Diabète de type 1 : le pancréas des enfants sous la tourmente de lymphocytes T CD8

Le mécanisme auto-immun à l’origine du diabète de type 1 serait différent chez les enfants et les adultes. Dans le cas du diabète pédiatrique, les cellules bêta pancréatiques, en charge de la production d’insuline, pourraient être détruites par une sous-population particulière de lymphocytes T cytotoxiques. Ce phénomène pourrait constituer un biomarqueur de la maladie, et aider à tester l’efficacité de candidats médicaments destinés à stopper la réaction auto-immune.

Le diabète de type 1 est une maladie auto-immune au cours de laquelle des effecteurs de l’immunité se retournent contre l’organisme (le « soi »), et détruisent progressivement les cellules bêta du pancréas, physiologiquement responsables de la production de l’insuline. La compréhension croissante des mécanismes sous-jacents a ouvert la voie à une recherche active autour de traitements d’immunothérapie, capables de prévenir ou de traiter la maladie. Pour en suivre l’efficacité, de nouveaux biomarqueurs fiables doivent être identifiés. 

Une équipe Inserm vient justement de montrer qu’une famille particulière de lymphocytes T CD8+ pourrait être utilisée comme biomarqueur chez les enfants diabétiques de type 1 nouvellement diagnostiqués. Chez eux, la fréquence des lymphocytes T CD8+ n’exprimant pas la molécule CD45RA, mais co-exprimant une combinaison spécifique de molécules, s’avère offrir aux chercheurs une signature biologique intéressante, comme l’explique Peter van Endert* qui a dirigé ces travaux : « Les lymphocytes T CD8+ cytotoxiques jouent un rôle clé dans les processus incriminés dans la destruction des cellules bêta. Dans notre étude, nous avons pu observer que le sous-type CD8+ CD45RA‑, co-exprimant la perforine et le TGF-bêta, est particulièrement fréquent dès les premiers stades de la maladie ; il le reste même lorsque le traitement classique du diabète par insulinothérapie permet de normaliser la glycémie. Cela veut dire que le taux élevé de ces cellules est probablement lié au mécanisme auto-immun, et non à d’autres influences biologiques, comme par exemple les perturbations métaboliques associées au diabète ». À l’inverse, il est concevable qu’un traitement d’immunothérapie visant à contrer le mécanisme auto-immun impacte ce sous-type lymphocytaire. Déterminer la fréquence de ces derniers permettrait de suivre l’efficacité du traitement. 

Un mécanisme immunitaire plus agressif chez l’enfant

Dans cette étude, les analyses biologiques ont été conduites parallèlement auprès d’enfants et d’adultes diagnostiqués récemment : elles ont montré que la signature des lymphocytes T CD8+ CD45RA- était spécifique de la population pédiatrique. « C’est sans doute une preuve que le mécanisme auto-immun est plus agressif chez les enfants que chez les adultes, explique Peter van Endert. Ces résultats suggèrent l’utilité d’une immunothérapie personnalisée selon la population de patients ciblée. ».

Chez les jeunes patients, le taux lymphocytes CD8+ CD45RA- co-exprimant la perforine et le TGF-bêta semble corrélé au taux d’autoanticorps dirigés contre les cellules bêta et à la glycémie, indiquant une corrélation entre la présence de ce sous-type de lymphocytes et, non seulement le processus auto-immun, mais aussi ses conséquences métaboliques. « A terme, le dosage de cette population lymphocytaire serait intéressant à conduire chez des enfants pré-diabétiques au vu de certains facteurs prédisposants (génétique, auto-anticorps) : il permettrait de prédire l’imminence de la maladie » conclut le chercheur. 

Note

* Unité 1151 Inserm/CNRS/Université Paris-Descartes, Institut Necker-enfants malades – Centre de médecine moléculaire, Paris 

Source

Y. Hamel et coll. A unique CD8+ T lymphocyte signature in pediatric type 1 diabetes. Journal of Autoimmunity. Consultable en ligne sur http://dx.doi.org/10.1016/j.jaut.2016.06.003