Activité physique et maladies chroniques, le duo gagnant

Fidèle à sa mission d’apporter un éclairage scientifique sur les grandes thématiques actuelles de santé, l’Inserm vient de publier une nouvelle expertise collective commanditée par le ministère des Sports. Ses conclusions sont sans appel : l’activité physique est un véritable « médicament » de prévention et de soin des maladies chroniques. Rencontre avec Laurent Fleury, responsable du pôle, et Catherine Chenu, coordinatrice de cette expertise collective.

Dans quel contexte s’inscrit cette expertise et comment ont travaillé les experts ?

Catherine Chenu : Un groupe pluridisciplinaire de dix experts a été mobilisé et a analysé environ 2 000 références bibliographiques sur une dizaine de maladies chroniques les plus fréquentes : maladies cardiovasculaires, cancers, troubles respiratoires, diabète… 

Laurent Fleury : Les experts se sont intéressés à l’activité physique et non au sport, une distinction essentielle. En effet, il n’est ici pas question de compétitions ou de recherche de performance mais bien d’une activité physique adaptée en fonction de chaque patient et de sa pathologie. Les experts sont également partis d’un constat : avec le vieillissement de la population et l’allongement de l’espérance de vie, le nombre de personnes atteintes d’une ou de plusieurs maladies chroniques ne cesse de s’accroître.

Quels sont les principaux enjeux et recommandations de cette expertise ?

L. F. : Les progrès de la biologie et de la médecine nous ont appris que les maladies chroniques entraînent un déconditionnement musculaire. Ce mécanisme se traduit principalement par une perte de masse et de force musculaire, une fatigabilité accrue, une diminution de l’activité physique, des symptômes dépressifs… tout cela aggrave la pathologie et diminue l’espérance de vie. Nous savons également que les bénéfices d’une activité physique l’emportent sur les risques encourus, pour toutes les maladies chroniques étudiées. 

C. C. : L’enjeu est donc, comme pour tout traitement thérapeutique, d’en préciser les bénéfices et surtout les modalités de mise en pratique. Concrètement, quels types de programmes proposer en fonction des spécificités des maladies ? Comment construire les conditions d’une pratique durable et adaptée, inscrite dans le parcours de soin, en favorisant l’autonomie des personnes et en prenant en compte leur environnement social ? 

Et quelles retombées peut-on en attendre ?

L. F. : Cette expertise est publiée alors même que plusieurs plans concernant l’activité physique et la santé sont en cours, notamment le projet de Stratégie nationale sport santé. Par ailleurs la loi de modernisation du système de santé a introduit, depuis 2016, la possibilité pour les médecins généralistes de prescrire une activité physique aux personnes qui souffrent d’une affection de longue durée. C’est donc une prise de conscience collective qui est à l’œuvre ainsi qu’un changement de regard sur les patients. 

C. C. : L’activité physique peut jouer un rôle central dans l’appropriation de leur maladie, et la mise en place de changements de comportements. L’enjeu majeur est de motiver les patients et de favoriser l’engagement, l’adhésion et le maintien d’une pratique d’activité physique régulière. Nous sommes convaincus que cette expertise renforcera les projets de recherche et de formation de tous les acteurs concernés. 

Un article à retrouver dans le prochain numéro du magazine de l’Inserm