Alain Puisieux

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Les travaux d’Alain Puisieux concernent l’identification de gènes impliqués dans les prédispositions héréditaires à certains cancers et des mécanismes de progression tumorale, impliquant l’échappement aux systèmes de sauvegarde cellulaire. 

Au cours de sa thèse préparée à la fin des années 1980, à Boston, Alain Puisieux étudie les mécanismes moléculaires de la formation des cancers du foie. Il identifie ainsi une altération spécifique du gène suppresseur de tumeur p53 dans des cancers du foie, qui est due à l’aflatoxine B1, un carcinogène chimique. Cette mutation particulière est considérée aujourd’hui comme la première signature moléculaire d’un carcinogène mise en évidence dans les cancers humains. 

Il choisit de poursuivre ses travaux sur les prédispositions héréditaires et les mécanismes moléculaires du cancer, en rejoignant le centre Léon-Bérard à Lyon. Il développe notamment les tests de prédisposition héréditaire au cancer du côlon non polyposique, impliquant des mutations de gènes de réparation des mésappariements de l’ADN (gènes mismatch repair ou gènes MMR : MSH2, MLH1, MSH6). Au-delà de l’activité de transfert et de l’activité clinique qui sont nées de cette démarche, il a été le premier avec son équipe à identifier des personnes présentant des mutations homozygotes des gènes MMR. Ces individus présentent une très forte prédisposition à développer des cancers solides et d’origine hématopoïétique, et des signes cliniques de neurofibromatose de type 1. Cette caractérisation a conduit à la définition d’un nouveau syndrome de prédisposition aux cancers, associé au syndrome de Turcot : le Mismatch repair cancer syndrome. 

Les travaux actuels de l’équipe d’Alain Puisieux et de Stéphane Ansieau portent sur les mécanismes moléculaires permettant à un organisme de se protéger du développement d’une pathologie cancéreuse. Lorsqu’une cellule commence à proliférer de manière incontrôlée, des processus normaux permettent de la pousser au suicide (un phénomène connu sous le nom d’apoptose), ou de provoquer son vieillissement de manière accélérée (état de sénescence prématurée), favorisant ainsi son élimination par le système immunitaire. On sait aujourd’hui que la défaillance ou la neutralisation de ces systèmes de sécurité joue un rôle déterminant dans l’émergence de cellules cancéreuses. Leur intérêt se porte sur le rôle joué par la réactivation aberrante de programmes embryonnaires impliqués dans la transition épithélium-mésenchyme. Ils ont démontré que certains gènes, dont les fonctions sont normalement restreintes à la vie embryonnaire, se trouvent anormalement activés dans de nombreux cancers et contribuent à l’inhibition des systèmes de sécurité que sont l’apoptose et la sénescence, favorisant ainsi la prolifération de cellules à risque et le développement de tumeurs. Ils ont notamment démontré, dans les modèles du cancer du sein et du mélanome, que Twist1, un facteur de transcription inducteur de transition épithélium-mésenchyme, est capable d’inhiber le processus de sénescence prématurée en réponse à une activation aberrante des oncogènes ErbB2 ou Ras. De plus, au cours de la progression tumorale, ces facteurs permettent aux cellules de se détacher de la tumeur, d’envahir les tissus avoisinants et de disséminer à travers l’organisme, augmentant ainsi le risque de voir émerger des tumeurs secondaires (les métastases). Leur principal objectif est donc de mieux comprendre les mécanismes conduisant à l’activation anormale de ces gènes, pour tenter, à plus long terme, d’en neutraliser les fonctions et de développer ainsi de nouvelles approches thérapeutiques. 

Alain Puisieux a été directeur de la recherche du centre Léon-Bérard (2004–2010) à Lyon, qui est à la fois un centre de recherche et un hôpital spécialisé en cancérologie. Il a également porté le projet de création du centre de recherche en cancérologie de Lyon, dont il assure la direction depuis 2011. Ce centre est organisé en trois départements sur les processus de progression tumorale (échappement tumoral, flux d’information dans la cellule cancéreuse et immunité, micro-environnement, virus). Avec Stéphane Ansieau, il travaille sur « Echappement aux systèmes de surveillance et plasticité cellulaire ».

