Contraception

À chacun et chacune sa méthode

En France, lors d’une enquête conduite en 2016, plus de 7 femmes sur 10 en âge de procréer − et leurs partenaires masculins − étaient concernés par la contraception, c’est-à-dire par l’utilisation de moyens pour réduire le risque d’une grossesse non souhaitée. Différentes méthodes sont aujourd’hui à leur disposition. Leur efficacité, leur sécurité, ou encore l’utilisation qui en est faite, font l’objet de travaux de recherche en biologie et surtout en sociologie. L’objectif : que chacun et chacune puissent trouver la contraception qui lui convient. 

Dossier préparé en collaboration avec Samir Hamamah, responsable de l’unité de biologie de la reproduction du CHU de Montpellier (unité Inserm 1203, Développement embryonnaire précoce humain et pluripotence, Montpellier), Nathalie Bajos, directrice de recherche à l’IRIS (Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux – Sciences sociales, politique, santé – unité Inserm 997) et Mireille le Guen, démographe à l’Institut national d’études démographiques.

En France, selon le dernier Baromètre santé, 92 % des femmes en âge de procréer qui ne désirent pas de grossesse utilisent un moyen de contraception. Si ces méthodes permettent avant tout de réduire le risque de grossesses non désirées, certaines offrent en outre d’autres bénéfices : les préservatifs protègent des infections sexuellement transmissibles, et plusieurs moyens de contraception hormonale ont un impact positif sur les règles douloureuses ou sur certains symptômes d’hyperandrogénie tels que l’acné.

Les moyens de contraception existants

Les moyens de contraception actuellement disponibles sont assez nombreux et, mise à part la ligature des trompes et la vasectomie (stérilisation à visée contraceptive, voir plus loin) qui sont uniquement autorisées pour les personnes majeures, ils peuvent tous être utilisés dès l’adolescence.


À savoir : Certaines marques de préservatifs sont désormais délivrées gratuitement en pharmacie au moins de 26 ans. Les jeunes filles et femmes de moins 26 ans ont en outre un accès gratuit à la plupart des autres moyens de contraception, y compris à la consultation nécessaire à leur prescription et aux actes qui y sont liés, comme de potentiels examens biologiques. Pour en savoir plus



Peu d’options pour les hommes

La plupart des moyens contraceptifs aujourd’hui disponibles s’adressent aux femmes. Il n’existe en effet pour l’instant que trois formes de contraception masculine : le retrait (ou coitus interruptus, une méthode peu efficace qui consiste à interrompre le rapport sexuel avant l’éjaculation), la vasectomie (une intervention chirurgicale qui doit être considérée comme irréversible) et le préservatif masculin. D’autres moyens de contraception masculine sont à l’étude (voir plus loin).


Des études permettent d’évaluer l’efficacité théorique des moyens de contraception lorsqu’ils sont utilisés de façon optimale, ainsi que leur efficacité réelle qui prend en compte les risques de mauvaise utilisation. L’efficacité théorique est mesurée par l’indice de Pearl, qui correspond au nombre de grossesses accidentelles pour 100 femmes qui ont utilisé un moyen contraceptif de façon optimale, sur 12 mois. L’écart entre efficacité théorique et efficacité réelle est nul avec certains moyens comme l’implant ou le dispositif intra-utérin (DIU, également nommé stérilet). Mais il peut être assez important, par exemple avec la pilule ou le préservatif : environ 8 % à 10 % des naissances en France résultent d’un échec de contraception chez les utilisateurs et les utilisatrices de ces deux méthodes, avec un risque supérieur chez les femmes jeunes, celles qui ont déjà plusieurs enfants, et dans un contexte social désavantagé. Le risque d’échec contraceptif est encore plus important avec des méthodes telles que le retrait ou l’abstinence périodique.

Les moyens de contraception hormonale

Différents moyens de contraception destinés aux femmes se fondent sur l’administration d’hormones qui vont bloquer l’ovulation, densifier la glaire cervicale pour empêcher le passage des spermatozoïdes dans l’utérus et/ou amincir l’endomètre pour empêcher l’implantation d’un ovule fécondé.

Certains délivrent une hormone de la famille des progestatifs (implant, dispositif intra-utérin, certains contraceptifs oraux ou injectables), alors que d’autres associent un progestatif et un œstrogène (certains contraceptifs oraux ou injectables, anneau vaginal, patch). Dans le second cas, on parle de contraception « œstroprogestative ».

