Vers une méthode non invasive pour prélever les cellules souches du tissu adipeux

Obtenir des cellules souches issues du tissu adipeux sans passer par une biopsie semble désormais envisageable : des chercheurs de l’Inserm et du CNRS viennent de montrer, chez la souris, qu’il est possible de provoquer la migration de ces cellules vers la circulation.

Des chercheurs toulousains(1) viennent de démontrer que les cellules souches du tissu adipeux, des cellules qui présentent un intérêt important pour le développement de la médecine régénérative, sont capables de quitter leur tissu d’origine et de migrer vers la circulation. Il devient ainsi beaucoup plus simple de les récolter pour les étudier et les utiliser dans le cadre de thérapies cellulaires. 

Longtemps relégué au rang de tissu inerte puis de tissu seulement impliqué dans le contrôle du métabolisme énergétique, le statut du tissu adipeux est en train de considérablement se modifier : en effet, il a récemment été montré que le tissu adipeux des mammifères peut produire l’ensemble des cellules qui constituent le sang, en particulier les cellules de l’immunité innée. 

Des cellules non différenciées, outils pour la médecine régénérative

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© Inserm, Christophe Merceron Cellules souches

Il est apparu que le tissu adipeux des mammifères est non seulement constitué d’adipocytes matures, mais aussi d’une population de cellules non différenciées (ou ASC pour Adipose Stromal Cells) retrouvée en quantité importante. Ces cellules présentent la surprenante capacité de se différencier en différents types cellulaires et possèdent des activités paracrines(2) et immunomodulatrices très importantes. Ces caractéristiques font d’elles un outil très étudié dans le domaine de la médecine régénérative. Mais à ce jour, l’utilisation de ces cellules suppose une biopsie de tissu adipeux, puis l’isolement de cette population cellulaire à partir de l’échantillon de tissu prélevé. 

Les travaux de l’équipe toulousaine pourraient changer la donne : ils montrent que, au moins chez la souris, le tissu adipeux peut libérer ses cellules souches via la voie lymphatique. Mieux encore, cette libération peut être déclenchée par des agents pharmacologiques. Ces résultats obtenus in vivo ont pu être confirmés ex vivo grâce à l’association originale de techniques de microperfusion d’un dépôt adipeux et de techniques de cytométrie de flux.

Il est donc désormais possible d’envisager des stratégies non invasives pour prélever les cellules souches du tissu adipeux. Ces travaux révèlent en outre que la moelle osseuse n’est pas le seul tissu capable de libérer physiologiquement des cellules souches. 

Notes :
(1) Cette étude menée par Marta Gil-Ortega, sous la responsabilité de Coralie Sengenès, est le résultat d’une collaboration entre l’équipe « Plasticité des tissus adipeux » dirigée par Louis Casteilla au StromaLab (UMR Université Toulouse III – Paul Sabatier/CNRS/Inserm/EFS Pyrénées-Méditerranée 5273, 1031) et celle d’Anne Bouloumié de l’Institut des maladies métaboliques et cardiovasculaires (UMR 1048 Inserm/UPS).
(2) La communication paracrine est un mode de communication entre cellules qui implique des messagers chimiques. Ces derniers agissent dans le voisinage de la cellule qui les a synthétisés. 

Source :
M. Gil-Ortega et coll. Native Adipose Stromal Cells (ASCs) Egress from Adipose Tissue in vivo : Evidence During Lymph Node Activation. Stem CellsEdition en ligne du 26 mars 2013