Biographie

Alain Puisieux est né le 23 juin 1964 à Paris. Il a mené ses études secondaires et supérieures à Paris. 

  • Etudes en pharmacie à la faculté de pharmacie de Chatenay-Malabry (1982–1986).
  • Internat de biologie des hôpitaux de Paris, avec obtention des diplômes d’études spécialisées de biologie médicale (biochimie, hématologie, bactériologie, immunologie, virologie, parasitologie).
  • Diplôme d’études approfondies de la cellule normale et pathologique de l’université de Paris VI (1987–1988).
  • Stage doctoral au Massachusetts General Hospital de Boston, Harvard Medical School, Etats-Unis (1989–1991).
  • Doctorat d’Etat de l’université René-Descartes de Paris V, dont la thèse s’intitule « Altérations du gène suppresseur de tumeur p53 et hépatocarcinogenèse » (1993).
  • Stage post-doctoral au laboratoire d’oncologie moléculaire chez Mehmet Ozturk, au centre Léon-Bérard à Lyon (1992–1996).
  • Biologiste des centres de lutte contre le cancer au centre Léon-Bérard à Lyon (1996).
  • Professeur des universités, faculté de pharmacie, Lyon I (1999).
  • Directeur du laboratoire de recherche translationnelle du centre Léon-Bérard (1997–2009).
  • Directeur de l’unité Inserm 590 « Oncogenèse et progression tumorale », centre Léon-Bérard à Lyon (2003–2010).
  • Directeur de la recherche du centre Léon-Bérard (2004–2010)..
  • Directeur du centre de recherche en cancérologie de Lyon, unité mixte de recherche Inserm 1052/CNRS 5286 depuis 2011, qui regroupe 17 équipes localisées sur plusieurs sites (centre Léon-Bérard, centre Inserm Albert-Thomas et faculté de médecine et de pharmacie Rockefeller). 
  • Directeur adjoint du site de recherche intégré sur le cancer de Lyon depuis 2011, labellisé par l’Institut national du cancer. 

Instances scientifiques et de gestion de la recherche

  • Membre du comité de pilotage scientifique et du conseil d’administration de la fondation de coopération scientifique « Synergie Lyon Cancer » (réseau thématique de recherche et de soins).
  • Membre du conseil d’administration du comité de l’Ain de la Ligue contre le cancer.
  • Membre du comité stratégique recherche du groupe Unicancer.
  • Vice-président de la commission nationale ARC « Signalisation et métabolisme cellulaire : cibles thérapeutiques et pharmacologie ».
  • Membre du comité d’évaluation en recherche translationnelle de l’Inserm.
  • Membre du conseil scientifique de l’Institut de génétique moléculaire de Montpellier, de l’Institut de recherche en cancérologie de Montpellier, de l’Institut Curie-Orsay, et de l’International Agency for Research on Cancer.
  • Membre du Research Grant Council de Hong-Kong.

Sociétés savantes – Académies

  • Membre correspondant de l’Académie nationale de pharmacie (depuis 2009).
  • Membre de l’Institut universitaire de France (depuis 2010).
  • Membre correspondant de l’Académie nationale de médecine (2011).
  • Membre de l’Editorial Board des revues European Journal of Cancer and Critical Reviews in Oncology/Hematology : Incorporating Geriatric Oncology.

Prix – distinctions 

  • Prix de l’université de Paris XI (1983, 1984).
  • Prix de thèse de doctorat d’Etat de l’université Paris V (1993).
  • Prix de la Ligue de lutte contre le cancer de la Drôme (1995).
  • Prix Raymond-Rosen de la Fondation pour la recherche médicale (2009).
  • Prix Eurocancer – Key note lecture (2009).
  • Prix de l’université Claude-Bernard Lyon 1 (2010).
  • Prix de l’European Association for Cancer Research. Proffered paper award (2012).
  • Chevalier dans l’Ordre des palmes académiques (2012).