Obésité : vers des adipocytes thérapeutiques

Une équipe Inserm est parvenue à produire des adipocytes bruns en grand nombre, à partir de cellules pluripotentes IPS humaines. Une nouvelle étape vers la transplantation de ces cellules gourmandes en énergie chez des patients obèses, pour les aider à lutter contre leur maladie.

La quête d’adipocytes bruns destinés à soigner les patients obèses est en bonne voie ! Présentes en très faible quantité chez les adultes, ces cellules brûlent de l’énergie pour produire de la chaleur. C’est tout l’inverse des adipocytes blancs, nombreux et chargés quant à eux de stocker de l’énergie sous forme de graisses. Depuis cette découverte, une équipe Inserm aimerait pouvoir transplanter des adipocytes bruns supplémentaires chez les personnes obèses, pour accroitre leurs dépenses énergétiques et les aider à perdre du poids.

Dans ce but, les chercheurs travaillent à la production de ces cellules in vitro. Leur objectif est de parvenir à les obtenir en grand nombre et à volonté. Ils utilisent pour cela des cellules IPS humaines, à savoir des cellules adultes reprogrammées en cellules pluripotentes, capable de redonner n’importe quelle sorte de cellules de l’organisme. Mais dans un milieu de culture classique, si ces IPS se différencient bien en cellules neuronales ou encore en cellules osseuses, les chercheurs ont curieusement du mal à obtenir des adipocytes, qu’ils soient blancs ou bruns. « Nous nous sommes heurtés à ce frein majeur et nous devions trouver une solution pour réussir à passer cette étape de différenciation », explique Christian Dani*, responsable de ces travaux. 

Au moins trois ingrédients indispensables

Les chercheurs ont testé de nombreuses voies de signalisation moléculaires afin de trouver celles qui devaient être activées ou au contraire inhibées pour obtenir une différenciation plus efficace des précurseurs d’adipocytes en adipocytes bruns. « Nous avons identifié deux voies très importantes, différentes de celles observées in vivo chez l’adulte : la voie TGFß doit être inhibée alors que la voie EGF est indispensable. Et il est nécessaire d’ajouter de l’acide ascorbique au milieu de culture » résume le chercheur. « Nous avions quelques pistes, notamment concernant la voie TGFß qui semblait importante. Mais nous avons aussi beaucoup travaillé à l’aveugle, en testant des dizaines de voies et de molécules et en regardant l’effet obtenu », précise-t-il. 

Maintenant que les chercheurs ont franchi cette nouvelle étape, ils souhaitent passer à la preuve de concept« L’objectif est de montrer qu’en transplantant ces cellules brunes humaines bien différenciées chez un animal obèse, les paramètres métaboliques associés à l’obésité s’améliorent et qu’il y existe un effet thérapeutique. Chez la souris, cela fonctionne. De précédents travaux ont montré que le fait de transplanter des adipocytes bruns de rongeur à un autre rongeur obèse fait régresser sa maladie ». Ils espèrent bien sûr ensuite tester la stratégie chez l’homme, mais « cela ne pourra être réalisé qu’après des essais précliniques conduits dans des modèles animaux, et en s’associant à des médecins qui nous aideront à développer cette approche ». Un projet de plusieurs années donc ! 

Note

*unité 1091 Inserm/CNRS/Université Côte d’Azur, Institut de biologie Valrose, Nice 

Source

Hafner et coll. Brown-like adipose progenitors derived from human induced pluripotent stem cells : Identification of critical pathways governing their adipogenic capacity. Sci Rep, édition en ligne du 31 août 2016