À vue de nez 🤥 😩 : C’est quoi l’anosmie ?

Avant, lorsqu’on avait un gros rhume, on « ne sentait plus rien ». Désormais, on sait qu’on souffre d’« anosmie » : la Covid-19 nous aura permis d’enrichir notre vocabulaire ! Mieux encore, elle fait avancer la recherche sur les troubles de l’odorat et du goût, des symptômes pas si anodins que ça.

La perte de l’odorat : c’est tout simplement ça l’anosmie ! Et comme ce sens participe à la perception des arômes alimentaires (qui remontent jusqu’au nez par l’arrière de la bouche), lorsqu’on souffre d’anosmie on a aussi l’impression que les aliments n’ont plus de goût. S’il s’agit de symptômes fréquemment ressentis par les personnes atteintes de la Covid-19, on les retrouve associés à d’autres maladies, à commencer par le banal rhume. Mais attention, les mécanismes en jeu ne sont vraisemblablement pas les mêmes dans ces deux situations.

Lorsqu’un virus classique s’attaque à nos voies respiratoires supérieures ou à nos sinus, il provoque un gonflement des muqueuses, voire un écoulement de sécrétions : en bref, on a le nez bouché et les molécules odorantes ne peuvent y pénétrer pour atteindre nos récepteurs olfactifs. Dès lors, on ne sent rien. Mais dans le cas de la Covid-19, beaucoup de patients anosmiques ont le nez parfaitement dégagé : le problème est donc différent. 

Contrairement à ce que l’on croyait en 2020, le SARS-CoV‑2 semble bien capable de pénétrer dans nos neurones olfactifs : il infecte ces cellules sensorielles, s’y multiplie et conduit à la destruction leurs « cils », des excroissances qui portent les récepteurs olfactifs. C’est donc en premier lieu de là que vient le problème : plus de cils olfactifs, plus d’odorat ! Mais ce n’est pas tout. Le coronavirus infecte aussi les cellules adjacentes aux neurones et conduit à une inflammation et une désorganisation de la muqueuse et du système nerveux olfactifs. Qui plus est, une fois logé dans ces cellules, le SARS-CoV‑2 semble pouvoir y persister plusieurs mois. Cela expliquerait pourquoi l’anosmie dure parfois plus longtemps que les autres symptômes associés à la Covid-19. D’autant plus qu’une fois complètement débarrassé du virus, l’organisme doit encore remplacer les cellules olfactives abimées au cours de l’infection par de nouvelles, générées à partir d’un stock de cellules souches.

Pour en savoir plus sur les mécanismes de l’anosmie associée à la Covid-19, lire le communiqué de presse du 5 mai 2021 : Covid-19 : découverte des mécanismes de l’anosmie à court et à long terme

L’anosmie est donc bénigne et presque toujours réversible. Néanmoins, tant qu’elle est présente, elle peut considérablement altérer la qualité de vie. Une perte de l’odorat a des répercussions sur la façon dont on se nourrit, sur nos relations sociales et même sur la perception de certains dangers. Une équipe du Centre de recherche en neurosciences de Lyon étudie ces impacts et leur retentissement sur la santé. Elle s’attèle aussi au développement de protocoles pour quantifier les pertes d’odorat et aider les patients à récupérer leurs sensations. Elle propose même un mini-site d’information à ceux qui veulent en savoir plus sur l’odorat et ses troubles, ainsi qu’une vidéo pédagogique sur le fonctionnement de l’odorat, l’impact de son dysfonctionnement sur la qualité de vie et le rôle de l’orthophonie dans la rééducation de l’odorat des patients concernés.

L’odorat : et si je le perds, que faire ? – animation pédagogique conçue par Camille Ferdenzi-Lemaitre, chercheuse de l’équipe Neuropop au Centre de recherche en neurosciences de Lyon (CRNL, unité 1028 Inserm/CNRS/Université Lyon 1/Université Jean Monnet Saint-Étienne), et deux orthophonistes, Valérie Malras et Camille Richerd – 3 min 10 – Septembre 2024

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