études et de recherche en biologie humaine-DERBH, option statistique, université Paris 11 (1973).
  • Attachée de recherche (1973), chargée de recherche (1975), directrice de recherche (1980), de classe exceptionnelle (1992), émérite (2006) à l’Inserm.
  • Chercheuse dans l’unité Inserm 21 Statistiques, dirigée par Daniel Schwartz, hôpital Paul-Brousse, Villejuif (1968–1976), puis dans l’unité Inserm 169 Méthodes statistiques et épidémiologiques et étude des maladies chroniques, dirigée par Joseph Lellouch, hôpital Paul-Brousse, Villejuif (1976–1992).
  • Directrice de l’unité Inserm 360 Recherches épidémiologiques en neurologie et psychopathologie, hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris (1992–2004).
  • Coordinatrice de l’Institut de recherche en santé publique, Paris (2005–2006).
  • Chercheuse dans l’unité de recherche Inserm 708 Neuro-épidémiologie, dirigée par Christophe Tzourio, hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris (2005–2013).

Instances scientifiques et de gestion de la recherche 

  • Membre de la commission scientifique spécialisée (CSS) Santé publique, environnement, écologie, écologie parasitaire, biomathématiques, biostatistiques et épidémiologie générale, informatique, économie de la santé (1979–1982), Épidémiologie et santé publique (1980–1983), Vieillissement (1991–1994) et du conseil scientifique (1995–1998) à l’Inserm. 
  • Participation à des instances scientifiques d’agence de surveillance ou de sécurité sanitaire : membre du conseil scientifique de l’Agence nationale pour le développement de l’évaluation en médecine (1990–1995), de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (présidente, 2003–2006), de l’Institut de veille sanitaire (2006–2009), de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (présidente 2012–2018), et de la Commission nationale de l’hémovigilance (vice-présidente 2007–2012).
  • Présidente du conseil scientifique de la Fondation Pierre-Louis pour le développement de la recherche épidémiologique (1995–1997).
  • Membre du Comité interministériel sur les encéphalopathies spongiformes subaiguës transmissibles humaines et animales (1996–2000) et du Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé (2005–2012).
  • Membre du conseil scientifique de la Fondation Plan Alzheimer (2008 ‑2012).
  • Responsable de la coordination de l’Institut virtuel de recherche en santé publique (2005–2007).

Prix – distinctions 

  • Prix de la Fondation Mémain-Pelletier de l’Académie des sciences – Institut de France (2001).
  • Prix de Santé publique, Institut des sciences de la santé, Paris (2003).
  • Officier de la Légion d’honneur (2015).