Au lit ! – C’est quoi la mélatonine ? 🧠 💤

On l’appelle souvent l’hormone du sommeil, et elle pourrait facilement tenir le rôle du marchand de sable dans un remake moléculaire de « Bonne nuit les petits » : le soir venu, la mélatonine facilite notre endormissement. On lui prête beaucoup d’autres superpouvoirs, mais ne rêvons pas ! L’avaler en cachet n’est vraisemblablement pas la panacée universelle que certains prétendent. Dans certains cas, c’est même une mauvaise idée…

La mélatonine est une petite molécule synthétisée dans notre cerveau, dont l’action soporifique aide à s’endormir. Elle possède en outre une activité « chronobiotique », qui participe à la synchronisation de notre horloge biologique avec le rythme circadien, ce cycle de 24 heures auquel la plupart des fonctions de notre organisme sont soumises.

La production de mélatonine s’accroît en fin de journée, lorsque la lumière baisse. C’est le signal qu’il est bientôt l’heure d’aller au lit ! Sa concentration dans le sang augmente pour atteindre son maximum vers 3 ou 4 heures du matin, puis elle chute pour redevenir minimale au moment où il serait temps de se lever. Mais la luminosité extérieure peut changer la donne : la lumière perçue par notre rétine est directement transmise à notre principale horloge interne, localisée dans une partie du cerveau nommée hypothalamus. L’information est ensuite relayée jusqu’à l’épiphyse (ou « glande pinéale »), la petite structure chargée de secréter la mélatonine. Ainsi, lorsqu’on s’expose à trop de lumière le soir, ce système envoie le message suivant : « Pas la peine de commencer à produire de la mélatonine : il fait encore bien jour, ce n’est pas l’heure de dormir. » Et c’est comme ça qu’on devient incapable de trouver le sommeil après toute une soirée passée devant la puissante lumière d’un écran de télé, d’ordinateur ou de téléphone.

Le soleil de couche, un personnage en forme de cerveau baille.

Mais ce système est aussi celui qui nous permet de nous adapter aux changements d’heure et aux décalages horaires. D’où l’idée d’utiliser de la mélatonine de synthèse pour « forcer la nature » et soulager des troubles du sommeil. Cette approche peut effectivement être envisagée dans certaines situations, pour faciliter l’endormissement ou pour atténuer les effet d’un jet lag (en particulier lors de voyages à travers plus de cinq fuseaux horaires, vers l’Est). Bien d’autres usages ont été proposés : traitement des migraines, lutte contre les effets du vieillissement, stimulation de l’immunité… Mais aucun d’entre eux ne s’appuie sur des données scientifiques solides. Dès lors, gare à l’automédication ! D’autant plus que la consommation de cette petite molécule n’est pas anodine et expose à divers effets indésirables : somnolence, maux de tête, vertiges, nausées… En 2018, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a même jugé nécessaire d’alerter sur l’existence de populations pour lesquelles la consommation de mélatonine doit être évitée ou soumise à l’avis d’un médecin : les femmes enceintes ou allaitantes, les enfants et les adolescents, les personnes qui souffrent de maladies inflammatoires, auto-immunes, d’épilepsie, d’asthme, de troubles de l’humeur, du comportement ou de la personnalité, ainsi que celles qui doivent réaliser une activité nécessitant une vigilance soutenue pour lesquelles une somnolence pourrait poser un problème de sécurité.

Pour aller plus loin, consultez :

Et pour en savoir plus sur le fonctionnement de notre horloge biologique et le rôle de la mélatonine dans le fonctionnement de notre organisme, consultez notre dossier sur la chronobiologie.

🎁 Bonus

Pourquoi faut-il s’alimenter le jour ? (si l’on dort la nuit !)

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