L’efficacité théorique de ces méthodes est généralement très bonne, mais elles peuvent être associées à des effets indésirables, en particulier dans le cas des formules œstroprogestatives. En outre, des contre-indications existent, en particulier en cas d’antécédents ou de facteurs de risque vasculaires. C’est pourquoi les contraceptifs hormonaux doivent faire l’objet d’une prescription, réalisée à l’issue d’une consultation médicale éventuellement associée à des examens complémentaires.

L’implant

Il s’agit d’un petit bâtonnet en plastique de la taille d’une allumette qui est inséré sous la peau du bras par un médecin ou une sage-femme. Une fois en place, il va libérer en continu un progestatif, conduisant au blocage de l’ovulation. C’est actuellement le moyen de contraception le plus efficace avec un taux d’échec de seulement 0,05 %. Un de ces avantages est sa longue durée d’action (3 ans, au bout desquels il peut être remplacé par un implant neuf).

Pour en savoir plus sur l’implant contraceptif

Le DIU (dispositif intra-utérin ou stérilet) hormonal

Il s’agit d’un petit dispositif inséré dans l’utérus par un médecin ou une sage-femme. Il libère en continu un progestatif qui provoque un épaississement des sécrétions cervicales et bloque ainsi le passage des spermatozoïdes. Efficace à 99,8 %, il doit être renouvelé au bout de 5 ans. 

Pour en savoir plus sur les DIU

Les contraceptifs injectables

Il est possible d’administrer des hormones dans un but contraceptif via une injection intramusculaire, réalisée par un médecin, une sage-femme ou une infirmière toutes les 4 à 12 semaines. Cette méthode est très peu utilisée en France.

Pour en savoir plus les progestatifs injectables

Les contraceptifs oraux (pilules)

La plupart des pilules contiennent un œstrogène (éthinylestradiol ou estradiol) et un progestatif. Elles sont nommées pilules œstroprogestatives ou pilules combinées. Les hormones qu’elles contiennent vont bloquer l’ovulation, réduire la mobilité des spermatozoïdes en épaississant les sécrétions du col de l’utérus et maintenir l’utérus dans un état où un ovule fécondé est incapable de s’installer. Cette méthode est extrêmement fiable à condition d’être bien utilisée (99,7 % d’efficacité en condition optimale, 92 % en « vie réelle »). Le plus souvent bien tolérée, elle peut toutefois être associée à des effets indésirables et comporte des contre-indications.


Plusieurs types de pilules œstroprogestatives 

Il existe de nombreuses pilules œstroprogestatives qui se différencient par la nature du progestatif qu’elles contiennent : ceux dits de « première génération » qui ne sont plus commercialisés en France, ceux de « deuxième génération » (lévonorgestrel), de « troisième génération » (désogestrel, gestodène et norgestimate) ou « de quatrième génération » (drospirénone, acétate de chlormadinone, diénogest).

Par ailleurs, les pilules peuvent être monophasiques (les mêmes quantités d’hormones sont administrées tous les jours), biphasiques (deux dosages selon la phase du cycle), triphasiques (trois dosages) ou multiphasiques (plus de trois dosages).


D’autres pilules contiennent uniquement des progestatifs (pilules progestatives ou microprogestatives) qui bloquent la mobilité des spermatozoïdes et modifient la paroi de l’utérus. Ces pilules sont intéressantes pour les femmes qui présentent des contre-indications aux œstrogènes. Elles sont tout aussi efficaces, à condition de bien les prendre tous les jours à la même heure.

Pour en savoir plus sur les pilules contraceptives

Le patch

Collé sur la peau, ce dispositif délivre un progestatif et un œstrogène. Son mécanisme d’action est semblable à celui des pilules œstroprogestatives. Il doit être renouvelé toutes les semaines. Bien utilisé, il est efficace à 99,7 %, mais son efficacité réelle est significativement inférieure, notamment parce qu’il peut se décoller sans que l’utilisatrice ne s’en rende compte.

Pour en savoir plus sur le patch contraceptif

L’anneau vaginal

Il s’agit d’un anneau en plastique souple à insérer au fond du vagin, qui libère un progestatif et un œstrogène pendant une durée de trois semaines. Comme le patch, il est efficace à 99,7 % en théorie, mais beaucoup moins en pratique.

