À la bonne heure – C’est quoi la chronothérapie ? ⏰ 💊

Pour optimiser vos déplacements, éviter d’attendre trop longtemps à la gare ou de vous retrouver coincé dans un embouteillage, vous savez sans doute à quel moment il est préférable de partir de chez vous. Et bien avec la chronothérapie, c’est un peu pareil : en administrant un médicament à la bonne heure, il est possible d’améliorer son efficacité et d’en réduire les effets indésirables. 

Pression artérielle, production d’hormones, fréquence cardiaque, immunité, capacités cognitives… Presque toutes les fonctions de notre organisme sont soumises à un cycle de 24 heures, le fameux rythme circadien. Ainsi, tout au long de la journée et dans chacun de nos organes, nos cellules adaptent leur activité au programme dicté par l’horloge interne nichée dans notre cerveau. C’est ainsi que notre niveau d’éveil, l’intensité de nos contractions intestinales ou encore notre température corporelle varie en fonction de l’heure. Et cela n’est pas sans conséquence sur l’efficacité de certains médicaments : il est en effet bien établi que ces oscillations circadiennes peuvent modifier la sensibilité de nos cellules à certaines molécules thérapeutiques. Alors autant en tirer parti ! C’est exactement ce que propose la chronothérapie, une approche dont l’objectif est d’administrer un médicament donné au meilleur moment de la journée (ou de la nuit !), en fonction de sa cible et des rythmes biologiques qui lui sont associés. En s’y prenant bien, il devient alors possible d’augmenter l’efficacité d’un traitement.

illustration présentant un réveil ancien : il y a des médicaments sur la cadran, à la place des chiffres qui indiquent les heures

Cette stratégie a notamment été développée en cancérologie, pour optimiser les chimiothérapies. Ces traitements s’attaquent aux cellules cancéreuses, mais ils sont aussi toxiques pour des cellules saines. Ils entraînent dès lors des effets secondaires parfois redoutables. Des scientifiques ont donc eu l’idée de rechercher le moment où les cellules saines d’un patient sont le moins sensibles possible aux molécules de chimiothérapie antitumorale. En traitant lors de cette fenêtre temporelle, il devient possible de minimiser les effets secondaires et donc d’augmenter la dose de chimiothérapie pour éliminer encore plus efficacement les cellules cancéreuses. Ces dernières restent en effet sensibles aux médicaments à toute heure, car elles échappent le plus souvent au contrôle de notre horloge biologique. Hélas, un aspect ne facilite pas un recours généralisé à cette approche : l’heure optimale pour administrer une chimiothérapie varie largement d’un patient à l’autre, en fonction de son sexe mais aussi de spécificités génétiques.

La chronothérapie se développe néanmoins dans de nombreux autres domaines, en particulier en cardiologie ou dans la prise en charge de maladies inflammatoires (asthme, colite, rhumatismes…). Et sachant que la majorité des gènes dont l’activité est soumise au rythme circadien sont déjà la cible de médicaments ou sont connus pour jouer un rôle dans des mécanismes pathologiques, cette stratégie a de beaux jours devant elle.

Pour aller plus loin

  • On a récemment découvert que l’intensité de la douleur est contrôlée par notre horloge interne : dès lors, la chronothérapie pourrait améliorer l’efficacité des traitements antalgiques. En savoir plus sur cette piste
  • Les crises d’épilepsie se manifestent le plus souvent à des moments spécifiques de la journée chez un patient donné : là encore, en administrant les traitements au bon moment, on pourrait optimiser leur efficacité et/ou réduire leurs effets secondaires. Connaître ces travaux plus en détails
  • Hépatite fulminante, stéatose hépatique ou dégénérescence maculaire liée à l’âge : la chronothérapie pourrait profiter à de nombreuses autres maladies. À lire ici
  • Et pour en savoir plus sur notre horloge interne, consultez aussi notre dossier Chronobiologie

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Horloge
Annabelle Ballesta