Alain Prochiantz

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Alain Prochiantz travaille dans le domaine de la neurobiologie moléculaire, notamment sur les processus de morphogenèse et de différenciation cellulaire nerveuse impliquant les homéoprotéines, des protéines qui déterminent le plan d’organisation d’un être vivant. 

La contribution scientifique principale de son laboratoire est la découverte d’un nouveau mode de signalisation par transfert intercellulaire des facteurs de transcription de la classe des homéoprotéines et l’étude du rôle de cette signalisation au cours du développement et chez l’adulte. À partir de l’analyse du mécanisme de transfert de ces protéines, son laboratoire a découvert les premiers peptides capables de traverser les membranes et de servir de vecteurs pour l’adressage intracellulaire de substances pharmacologiques. 

Après sa thèse dans le domaine de la traduction génétique en 1976, il s’oriente vers la neurobiologie en travaillant avec Jacques Glowinski au Collège de France sur le développement et la maturation in vitro des neurones dopaminergiques du mésencéphale. Son laboratoire ayant déménagé à l’École normale supérieure, il s’intéresse alors aux signaux moléculaires responsables de certains processus de morphogenèse neuronale et souligne en particulier, dès 1991, le rôle dans ces phénomènes, de certains facteurs de transcription à homéo-domaine (ayant un domaine de fixation à l’ADN spécifique de la famille des homéoprotéines). Il propose que des cascades de régulation de gènes encodant les homéoprotéines, dont les gènes homéotiques (notamment, les gènes de la famille Hox), participent à de nombreuses étapes de la différenciation neuronale, telle par exemple la croissance des neurites et l’établissement de la polarité neuronale. Cependant, allant à l’encontre d’un certain nombre de connaissances, voire de dogmes, dans le domaine de la biologie moléculaire, il rapporte que plusieurs homéo-domaines, mais aussi des homéoprotéines entières, comme la protéine Hox5, sont internalisées par les cellules. 

Il émet alors l’hypothèse d’une signalisation par transfert intercellulaire d’homéoprotéine, ce qui implique la sécrétion et l’internalisation de ces facteurs avec des effets sur le développement et la physiologie des cellules receveuses. Pour le démontrer, il s’intéresse avec son équipe à trois homéoprotéinesEngrailed, Pax6 et Otx2 impliquées dans la morphogenèse et la physiologie de structures cérébrales spécifiques. A la suite de travaux préliminaires démontrant que ces facteurs de transcription sont effectivement sécrétés dans le milieu extracellulaire et capturés par des neurones en coculture, son équipe démontre l’implication du transfert de ces trois protéines dans la migration cellulaire, le guidage axonal et la plasticité cérébrale. La grande conservation des séquences de sécrétion et d’internalisation et la démonstration du transfert intercellulaire pour une dizaine de ces facteurs de transcription suggèrent que cette propriété de transfert et de signalisation pourrait être étendue aux quelques 200 homéoprotéines encodées dans le génome. Par ailleurs, Alain Prochiantz et son équipe se sont appuyés sur les propriétés « passe-membrane » d’Engrailed et Otx2 pour les utiliser comme protéines thérapeutiques dans des modèles murins de la maladie de Parkinson et du glaucome. 

Alain Prochiantz poursuit des travaux en génétique du développement, qui visent à comprendre l’évolution de la complexité morphologique des organismes et les mécanismes de leur développement. Il oriente ses recherches vers les aspects physiologiques de ses découvertes moléculaires fondamentales, notamment pour la compréhension des processus de plasticité neuronale, de migration cellulaire et de guidage axonal. 

L’ensemble des travaux d’Alain Prochiantz sur la morphogenèse cérébrale lui a valu de recevoir le grand prix Inserm 2011. Il est aussi l’auteur de nombreux ouvrages destinés à un public plus large, notamment sur le cerveau, et participe à des mises en scène de théâtre à caractère scientifique. Avec l’auteur et metteur en scène Jean-François Peyret, ils ont écrit plusieurs pièces de théâtre : la Génisse et le pythagoricien (2002), Les variations Darwin (2005) et Ex vivo/in vitro (2011).