Pour en savoir plus sur l’anneau vaginal

MéthodeEfficacité en condition d’utilisation optimaleEfficacité dans la pratiqueFréquence d’administration
Implant99,95% 99,95% À renouveler tous les trois ans
DIU (dispositif intra-utérin ou stérilet) hormonal99,8% 99,8% À renouveler tous les cinq ans
Contraceptif injectable99,95% 97% Une injection toutes les 4 à 12 semaines
Pilule œstroprogestative99,7% 92% À prendre chaque jour
Pilule progestative 99,7% 92% À prendre chaque jour
Patch99,7% 92% À renouveler une fois par semaine
Anneau vaginal99,7% 92% À renouveler une fois par mois
Les différentes méthodes de contraception hormonale, classées par efficacité la première année d’utilisation – Source OMS

Les moyens de contraception mécanique

D’autres moyens de contraception n’utilisent pas d’hormones : ils empêchent mécaniquement la rencontre entre les spermatozoïdes et l’ovule.

Le DIU (dispositif intra-utérin ou stérilet) au cuivre

Composé de polyéthylène (plastique) et de cuivre, ce dispositif est placé dans l’utérus pas un médecin ou une sage-femme. La présence du cuivre a un effet toxique sur les spermatozoïdes, et le dispositif en lui-même empêche l’implantation d’un ovule fécondé. Cette méthode fait partie des plus efficaces, avec un taux d’échec inférieur à 1 %. Le dispositif peut rester en place au moins 5 ans. Pour en savoir plus sur les DIU

Les préservatifs masculins et féminins

Les préservatifs empêchent le passage des spermatozoïdes dans le vagin. Le préservatif masculin se déroule sur le pénis en érection, alors que le préservatif féminin (ou préservatif « interne ») se place dans le vagin. Lorsqu’ils sont parfaitement utilisés, leurs efficacités contraceptives sont respectivement de 98 % et 95 %. Mais en pratique, on observe des taux d’échec de 15 % avec le préservatif masculin et de 21 % avec le préservatif féminin.

Pour en savoir plus sur les préservatifs masculins et sur les préservatifs féminins

Le diaphragme et la cape cervicale

Ces dispositifs sont conçus pour couvrir le col de l’utérus et empêcher le passage des spermatozoïdes. Les capes sont des dômes souples en silicone, tandis que les diaphragmes sont des membranes en silicone ou en latex tendues sur un anneau. Ils doivent être utilisés en association avec un spermicide (gel ou ovule qu’on glisse au fond du vagin et qui détruit les spermatozoïdes).

Dans la pratique, leur efficacité est de 84 % chez les femmes qui n’ont jamais accouché. Celle des capes cervicales est inférieure à 70 % après un accouchement.

Pour en savoir plus sur le diaphragme et sur la cape cervicale

Méthode de contraceptionEfficacité en condition d’utilisation optimaleEfficacité dans la pratiqueFréquence d’utilisation
DIU (dispositif intra-utérin ou stérilet) au cuivre99,4% 99,2% À renouveler tous les cinq ans
Préservatif masculin98% 85% À chaque rapport
Préservatif féminin

95% 79% À chaque rapport
Diaphragme

94% 84%À chaque rapport
Cape cervicale81% pour les femmes qui n’ont jamais accouché

74% pour les femmes qui ont déjà accouché
84% pour les femmes qui n’ont jamais accouché

68% pour les femmes qui ont déjà accouché 
À chaque rapport
Les différentes méthodes de contraception mécanique, classées par efficacité optimale la première année d’utilisation – Source OMS

La stérilisation à visée contraceptive

Des interventions chirurgicales, rares en France mais assez répandue dans d’autres pays, permettent de supprimer la possibilité de concevoir un enfant : il s’agit de la ligature des trompes pour les femmes et de la vasectomie pour les hommes.

Pour les femmes, la procédure consiste à sectionner ou à obturer les trompes de Fallope, les « tubes » par lesquels transitent les ovules pour passer des ovaires à l’utérus. L’intervention nécessite une hospitalisation de 24 à 48 heures et une anesthésie générale. La stérilisation féminine doit être considérée comme définitive. Les opérations restauratrices sont lourdes et les résultats aléatoires : les grossesses après « reperméabilisation tubaire » ne sont obtenues que dans une minorité́ de cas. Mais en cas de désir de grossesse, le recours à la fécondation in vitro reste possible.

