La science des sommets

Reportage sur les travaux conduits par le laboratoire Hypoxie Physiopathologie de Grenoble. Direction l’aiguille du Midi, pour mieux comprendre comment fonctionne l’organisme à près de 4 000 mètres d’altitude...

Suspendu à 70 mètres dans le vide, dans un téléphérique, Alexis est en route pour une drôle d’expérience : il est volontaire pour participer à une étude scientifique menée à l’aiguille du Midi, dans les Alpes, à 3 842 mètres d’altitude ! Autour de lui, le Petit Dru, les aiguilles et le mont Blanc, toit de l’Europe occidentale avec ses 4 809 mètres. Un paysage à couper le souffle. Mais pas seulement pour la beauté des lieux : là, l’effet de l’altitude se fait déjà sentir. La pression y est plus faible qu’au niveau de la mer. Résultat : chaque bouffée d’air contient moins d’oxygène (O2). Pour compenser le manque, la fréquence respiratoire augmente. Bref : on s’essouffle. Les spécialistes parlent d’hypoxie.

Chaque individu, indépendamment de son état de forme, supporte différemment l’altitude : chaque année, des milliers d’alpinistes développent ainsi un mal aigu des montagnes, une maladie qui peut parfois être fatale. Le sommeil peut aussi être altéré par l’hypoxie : la respiration, qualifiée de périodique, se ponctue d’apnées et de micro-réveils. Pour passer de meilleures nuits, certains alpinistes prennent des somnifères. Quels sont les effets de ces médicaments sur leurs capacités cognitives et physiques lorsqu’ils s’élancent quelques heures plus tard pour l’ascension de sommets, ce qui nécessite une vigilance et une forme physique optimales ? En étudiant le sommeil de 24 volontaires en haute altitude de juillet à octobre 2016, l’expérience menée par le laboratoire Hypoxie Physiopathologie de Grenoble et dirigée par Samuel Vergès, chercheur Inserm, et Pierre Bouzat, médecin au CHU de Grenoble, tente de répondre à ces questions. 

Reportage à retrouver dans le magazine Science&Santé n°33