Étoiles de l’Europe 2018 : deux projets Inserm récompensés

Deux projets portés par l’Inserm sont lauréats des Étoiles de l’Europe 2018. Ce prix décerné par le Ministère en charge de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et de l’Innovation récompense des projets de grande qualité, portés par des équipes françaises engagées dans un réseau européen, avec des approches pluridisciplinaires. Les deux lauréats Inserm sont FIBRO-TARGETS, un projet visant à lutter contre l’insuffisance cardiaque, et REACTION, consacré à la mise au point d’un traitement contre Ebola.

Créés en 2013, les trophées des Étoiles de l’Europe récompensent des coordinateurs et coordinatrices de projets de recherche et d’innovation portés par une structure française, qui font le « choix de l’Europe ». Ces Étoiles, issues de secteurs variés – universités, organismes, écoles ou encore entreprises – sont sélectionnées pour la qualité scientifique et la dimension internationale de leur projet, mais aussi pour les retombées économiques, technologiques et sociétales qu’elles génèrent, ainsi que pour la dimension pluridisciplinaire de leur projet. 

FIBRO-TARGETS, contre l’insuffisance cardiaque – Un projet coordonné par Faiez Zannad

Faiez Zannad - crédit Inserm/P. Delapierre
Faiez Zannad – crédits : Inserm/P. Delapierre

Depuis 2014, le projet FIBRO-TARGETS a réuni onze équipes européennes et pluridisciplinaires – dont des petites et moyennes entreprises – autour de la thématique de l’insuffisance cardiaque. Le Pr Faiez Zannad, cardiologue et directeur du centre d’investigation clinique de Nancy*, a coordonné ce projet financé à hauteur de 6 millions d’euros par l’Union européenne. Le but était d’étudier les mécanismes de la fibrose du tissu cardiaque, impliquée dans la survenue et la progression de l’insuffisance cardiaque. Dans un second temps, le consortium a recherché de nouvelles cibles thérapeutiques, pour contrarier l’évolution de cette maladie, principale cause d’hospitalisation des personnes de plus de 65 ans. « La fibrose est systématiquement associée à l’insuffisance cardiaque. Elle apparaît même souvent avant la maladie. Lutter efficacement et de façon très ciblée contre ce phénomène permettrait très certainement de réduire le fardeau lié à cette pathologie cardiaque, voire de ralentir son apparition chez les sujets à risque : patients hypertendus, âgés, ou encore diabétiques », clarifie Faiez Zannad.

Les équipes ont travaillé chacune avec leurs propres expertises – in vitro sur des modèles moléculaires et in vivo dans différents modèles animaux – afin de valider la réalité de quatre mécanismes de fibrose pressentis et d’identifier des cibles thérapeutiques. Parmi elles, on compte désormais la cardiotrophine, la galectine‑3, la lipocaline, l’apeline ou encore des microARN. Un criblage de molécules a ensuite été effectué sur ces cibles, pour découvrir des candidats médicaments permettant de bloquer leur activité. Une dizaine de candidats ont déjà été testés en phase pré-clinique et brevetés. Certains pourraient même faire très prochainement l’objet de premiers essais cliniques. 

Ces travaux ont déjà fait l’objet de nombreuses publications scientifiques. Le trophée des Etoiles de l’Europe 2018 offre au projet toujours plus de visibilité pour la poursuite de ce travail colossal. 

REACTION, face à la crise Ebola de 2015 – Un projet coordonné par Hervé Raoul 

Hervé Raoul - crédits Inserm/F. Guénet
Hervé Raoul – crédits : Inserm/F. Guénet

Le projet REACTION a été initié dès 2014 pour répondre à l’épidémie d’Ebola en Guinée, sous l’impulsion de l’Inserm et de l’Institut thématique multiorganisme immunologie, inflammation, infectiologie et microbiologie de l’alliance Aviesan. Dans ce contexte de crise sanitaire majeure, il a consisté à évaluer l’efficacité et la sécurité d’utilisation du favipiravir, un antiviral développé contre le virus de la grippe qui avait montré une certaine efficacité contre le virus Ebola dans un modèle de rongeur. 

Un consortium réunissant des scientifiques français et européens a été constitué pour mener ce vaste projet comprenant un essai clinique de phase 2 sur le terrain (essai JIKI) et des essais précliniques. « Ce projet était inédit par son contexte d’urgence face à une maladie incontrôlable et mortelle, dans une région rurale culturellement différente de l’Europe et aux structures sanitaires défaillantes. Sa mise en place et sa réalisation ont nécessité une réactivité et une cohésion hors-pair entre de nombreux partenaires et experts rarement appelés à travailler ensemble : cliniciens, biostatisticiens, chercheurs académiques issus de domaines très variés ou encore anthropologues chargé, entres autres, d’assurer le consentement éclairé des patients en Guinée forestière », explique le Pr Hervé Raoul, directeur du laboratoire P4 Inserm Jean Merieux* à Lyon, en charge du projet. 

Ce professionnalisme et cette dynamique ont convaincu la Commission européenne de débloquer rapidement le financement dans le cadre du programme Horizon 2020. Le favipavir a ainsi pu être testé chez plus de 100 patients, à des doses équivalentes à celles du traitement contre la grippe. Les résultats n’ont pas montré d’efficacité significative sur le taux de survie, par rapport à celui observé chez les patients non traités. Mais la collecte d’échantillons biologiques a permis d’en apprendre plus sur le comportement de l’agent infectieux et sur la réponse au traitement. En parallèle, le consortium a mené des essais précliniques chez le primate non humain, pour tester d’autres doses. Cette approche a permis de montrer que le médicament serait efficace à une dose supérieure, même si cela doit encore être confirmée chez l’humain, si une nouvelle épidémie venait à se déclarer. 

Environ 25 articles ont été publiées suite à l’ensemble de ces travaux. « Nous sommes désormais convaincus de l’intérêt de cette molécule qui devrait trouver sa place dans l’arsenal thérapeutique contre Ebola, en association avec d’autres traitements », conclut Hervé Raoul. 

Note
*CIC 1433 Inserm/université de Lorraine/CHRU de Nancy
**Unité de service Inserm 3