Chez les hommes, la vasectomie consiste à sectionner ou à obturer les canaux de transport des spermatozoïdes (canaux déférents ou spermiductes). Elle doit également être considérée comme irréversible, sa réversibilité étant incertaine. Une « désobturation » effectuée dans les trois ans suivant la vasectomie permet le retour de la fertilité dans 30 % à 70 % des cas, et ce taux diminue avec la durée de la vasectomie.

Pour en savoir plus sur la stérilisation à visée contraceptive

Méthode de contraceptionEfficacité optimale la première année d’utilisationEfficacité réelle la première année d’utilisation
Stérilisation masculine ou vasectomie99,9%99,85%
Stérilisation féminine99,5%99,5%
Les différentes méthodes de stérilisation à visée contraceptive et leur efficacité – Source OMS

Les autres méthodes contraceptives

La méthode Mama, efficace dans les 6 mois après une naissance

La méthode Mama (pour Méthode de l’Allaitement Maternel et de l’Aménorrhée) se fonde sur le fait que l’allaitement provoque la sécrétion de prolactine, une hormone qui bloque l’ovulation. Elle concerne les mères dont le nourrisson est âgé de moins de 6 mois et qui n’ont pas eu de règles depuis leur accouchement. Elle consiste alors à allaiter complètement ou quasi-complètement son enfant : les tétées ne doivent pas être espacées de plus de quatre à six heures, même la nuit. Cette méthode est efficace à 99,1 % en condition optimale, à 98 % dans la pratique.

Les méthodes « naturelles » fondées sur l’abstinence périodique

Ces méthodes visent à identifier la période du cycle menstruel au cours de laquelle la femme est fertile, et de s’abstenir alors d’avoir des rapports sexuels. On peut citer la méthode du calendrier (Ogino-Knaus), celle de la température (fondée sur le fait que la température corporelle de la femme augmente légèrement lors de l’ovulation), la méthode de la glaire cervicale (ou méthode Billings, fondée sur l’analyse de la consistance de la glaire cervicale), ou encore méthode symptothermique qui associe les deux méthodes précédentes.

Ces approches sont moins efficaces à l’usage que les méthodes médicalisées : elles ne devraient être envisagées que par les femmes qui acceptent un risque de grossesse.

Méthode de contraceptionEfficacité en condition d’utilisation optimaleEfficacité en pratique
Abstinence périodique97 à 95%Jusqu’à 75%
Retrait96%73%
Spermicides82%71%
Autres méthodes contraceptives, classées par efficacité la première année d’utilisation – Source OMS

Les apps s’invitent dans la contraception

Des applications de suivi menstruel, gratuites ou payantes, encouragent les femmes à recourir à l’abstinence périodique. Elles rencontrent un succès grandissant. Elles recueillent les données de suivi du cycle menstruel – dates des règles, température, aspect de sa glaire cervicale, symptômes liés au cycle, douleurs – ainsi que parfois des informations complémentaires de type humeurs, libido et rapports sexuels, état de santé, sommeil, poids, alimentation... Le comité d’éthique de l’Inserm s’interroge sur la sécurité et l’efficacité de ces applications. Sur une centaine d’applications examinées, moins de 20 % ont fait des prédictions correctes sur les périodes de fertilité. En outre, la majorité d’entre elles partagent leurs données avec des « tierces parties » (Google, Facebook, Amazon...), le plus souvent à l’insu des usagères.

La contraception d’urgence

Après un rapport sexuel non protégé ou mal protégé (rupture d’un préservatif, oubli de pilule, contraception mal utilisée…), il existe des méthodes de « rattrapage » pour éviter une grossesse non souhaitée. On parle de contraception d’urgence. Deux méthodes sont disponibles : la méthode hormonale et la méthode mécanique.

La méthode hormonale, ou « pilule du lendemain », s’appuie sur l’administration de lévonorgestrel (à prendre dans les 72 heures qui suivent le rapport non protégé) ou d’acétate d’ulipristal (à prendre dans les 5 jours), pour bloquer ou retarder l’ovulation. Plus elle est administrée rapidement et plus elle est efficace. Elle est accessible gratuitement aux mineures, sans ordonnance médicale, en pharmacie, à l’infirmerie scolaire, dans les centres de santé sexuelle et dans les Centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD).

