Une piste pour traiter la fibrose pulmonaire idiopathique

Un essai thérapeutique est en cours chez l’animal pour traiter la fibrose pulmonaire idiopathique. Il vient tout juste de démarrer, grâce au décryptage des mécanismes en cause dans le développement de la pathologie. Ces travaux sont conduits par une équipe de l’Inserm, en collaboration avec des chercheurs de l’université de Lille 2 du CNRS.

Un micro ARN est devenu la cible à abattre pour une équipe de l’Inserm qui cherche à lutter contre une très grave maladie du poumon, la fibrose pulmonaire idiopathique. Les chercheurs viennent de montrer que la petite molécule réduit la production d’une protéine naturellement impliquée dans la prévention de la pathologie. 

La fibrose pulmonaire idiopathique est une maladie rare dont le pronostic est très sombre : elle entraîne une perte progressive de la fonction respiratoire, puis un décès dans les trois ans à cinq ans qui suivent. Elle correspond au dépôt excessif et persistant de tissu conjonctif, visant à cicatriser une lésion chronique. Ce phénomène est lié au dysfonctionnement de cellules appelées myofibroblastes. 

Un micro ARN identifié

Les chercheurs se sont intéressés à la présence de micro ARN au sein de ces myofibroblastes. Ces petites molécules sont en effet connues pour leur rôle dans la régulation de nombreux mécanismes cellulaires. Il s’agit de courtes séquences de nucléotides, capables de se fixer sur des ARN de plus grande taille destinés à être convertis en protéines. La fixation des micro ARN sur les grands ARN modifie la synthèse des protéines. 

En comparant les ARN de souris saines et de souris atteintes de fibrose pulmonaire, les chercheurs ont observé la présence massive d’un micro ARN particulier (miR-199a-5p) chez les animaux malades. En poussant plus loin leurs travaux, ils ont constaté que ce micro ARN bloque la production d’une protéine appelée cavéoline‑1 (CAV‑1). Or CAV‑1 prévient le risque de fibrose en contrôlant la croissance et la prolifération des cellules. 

Tous ces résultats obtenus chez la souris étant transposables à l’homme, cette découverte suggère que la restauration de la production de CAV‑1 pourrait apporter un bénéfice thérapeutique aux patients atteints de fibrose pulmonaire. 

Un essai en cours chez l’animal

Pour obtenir cette restauration, deux stratégies sont envisageables : inhiber le micro ARN ou bloquer le site d’interaction entre ce micro ARN et l’ARN de la calvéoline. « La seconde piste est bien plus prometteuse car un même micro ARN modifie l’expression de centaines de gènes. Inhiber son action risque donc d’entrainer de nombreux effets indésirables », explique Michael Perrais*, co-auteur des travaux. Les chercheurs ont donc opté pour la seconde voie. 

Ils ont développé une molécule qui empêche le micro ARN de se lier à l’ARN de CAV‑1 et commencent à la tester chez l’animal. « Les débuts sont très encourageants. En injectant cette molécule par voie intraveineuse, nous constatons qu’elle diffuse dans tous les organes, dont les poumons. Elle peut donc atteindre sa cible. Les essais vont se poursuivre pour s’assurer qu’elle permet bien de restaurer l’activité de CAV‑1 in vivo. En outre, nous pouvons espérer qu’un tel traitement, s’il fonctionne, puisse servir pour d’autres fibroses, notamment rénales » envisage le chercheur. 

Note :
*Unité 837 Inserm/Université de Lille 2, équipe « Mucines, différenciation et cancérogenèse épithéliale », Centre de recherche Jean-Pierre Aubert, Lille 

Source :
Cardenas et coll., miR-199a-5p is upregulated during fibrogenic response to tissue injury and mediates TGFbeta-induced lung fibroblast activation by targeting caveolin‑1. PloS Genetics. Edition en ligne du 14 février 2013