Hépatite B, prédire le risque de réactivation du virus

La mesure de deux biomarqueurs sanguins, l’ADN du virus et l’antigène viral HBs (AgHBs), permet de prédire le risque de réactivation du virus de l’hépatite B chez les patients présentant une infection asymptomatique. Ce nouvel outil, précieux pour les cliniciens, est destiné à mieux prendre en charge les quelques 20 % de patients concernés.

De nombreuses personnes infectées par le virus de l’hépatite B ne développent aucun symptôme. Leur fonction hépatique est tout à fait normale, avec un taux de transaminases normal et une faible charge virale. Pour la grande majorité de ces porteurs « asymptomatiques », l’évolution de la maladie est très favorable : le virus restera toujours latent. Néanmoins, chez certains d’entre eux, l’hépatite peut se réactiver et entrainer des lésions hépatiques. Ces réactivations, totalement imprévisibles, concerneraient environ 20 % des patients ayant un profil asymptomatique lors de la première consultation. « Il est important d’identifier ces personnes car se sont de bons candidats au traitement, explique Michelle Martinot-Peignoux*, co-auteur des travaux sur ces marqueurs. Or, la mesure combinée de deux marqueurs, l’ADN du virus et l’antigène viral HBs (AgHBs), permet désormais d’identifier un patient présentant un risque de réactivation dès la première consultation. Il devient ainsi possible d’optimiser son suivi », se réjouit-elle. 

Un outil prédictif facilement généralisable

L’utilisation de cette stratégie vient d’être validée par son équipe. Les chercheurs ont effectué un dosage de ces marqueurs chez 129 personnes venant consulter pour la première fois pour une infection asymptomatique par le virus de l’hépatite B. Un seuil d’AgHBs supérieur à 1 000 unités/ml et d’ADN viral supérieur à 200 unités/ml au moment de la prise en charge a permis d’identifier 22 des 24 patients chez lesquels une réactivation du virus s’est produite dans l’année suivante. « La sensibilité de ce test est de 96 %, clarifie la chercheuse. Le dosage de ces deux marqueurs est simple et peu couteux : il peut donc être envisagé en routine. A ce titre, il s’agit donc d’un véritable outil prédictif, rapidement utilisable en clinique. En cas de risque de réactivation, le clinicien pratiquera un suivi du patient plus rapproché, par exemple une mesure des transaminases tous les trois mois, au lieu de six ou douze mois en cas de portage inactif confirmé. Cela permettra de mettre en œuvre un traitement le plus rapidement possible après la réactivation de la maladie ».

Note

Unité 773 Inserm/Université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, faculté de médecine Xavier-Bichat, CRB3, Paris 

Source

M. Martinot-Peignoux et coll. Prediction of disease reactivation in asymptomatic hepatitis B eantigen-negative chronic hepatitis B patients using baseline serummeasurements of HBsAg and HBV-DNA. J Clin Virol, édition en ligne du 16 août 2013