Biographie

Alain Prochiantz est né le 17 décembre 1948 à Paris. Il a mené ses études secondaires et supérieures à Paris. 

  • École normale supérieure (ENS), Paris (1969–1972).
  • Pré-doctorant, Institut Jacques-Monod, université Paris VII (1969–1971).
  • Docteur es sciences, université Paris VII, France, et Massachusetts Institute of Technology (MIT), Cambridge, Etats-Unis (1971–1976), dont la thèse s’intitule « Partie 3′ terminale de l’ARN du virus de la mosaïque jaune du navet – étude enzymatique – étude structurale ».
  • Post-doctorant au Collège de France (1976–1980).
  • Stagiaire de recherche (1973–1977), chargé de recherche (1978–1981), directeur de recherche (1982–2007) au CNRS.
  • Responsable d’équipe dans l’unité Inserm 114 « Neurobiologie et neuropharmacologie », dirigée par Jacques Glowinski, Collège de France, Paris (1981–1984).
  • Professeur à l’Ecole polytechnique, Paris (1984–1987).
  • Année sabbatique chez Michael Shelanski, School of Medicine, New York University (1985–1986).
  • Responsable d’équipe dans l’unité Inserm 114 au Collège de France (1986–1989).
  • Directeur de l’unité CNRS 8542 « Développement et évolution du système nerveux » à l’Ecole normale supérieure (ENS) à Paris (1990–2001).
  • Directeur des études doctorales en neuropharmacologie, université Pierre et Marie Curie (1996- 2004).
  • Directeur-adjoint de l’unité CNRS 8542 « Développement et évolution du système nerveux » à l’ENS (2002–2005).
  • Directeur du département de biologie de l’ENS (2002–2005).
  • Directeur de l’unité CNRS 542 « Développement et évolution du système nerveux » à l’ENS et au Collège de France (2006–2009).
  • Professeur titulaire de la chaire des Processus morphogénétiques au Collège de France depuis 2007.
  • Directeur de l’unité CNRS 7233 « Développement et évolution du système nerveux » à l’ENS et au Collège de France (2010).
  • Professeur adjoint au Korean Institute for Science and Technology, KAIST University, Corée du Sud depuis 2010.
  • Directeur de l’unité mixte de recherche Inserm 1050/CNRS 7241 « Processus morphogénétiques », Collège de France, Paris depuis 2011. Au sein du centre de recherche interdisciplinaire en biologie – CIRB, depuis 2010 
  • Administrateur du Collège de France depuis le 1er septembre 2015

Instances scientifiques et de gestion de la recherche

  • Membre de la section « Interactions cellulaires » du CNRS (1987–1994).
  • Membre du Human Frontier Science Program, Brain committee (1991–1994).
  • Président du comité de la maladie de Parkinson, Fondation de France (2001–2004).
  • Membre du comité scientifique du Téléthon italien (2001–2005).
  • Président du conseil scientifique (2006–2008), puis du comité de la recherche (depuis 2009) de la Fondation pour la recherche médicale (FRM).

Sociétés savantes – Académies

  • Membre de l’Académie des sciences – Institut de France (2003).
  • Membre du Centre for the study of bioscience, biomedicine, biotechnology and Society, London School of Economics.
  • Editeur associé des journaux : J Neurochem (1990–1995), Mol Cell Neurosci (2007–2009).
  • Membre de Faculty of 1000 (2005).
  • Editeur associé des journaux : J Neurochem (1990–1995), Mol Cell Neurosci (2007–2009).

Prix – distinctions 

  • Prix Athéna AGF de l’Institut de France (2001).
  • Grand Prix Inserm (2011).