Le sentiment de confiance accompagne l’apprentissage

La capacité d’un individu à évaluer sa confiance en une connaissance est associée à un meilleur apprentissage. Comme si les deux étaient intimement liés. C’est ce que montre une équipe Inserm qui a décidé de pousser plus loin ses investigations pour mieux comprendre les mécanismes de l’apprentissage.

L’apprentissage est souvent accompagné du sentiment de « savoir » : il révèle la confiance que l’individu a en sa nouvelle connaissance. Des chercheurs* ont analysé et quantifié ce sentiment de confiance au cours de tâches d’apprentissage. Ils ont en outre suivi son évolution lors de changements environnementaux impliquant la modification d’une connaissance considérée comme acquise. Les résultats de leurs travaux confirment bien le lien entre confiance et savoir, permettant de mieux comprendre les « recettes » d’un apprentissage réussi.

Un modèle de calculs probabilistes

Pour parvenir à ses résultats, les chercheurs ont recruté 18 individus, plutôt jeunes et d’intelligence normale. Ils les ont exposés à des images ou des sons diffusés aléatoirement mais avec une certaine probabilité. Comprenez que le son A était par exemple suivi par un autre son A dans 80% des cas, et par un son B dans les 20% des cas restants. Après quelques minutes d’entraînement, les volontaires étaient capables d’estimer la probabilité de voir tel ou tel son arriver et pouvaient indiquer le niveau de confiance qu’ils avaient en leur réponse grâce à une échelle dédiée. 

Au terme d’une première phase d’étude, les chercheurs changeaient les probabilités régulant la diffusion des signaux sans en informer les volontaires, mettant à mal leurs calculs probabilistes. Et le niveau de confiance des sujets envers leur réponse était alors de nouveau évalué. Et cela, à plusieurs reprises pendant 45 à 60 minutes. 

Un cerveau statisticien

Les données ainsi obtenues montrent que la confiance du sujet augmente au sein des périodes stables et chute quand un changement amène à réviser ce qu’il avait appris jusque-là. Le sujet tient donc compte des nouvelles données de l’environnement pour adapter et revoir ses connaissances. Cela s’accompagne d’une évolution du niveau de confiance parfaitement quantifiable. « Ces changements de confiance correspondent fidèlement aux propriétés statistiques des données de l’environnement que l’on peut calculer mathématiquement. Plus un individu était exact dans le calcul de la probabilité de voir apparaître tel ou tel signal, plus son niveau de confiance en sa réponse était également exact du point de vu mathématique », explique Florent Meyniel, coauteur des travaux. Le cerveau agit donc comme un statisticien qui traque les informations disponibles et prend en compte les incertitudes qui lui sont associées. Et ce phénomène concoure à l’apprentissage. « Peut être que le fait de perdre en confiance déclenche une attention ou une vigilance particulières qui permettent d’intégrer de nouvelles données » suggère-t-il. 

Pour mieux comprendre cette dimension de confiance, les chercheurs ont décidé de pousser plus loin leurs investigations : ils étudient à présent les bases cérébrales de la confiance grâce l’IRM fonctionnelle. « Nous analysons les réseaux cérébraux impliqués dans la détermination du niveau de confiance en une connaissance. Cela devrait nous permettre de mieux comprendre les différentes composantes liées à l’apprentissage », conclut le chercheur. 

Note

*unité 992 Inserm/CEA, NeuroSpin, Gif-sur-Yvette 

Source

F. Meyniel et coll. The Sense of Confidence during Probabilistic Learning : A Normative Account. PLoS Comput Biol, 15 juin 2015