La méthode mécanique passe quant à elle par la mise en place d’un DIU au cuivre dans les 5 jours qui suivent le rapport à risque.

Pour en savoir plus sur la contraception d’urgence

Les interruptions volontaires de grossesse en France

Les échecs contraceptifs (difficultés d’observance, absence de renouvellement d’ordonnance, arrêt de l’utilisation en raison d’effets indésirables…) sont la première cause de recours à l’avortement. En 2021, 223 300 avortements ont été pratiqués en France, soit 15 pour 1 000 femmes de 15 à 49 ans. Ce taux est en légère en hausse par rapport aux dernières décennies : 14,8 ‰ en 2010, 13,3 ‰ en 2000, 14 ‰ en 1990. Ces chiffres cachent des disparités : les IVG sont plus fréquentes chez les femmes jeunes, avec un taux de recours de 25 à 27 ‰ entre 20 et 29 ans, qui est toutefois en diminution ces dernières années alors qu’il augmente chez les femmes de 30 ans et plus.

Contraception hormonale et santé

La contraception œstroprogestative : un risque avéré de thrombose veineuse

La contraception œstroprogestative est associée à une augmentation du risque de thrombose veineuse (phlébite) et d’embolie pulmonaire, car les œstrogènes favorisent la coagulation et donc la formation de caillots dans les veines (thrombus). Ce risque dépend de la nature du progestatif et de la dose d’œstrogène employées. Il est majoré avec les pilules qui contiennent du gestodène, du désogestrel, du drospirénone ou de l’acétate de cyprotérone, par rapport à celles qui utilisent le levonorgestrel ou le norgestimate. Le risque est également majoré avec les patchs et les injections d’œstroprogestatifs. 

Concrètement, l’utilisation d’œstroprogestatifs multiplient par 3 à 6 le risque de maladie veineuse thromboembolique, avec un effet « starter » : ce risque est plus important la première année d’utilisation. En outre, il s’accroît avec l’âge, notamment après 35 ans, et avec le tabagisme. Après 35 ans, l’accident thromboembolique veineux concerne 12 femmes sur 10 000 qui utilisent une contraception œstroprogestative, contre 3,5 sur 10 000 chez les non utilisatrices.

Et le risque artériel ?

Le risque d’accident artériel (accident vasculaire cérébral ischémique ou infarctus du myocarde) est également légèrement augmenté par la contraception œstroprogestative (multiplié par 1,6 à 1,8). Mais il reste faible : chez les utilisatrices de 35 ans, le taux d’AVC est de 23/100 000, celui d’infarctus du myocarde est de 12/100 000. Ce risque est accru en cas de tabagisme, d’hypertension artérielle, de diabète, de dyslipidémie et de migraines avec ou sans aura qui surviennent en dehors des règles (donc hors migraines cataméniales).

Contraception hormonale : une protection contre les cancers de l’ovaire et de l’endomètre

La contraception hormonale est associée à une réduction importante du risque de développer un cancer de l’ovaire ou de l’endomètre : il diminue de 30 à 50 %, avec un bénéfice qui persiste jusqu’à 30 ans après l’interruption de la contraception. 

Par ailleurs, une augmentation modérée du risque de cancer du sein est retrouvée en cours d’utilisation de la contraception œstroprogestative. Mais elle régresse après l’arrêt de la contraception hormonale. Une augmentation du risque de cancer infiltrant du col de l’utérus a aussi été décrite chez les utilisatrices de contraception orale, notamment en cas de durée prolongée, avec un impact qui semble lui aussi s’estomper après l’arrêt. Toutefois, des biais existent dans ces observations, notamment parce que l’exposition aux papillomavirus (responsables de cancers du col de l’utérus) est modifiée par l’utilisation d’une contraception orale.

Pour en savoir plus sur la thématique Pilule et cancers consulter le site de l’Institut national du cancer

La contraception pendant et après un cancer

En cas de cancer chez une femme non ménopausée susceptible de devenir enceinte, une réévaluation de la contraception est nécessaire en raison de la maladie elle-même et de ses traitements. 

