Yves Lévy dresse la feuille de route 2018 de l’Inserm

Le Professeur Yves Lévy, Président-directeur général de l’Inserm, a présenté ses vœux pour l’année 2018 lors d’une cérémonie organisée à Paris le 16 janvier 2018. L’occasion de dresser un bilan des actions accomplies et d’annoncer les grandes actions qui seront conduites au cours de l’année à venir.

A mi-parcours du plan stratégique 2016–2020 de l’Institut, « beaucoup a déjà été accompli, parmi les actions innovantes que nous avions proposées », s’est réjoui Yves Lévy, Président-directeur général de l’Inserm, lors d’un discours prononcé dans le cadre de la cérémonie des vœux pour l’année 2018. « Cette nouvelle année ne verra pas ralentir les ambitions de l’Inserm, bien au contraire. » 

Thérapie génique et variabilité génétique

Yves Lévy
Yves Lévy @ Inserm / Mehrak

Sur le plan scientifique et technologique, les accélérateurs de recherche technologique (ART) et les programmes transversaux sont désormais des modalités clés de mobilisation de l’Inserm. 

Les ART visent à accélérer la recherche technologique et à mettre les technologies innovantes qui en sont issues à la disposition des équipes de recherche. Deux de ces programmes sont déjà en place. Grâce à l’ART ultrasons, cinq laboratoires reçoivent actuellement des équipements innovants en neuroimagerie et vont être accompagnés dans la mise en place de leurs projets. Parallèlement d’autres projets sont développés par l’ART, par exemple dans l’imagerie fonctionnelle cérébrale des nouveaux nés. Le deuxième ART, portant sur la bio-impression, a été inauguré en octobre dernier à Bordeaux. Quatre projets pilotes sont développés et l’ART est mis à contribution dans le cadre du groupe de travail Aviesan sur les approches alternatives à l’expérimentation animale. 

Début 2018, un nouvel ART dédié à la thérapie génique sera lancé à Evry. Il va permettre le développement de nouveaux vecteurs viraux, de technologies de bioproduction et d’outils d’édition du génome. L’objectif : accélérer le transfert de preuves de concept issues des laboratoires de l’Inserm vers la clinique. 

Les programmes transversaux sont une autre innovation du plan stratégique en cours. « Ils nous permettent de tirer parti de notre positionnement national pour relever des défis scientifiques trop importants pour des équipes isolées ». Les deux premiers programmes mis en place, sur le vieillissement (AgeMed) et sur le microbiote, se développent très positivement. Un troisième programme, sur la variabilité génétique en population générale, démarrera cette année. Couplé au Plan France Médecine Génomique 2025 et à la cohorte Constances, il permettra de constituer et d’exploiter une base de connaissance unique associant une cartographie génomique de la population avec un suivi longitudinal. 

Vers un réseau mondial

« Le rayonnement européen et international de l’Inserm, fondé sur des partenariats à haute valeur stratégique reste l’un de nos objectifs majeurs », a rappelé Yves Lévy. 

Mise en place de deux laboratoires européens associés (LEA) avec le Royaume-Uni, signature d’un accord de coopération avec l’Université de Leiden, coordination de grands projets européens*, forte implication dans la gouvernance de nombreuses initiatives européennes d’importance** : en 2017, l’Inserm a activement participé à la construction de l’Espace européen de la recherche. Ces actions de coopération se poursuivront bien évidement en 2018, avec pour commencer la signature d’un accord-cadre entre le plan France Médecine Génomique 2025 et le programme Genomics England.

En Chine, alors que vient d’être inauguré le laboratoire de haute sécurité biologique P4 de Wuhan, conçu sur le modèle du P4 Inserm Jean Mérieux à Lyon, la coopération en matière de prévention et de contrôle des maladies infectieuses émergentes va se poursuivre. Les deux nations devraient en outre construire de nouveaux projets scientifiques autour des thèmes de l’intelligence artificielle et de la silver économie. Concernant ce dernier thème, la collaboration franco-chinoise devrait s’appuyer sur la recherche menée par l’Inserm. 

Si l’on ajoute à cela les programmes en cours ou à venir sur des thèmes tels que « santé et environnement » (avec le NCSE), « dépendance aux drogues » (avec NIDA) aux Etats-Unis, « recherche vaccinale » et « recherche sur les maladies infectieuses émergentes » en Afrique ainsi que toutes les actions du réseau ANRS, il apparaît que le développement international de l’Inserm devient particulièrement dense. Pour lui permettre de gagner en visibilité, Yves Lévy a annoncé la création et le déploiement d’un réseau mondial Inserm.

Au cœur des défis sociétaux

En France, l’Inserm joue un rôle majeur dans la coordination de la recherche en santé. Le Plan France Médecine Génomique 2025 sera au centre de nombreuses actions de l’année 2018. Mais plusieurs nouvelles missions ont été ou seront prochainement confiées à l’Institut. Au cours des Etats généraux de l’alimentation, le Premier ministre a exprimé le besoin d’une expertise de l’Inserm sur les pesticides et l’impact des molécules utilisées dans le monde agricole. Les ministères de la Recherche, de la Santé et de la Transition écologique ont quant à eux sollicité l’Institut pour la préparation du quatrième Plan national Santé et environnement. l’Inserm doit en outre préparer la mise en place d’un Plan national de recherche en santé publique et la définition du troisième Plan maladies rares. « Le gouvernement ne s’y trompe pas, il a besoin de nous et de notre capacité à mobiliser nos forces ». 

Ces projets et ces ambitions, l’Inserm ne les portera pas seul, mais dans le cadre d’un politique de site, coordonnée avec les autres acteurs publics et industriels de la recherche biomédicale en France L’Institut devra par ailleurs s’appuyer sur un budget et un niveau de recrutement des chercheurs, ingénieurs et technicien stables par rapport à 2017. « Nous sommes à un croisement de plusieurs préoccupations qui touchent nos concitoyens : la santé, l’éthique, la recherche, l’innovation… Ensemble, nous pouvons revendiquer la fierté d’améliorer sans cesse un formidable outil au service de la science et de la collectivité », a conclu Yves Lévy. 

Notes :

*HBM4EU, EU-JAMRAI, Joint Action on vaccine hesitancy

**ICPerMed, EDCTP, JPND, JPIAMR, EIT Health