Interminable – C’est quoi le Covid long ?

Pour beaucoup, la Covid-19 n’est plus qu’un mauvais souvenir. Mais pour au moins 2 millions de personnes en France, elle reste un cauchemar quotidien. Depuis qu’elles ont été infectées par le SARS-CoV2 – il y a des semaines, des mois, voire des années – elles souffrent de symptômes invalidants face auxquels les médecins sont largement démunis. Ces personnes sont atteintes de Covid long, une maladie chronique dont les causes sont incontestablement biologiques, mais dont les mécanismes restent encore incompris.

Comme si cela ne suffisait pas d’avoir eu la Covid-19, environ une personne sur 10 développe des symptômes prolongés de la maladie. Certains sont présents dès la phase aiguë de l’infection et persistent ensuite pendant des semaines ou des mois. D’autres peuvent apparaître plus tard, alors que le patient s’imagine presque rétabli. Il peut s’agir d’une fatigue physique et intellectuelle parfois écrasante, de difficultés respiratoires, d’un essoufflement, de douleurs musculaires ou articulaires, de problèmes digestifs, de troubles du sommeil, de pertes de mémoire, de difficultés de concentration… la liste est longue. On parle de Covid long lorsque de tels symptômes apparaissent à la suite d’une infection par le SARS-CoV‑2, altèrent la qualité de vie du patient, sont présents depuis au moins deux mois (avec une intensité qui peut fluctuer selon les jours, une alternance d’améliorations et de rechutes) et ne peuvent être expliqués par un autre diagnostic.

À ce jour, on ne sait pas quels sont les facteurs qui conduisent certains à développer un Covid long : tout le monde semble potentiellement concerné, y compris des jeunes adultes en bonne santé, des enfants et des adolescents. Et bien qu’il soit plus fréquent à l’issue d’une forme sévère de la Covid-19, il touche aussi des personnes chez lesquelles l’infection de départ a été modérée ou même asymptomatique. Il faut dire qu’on ne comprend pas encore grand-chose aux ressorts biologiques de cette maladie. Néanmoins, la recherche biomédicale a identifié plusieurs pistes solides qu’elle continue à explorer : le Covid long est vraisemblablement la conséquence d’anomalies dans le fonctionnement du système immunitaire qui conduiraient à l’instauration d’un état inflammatoire chronique, capable d’affecter tous les tissus et tous les organes.

Plusieurs études suggèrent que cette inflammation délétère serait causée par la persistance du coronavirus dans l’organisme des patients, probablement dans des cellules des muqueuses intestinales – un tissu relativement « permissif » car il doit tolérer la présence du microbiote local. Parmi les autres pistes explorées, citons celle de l’auto-immunité (l’infection par SRAS-CoV‑2 déclencherait la production d’anticorps qui s’attaquent à l’organisme du patient), celle de la réactivation de virus dormants (autres que le coronavirus) ou encore celle d’un déséquilibre du microbiote (dysbiose).

Cellule infectée par le SARS-CoV-2
Visualisation en microscopie électronique d’une cellule infectée par le SARS-CoV‑2
©Philippe Roingeard, Anne Bull-Maurer, Sonia Georgeault/Inserm.licence CC-BY-NC 4.0 international

En attendant que ces pistes de recherche aboutissent et permettent le développement de traitements spécifiques qui cibleraient les mécanismes clés de la maladie, la prise en charge du Covid long reste symptomatique. Elle doit être personnalisée et s’accompagner d’une éducation thérapeutique pour aider le patient à connaître ses limites et à vivre le mieux possible avec sa maladie. Point « positif », dans la plupart des cas, le Covid long se résout de lui-même dans l’année suivant l’infection par le SRAS-CoV‑2.

Pour en savoir plus

Sur la piste de la persistance du SARS-CoV‑2 dans les muqueuses intestinales :

Consultez le communiqué de presse relatant les derniers travaux Jérôme Estaquier (unité 1124 Inserm/Université Paris Cité)

Sur le Covid long, ses symptômes et sa prise en charge :

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