Syndrome des ovaires polykystiques : un nouveau facteur impliqué dans l’absence d’ovulation

L’absence d’ovulation chez les femmes atteintes d’un syndrome des ovaires polykystiques serait liée à une perturbation de la production d’hormone anti-mullérienne et de son récepteur. Une équipe de l’Inserm montre que l’hormone sexuelle LH jouerait un rôle dans cette dérégulation. Ces travaux contribuent à clarifier les mécanismes impliqués dans ce syndrome.

Les problèmes d’ovulation des femmes présentant un syndrome des ovaires polykystiques restent aujourd’hui difficiles prendre en charge. Ils sont néanmoins de mieux en mieux compris sur le plan biologique. Une équipe de l’Inserm vient en effet de montrer que, chez ces patientes qui n’ovulent pas, l’hormone sexuelle hypophysaire LH produite au niveau du cerveau entraine la surexpression d’une autre hormone et de son récepteur, produits par les follicules ovariens*. 

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Coupe histologique de sept micromètre d’un follicule humain cultivé in vitro et dont la maturation de l’ovocyte a été induite. Ovocyte dans son follicule un jour avant l’ovulation.

Un syndrome associé à la stérilité

Le syndrome des ovaires polykystiques est très fréquent puisqu’il est responsable de problèmes de fertilité chez 5 à 10 % des femmes. Il se caractérise par la présence de très nombreux follicules ovariens de petite taille et immatures. Les formes modérées permettent une ovulation, tandis que les formes plus sévères empêchent le déroulement de cette étape nécessaire à la reproduction.
 
De précédents travaux ont montré que les femmes touchées par ce syndrome présentent un taux sérique d’hormone anti-mullérienne (AMH) plus élevé que les autres. Le dosage de l’AMH est même devenu un outil de diagnostic de la pathologie. Les experts ont longtemps estimé que ce taux était lié au nombre excessif de follicules qui produisent l’hormone. Mais des travaux récents ont également rapporté un dysfonctionnement des follicules, sans que les mécanismes n’en soient connus. « L’hormone anti-mullerienne freine la croissance des follicules. Cela pourrait contribuer au fait qu’ils restent immatures chez les femmes présentant un taux d’AMH élevé », explique Nathalie di Clemente**, co-auteur des travaux. 

Les hormones sexuelles s’en mêlent

Les hormones sexuelles LH et FSH ayant un rôle prépondérant dans le cycle de reproduction et dans le déclenchement de l’ovulation, les chercheurs ont étudié leur impact sur la production d’AMH et de son récepteur spécifique au niveau des cellules du follicule ovarien. Ils ont pour cela travaillé sur des échantillons issus de ponctions ovariennes effectuées chez des femmes suivant un protocole de fécondation in vitro. Ils ont inclus dans leur étude des patientes présentant un syndrome polykystique, avec ou sans ovulation, ainsi que des patientes « témoins « . 

Après avoir laissé des cellules issues des follicules en présence des hormones LH ou FSH, les auteurs ont constaté une dérégulation de l’expression de l’AMH et de son récepteur spécifique chez les femmes anovulantes atteintes de polykystose ovarienne. « Chez elles, et uniquement chez elles, nous avons observé une stimulation de l’expression d’AMH en présence de l’hormone LH et pas de rétrocontrôle négatif de son récepteur, sensé réguler l’effet de l’AMH », explique la chercheuse. Reste à comprendre les mécanismes responsables de ce phénomène pour parvenir à mieux traiter cette pathologie. 

Note
* Les follicules ovariens sont des agrégats de cellules plus ou moins sphériques, présents dans les ovaires. Chaque follicule contient un ovocyte en maturation. L’ovulation se produit lorsqu’un follicule libère un ovocyte mature.
** Unité 782 Inserm/université Paris Sud, Endocrinologie et génétique de la reproduction et du développement, Clamart 

Source 
A. Pierre et coll. Loss of LH-induced down-regulation of anti-Mullerian hormone receptor expression may contribute to anovulation in women with polycystic ovary syndrome. Human Reproduction, édition en ligne du 14 janvier 2013