Le risque thromboembolique étant fréquemment accru par les traitements anti-tumoraux, il est préférable d’éviter la prise d’œstroprogestatifs pour ne pas cumuler les risques. En cas d’immunosuppression (hémopathies, traitement myéloablatif), l’utilisation de préservatifs est recommandée pour réduire le risque d’infections sexuellement transmissibles.

Par ailleurs, les contraceptions hormonales sont contre-indiquées après un cancer du sein ou de l’endomètre. On privilégie alors notamment l’utilisation d’un DIU au cuivre.

Contraception hormonale et régulation du cycle menstruel

La pilule régule artificiellement le cycle menstruel. Un saignement dit « de privation » − que l’on confond avec les règles − survient pendant la « pause » entre deux plaquettes pour les pilules que l’on prend 21 jours sur 28. Les saignements sont ainsi réguliers et prévisibles. En outre, une utilisation en continu, sans faire de pause entre deux plaquettes (ou en sautant les comprimés placebo des pilules qui comprennent 28 comprimés par plaquette), suspend les saignements.

La contraception hormonale peut également atténuer, voire supprimer, le syndrome prémenstruel et les douleurs liées aux règles, mais aussi réduire le volume des règles très abondantes (ménorragie).

Cependant, il est à noter que la contraception hormonale pourrait être associée à des symptômes de dépression et à des troubles de la libido.

Contraception hormonale et endométriose

La contraception hormonale permet de soulager les symptômes d’une endométriose. Elle diminue les douleurs liées à la maladie et réduit significativement le risque de récidive après un traitement chirurgical.

Contraception hormonale et excès d’androgènes

La contraception œstroprogestative réduit les manifestations de l’hyperandrogénie, principalement l’acné. L’hyperandrogénie correspond à un excès d’androgènes, (hormones masculines comme la testostérone) dans l’organisme. Chez la femme, ces hormones sont normalement produites en petite quantité par les ovaires et les surrénales. En bloquant le fonctionnement des ovaires, la contraception œstroprogestative peut réduire la production ovarienne d’androgènes et, ainsi, certaines manifestations d’hyperandrogénie.

La contraception dans le monde

Le recours à la contraception progresse dans le monde. Selon l’ONU, 76 % des femmes concernées y avaient recours en 2019. À l’échelle mondiale, la stérilisation féminine est la méthode la plus utilisée (par 23,7 % des femmes qui utilisent actuellement une méthode contraceptive − soit 219 millions de femmes). Trois autres méthodes comptent plus de 100 millions d’utilisateurs dans le monde : le préservatif masculin (189 millions), le DIU (159 millions) et la pilule (151 millions).

Mais cette répartition des méthodes n’est pas uniforme : elle varie beaucoup d’une région du monde à l’autre, selon les systèmes et l’offre sanitaire, la culture, les religions… En Europe et en Amérique du Nord, la pilule et le préservatif masculin sont les méthodes contraceptives les plus utilisées (18 et 15 %). En Asie de l’Est et du Sud-Est, c’est le DIU (19 %), suivie de près par le préservatif masculin (17 %). Mais en Asie centrale et du Sud, la stérilisation féminine l’emporte (22 %). En Océanie, la méthode dominante est la pilule (17 %), tandis qu’en Amérique latine et dans les Caraïbes, la stérilisation féminine et la pilule font quasiment jeu égal (16 et 15 %). En Afrique du Nord et en Asie occidentale, les deux méthodes les plus courantes sont la pilule (10,5 %) et le stérilet (9,5 %). L’Afrique subsaharienne est la seule région où les contraceptifs injectables sont la méthode dominante, avec une prévalence de presque 10 % chez les femmes en âge de procréer.

Parmi les femmes qui n’avaient pas recours à la contraception en 2019 alors qu’elles l’auraient souhaité, 30 % vivaient en Afrique subsaharienne et 27 % en Asie du Sud. Les jeunes filles de 15 à 19 ans sont particulièrement concernées. Cette demande insatisfaite se traduit par des grossesses non désirées dont les taux vont de 11 pour 1 000 femmes au Monténégro (taux le plus faible) contre 145 en Ouganda (taux le plus élevé).

