Un biomarqueur pour prédire certains accidents vasculaires cérébraux

Un biomarqueur présent dans la circulation sanguine pourrait bientôt permettre de prédire l’instabilité d’une plaque d’athérome découverte dans l’artère carotide, et donc le risque d’AVC.

L’analyse d’un marqueur biologique pourrait prochainement aider les spécialistes des maladies vasculaires à savoir si une plaque d’athérome localisée au niveau de l’artère carotide d’un patient est susceptible d’entraîner un accident vasculaire cérébral. 

La sténose carotidienne, risque d’AVC

Les artères carotides circulent le long du cou et acheminent le sang oxygéné du cœur au cerveau. Leur diamètre peut être réduit par la formation de plaques d’athérome. Chez la plupart des patients, cette « sténose carotidienne » est découverte au décours d’examens réalisés pour un autre motif car elle est asymptomatique. Mais si une de ces plaques se détache, elle va former un caillot sanguin qui bloquera la circulation et privera ainsi le cerveau d’oxygène. C’est l’accident vasculaire cérébral. 

Pour éviter cet accident, le patient est opéré afin de retirer la plaque d’athérome dès lors que la sténose est supérieure à 70 % du calibre de l’artère. Néanmoins, cette stratégie est actuellement remise en cause pour deux raisons. La première tient aux progrès thérapeutiques qui permettent de stabiliser les plaques (notamment grâce aux statines). La seconde est liée au fait que certaines plaques analysées à postériori s’avéraient stables et ne risquaient pas de se détacher. 

Pour essayer d’identifier les patients à plus haut risque d’AVC, chez lesquels les plaques d’athérome sont réellement instables, une unité de recherche* Inserm/Aix-Marseille Université et des chirurgiens du service de chirurgie vasculaire du CHU de la Timone (Marseille) ont cherché un marqueur biologique associé à l’instabilité des plaques carotidiennes. 

Un biomarqueur : les microparticules dérivées des leucocytes ou LMP

Leader dans le domaine des microparticules cellulaires, cette unité de recherche s’intéresse notamment aux LMP (pour « leukocyte-derived microparticles »), des particules produites par les leucocytes activés des patients qui ont une plaque d’athérome instable. Les chercheurs ont fait le pari que ces particules pouvaient être retrouvées dans le sang. 

Pour le vérifier, ils ont prélevé un échantillon de sang à 42 patients présentant une sténose carotidienne, éligibles à la chirurgie. A l’issue de l’opération, ils ont analysé la plaque d’athérome retirée pour savoir si elle était stable ou non. L’objectif était de corréler les taux de LMP dans le sang prélevé et le degré de stabilité des plaques. 

Une parfaite association entre les deux données a été observée : plus le taux de LMP est important, plus la plaque est instable. Les auteurs ont même réussi à définir des seuils de LMP permettant de prédire l’instabilité de la plaque. Toutefois, ces données doivent encore être validées sur des cohortes plus importantes. « Il nous faut améliorer la valeur prédictive des résultats. Il ne s’agit pas de passer à côté d’une plaque instable », insiste le professeur Florence Sabatier, qui a dirigé ces travaux. 

Les prérequis : sensibilité, reproductibilité et standardisation

La valeur prédictive n’est pas le seul facteur à améliorer avant d’obtenir un biomarqueur fiable et généralisable. « Il faut également vérifier que le taux de LMP est corrélé à l’instabilité de la plaque dans le temps, quel que soit le degré de sténose et l’ancienneté de celle-ci. Pour affiner encore le caractère pronostic, il sera également utile de coupler la mesure de ce biomarqueur avec de l’imagerie vasculaire de pointe » estime le Pr Sabatier. 

« Cette méthode a été mise au point dans notre laboratoire, qui est un centre de référence international. Notre objectif a été de la standardiser pour la rendre accessible à tous les laboratoires de biologie, explique la chercheuse, sous réserve qu’ils s’équipent de cytomètres de flux « haute sensibilité » qui présentent une résolution compatible avec la détection de ces microparticules de taille submicronique », précise-t-elle. 

Par la suite, d’autres travaux devront montrer si ce marqueur peut également servir à évaluer le risque d’infarctus du myocarde en cas de plaque d’athérome localisée dans une artère coronaire. Une piste prometteuse … 

Note 
*Unité 1076 Inserm/ Aix-Marseille Université, Faculté de Pharmacie, Marseille 

Source
C. Sarlon-Bartoli et coll. Plasmatic level of leukocyte-derived microparticles is associated with unstable plaquein asymptomatic patients with high-grade carotid stenosis. J Am Coll Cardiol, édition en ligne du 22 mai 2013