Pour en savoir plus sur la contraception dans le monde, consulter le rapport de l’ONU : Contraceptive Use by Method 2019 (en anglais)

Les enjeux de la recherche

La recherche en santé publique sur la contraception (en sociologie, démographie et épidémiologie) constitue un vaste champ de recherche à l’Inserm depuis les années 90. L’objectif est de mieux comprendre l’évolution des pratiques, ainsi que les mécanismes de l’offre et de la demande contraceptive. Ces travaux permettent notamment aux instances d’adapter les politiques publiques pour permettre au plus grand nombre d’avoir accès à la contraception qui lui convient. 

De son côté, la recherche biomédicale planche sur des contraceptifs hormonaux qui pourraient aussi protéger contre les infections sexuellement transmissibles ou encore sur des formulations (galéniques) de longue durée d’action, qui faciliterait leur usage. Enfin, des études fondamentales, notamment conduites à l’Inserm, permettent de proposer de nouvelles pistes pour développer la contraception masculine.

L’importance du « timing »

Une étude française montre que les femmes qui démarrent une contraception avant ou au moment de leur premier rapport sexuel ont par la suite nettement moins de grossesses non désirées que celles qui la débutent une après. Le dialogue avec la mère et le niveau d’éducation sont deux facteurs favorables à la mise en œuvre précoce de la contraception.

Dans un échantillon de femmes de moins de 30 ans interrogées, 18 % des femmes qui avaient initié une contraception dès le premier rapport sont tombées enceintes alors qu’elles ne le souhaitaient pas, et 9 % ont alors choisi l’avortement. Ces chiffres bondissaient à respectivement 34 % et 19 % en cas de contraception mise en œuvre après le premier rapport.

Comprendre l’offre et la demande

L’accès à la contraception est un enjeu majeur à l’échelle mondiale pour réduire les grossesses non souhaitées qui contraignent les perspectives sociales et professionnelles des femmes concernées, mais aussi les avortements, notamment dans les pays où ils ne sont pas pratiqués de façon sûre ou sont interdits.

En France, des travaux de l’Inserm et de l’Ined portent sur la diffusion des contraceptifs dans les différentes classes d’âges et selon les catégories sociales, avec par exemple le programme FECOND initié en 2010. Les enquêtes successives qui ont été conduites ont montré une baisse de l’utilisation de la pilule au cours des quinze dernières années, en particulier après la « crise des pilules » en 2012, qui avait pointé du doigt le surrisque thromboembolique associé à certains contraceptifs oraux. Les femmes des milieux favorisés se sont davantage tournées vers le DIU et celles des milieux plus précaires vers le préservatif ou le retrait, deux méthodes dont l’efficacité est moins bonne. Ces études mettent aussi en avant des différences d’accès aux cabinets de gynécologie. L’offre de soins y est plus individualisée et l’accès au DIU facilité, mais ils sont difficilement accessibles dans les zones rurales ou sous-dotées, et pratiquent fréquemment des dépassements d’honoraires. Le suivi des pratiques se poursuit.

Méthodes de contraception utilisées en France par les femmes concernées en 2016. Données issues du Baromètre santé 2016 Contraception

  • Pilule : méthode utilisée 33,2 % des femmes concernées par la contraception
  • Préservatif : 15,5 %
  • Pilule + préservatif : 3,3 %
  • DIU : 25,6 %
  • Implant : 4,3 %
  • Patch ou anneau : 1 %
  • Stérilisation à visée contraceptive : 4,5 %
  • Autres méthodes : 4,6 %
  • Aucune méthode : 8 %

Comprendre le rapport à la contraception

Les travaux en sociologie mettent en avant un schéma stéréotypé et médicalisé de la contraception en France. Le préservatif est très utilisé lors des premiers rapports sexuels, la pilule prend le relai, puis le DIU une fois que le nombre d’enfants souhaités est atteint. Dans près de 70 % des cas, les femmes qui utilisent une contraception ont pour cela besoin d’un suivi médical et de prescriptions. Ce schéma est entretenu par les prescripteurs et les politiques publiques de remboursement, favorables à certaines pilules et au DIU. 

Mais l’acceptation de ce modèle médicalisé se fragilise. Des recherches pointent le rejet par un nombre important de femmes de la médicalisation de la contraception et de l’utilisation de produits hormonaux. Des chercheurs s’intéressent aux motivations de cette « hormonophobie » supposée, qui s’inscrit dans un contexte de refus des effets indésirables liés à l’utilisation de la contraception hormonale et d’intérêt pour des pratiques jugées plus « naturelles » (retrait, abstinence périodique).

La contraception aujourd’hui : crise de la pilule, rejet des hormones, diversification des méthodes… – Interview de la sociologue Cécile Thomé et de la démographe Mireille Le Guen – 6 min 53 – Le Blob (Universcience), septembre 2023

Pour une responsabilité plus partagée

Différents travaux pointent la responsabilité excessive qui pèse sur les femmes en matière de contraception, par rapport à celle des hommes. De tout temps, les femmes ont très majoritairement pensé et organisé la contraception, parce qu’elles portent les enfants, mais aussi parce que si un avortement doit être envisagé, ce sont elles qui doivent le gérer sur le plan matériel, physique et psychologique. Or se procurer les moyens de contraception et les utiliser correctement représentent une charge mentale, financière et organisationnelle importante. Sans compter que beaucoup d’entre elles doivent supporter des effets indésirables associés. Aussi, ces travaux encouragent la recherche à découvrir de nouveaux contraceptifs masculins pour que les hommes aient davantage de méthodes à leur disposition. 

D’autres recherches se penchent sur les connaissances des hommes relatives à la contraception et sur leur niveau d’acceptation du partage de cette responsabilité. Cette acceptation est en partie culturelle, puisque par exemple en Espagne, le recours à des méthodes masculines (stérilisation masculine, préservatif et retrait) est trois fois plus fréquent qu’en France.

De nouveaux contraceptifs ?

Des recherches portent sur la simplification d’utilisation de certains contraceptifs et le prolongement de leur durée d’action, pour améliorer leur efficacité « en vie réelle ». Des implants biodégradables sont par exemple développés pour éviter leur retrait par un médecin, ainsi que des patchs qu’on applique puis retire immédiatement. Ces derniers portent des microaiguilles qui se dissolvent dans le derme et permettent ainsi l’administration d’un contraceptif efficace une semaine à un mois. Autre exemple, un anneau vaginal capable de délivrer des principes actifs pendant un an. En plus des molécules contraceptives, cet anneau pourrait renfermer des molécules anti-infectieuses pour prévenir le risque d’infections sexuellement transmissibles.

Quant aux contraceptifs masculins, de nouvelles pistes sont étudiées pour proposer des moyens fondés sur la biologie. Actuellement, à l’échelle mondiale, 27 % de la contraception est masculine (préservatif, vasectomie, retrait). Ce bas niveau s’explique en partie par la compréhension et la maîtrise tardives des mécanismes de production des spermatozoïdes (par rapport aux connaissances sur le fonctionnement des ovaires), et par la difficulté à bloquer des millions de spermatozoïdes (par rapport à un ou deux ovules). Néanmoins, la contraception hormonale masculine, associant un progestatif et de la testostérone, a été testée et a montré son efficacité : une azoospermie (absence de production de spermatozoïdes) est obtenue dans 85 à 90 % des cas après environ deux mois d’utilisation. Toutefois, les développements n’ont jamais été poussés jusqu’à la commercialisation. La crainte des effets possibles de cette approche sur les fonctions et le désir sexuels masculins, ou celle d’une « atteinte à la virilité », participent aussi à ce retard.

Toutefois, des recherches fondamentales ont permis de découvrir de nouvelles cibles thérapeutiques qui permettent de bloquer la production ou la mobilité des spermatozoïdes sans toucher aux taux d’hormones masculines. C’est le cas de la protéine JAM‑C, présente dans les cellules germinales et indispensable à la spermatogenèse, ou encore de la protéine BRDT (bromodomain testis-associated) également essentielle à la spermatogenèse et qui peut être bloquée par une petite molécule (JQ1) identifiée dans les banques moléculaires. Une autre cible est la protéine EPPIN (epididymal peptidase inhibitor) exprimée spécifiquement dans l’épididyme, et qui peut être inactivée par la molécule EP055, conduisant à l’inhibition de la motilité spermatique chez l’animal. Une autre approche repose sur l’équivalent d’une vasectomie réversible : injecté dans les canaux déférents, un gel composé de polymères (Vasalgel) bloque le passage du sperme et induit la lyse des spermatozoïdes. Ce gel à l’avantage de pouvoir se résorber grâce à l’injection d’un solvant adapté.

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