Un exercice physique modéré avant la nuit n’empêche pas de bien dormir

Faire du sport le soir est souvent déconseillé pour ne pas altérer la qualité de son sommeil. Pourtant, une étude récemment conduite à l’université de Caen-Normandie montre qu’une activité physique modérée pratiquée une heure avant l’endormissement n’affecte que légèrement l’efficacité du sommeil. Avoir une activité physique tardive reste donc une option recevable si c’est le seul moment de la journée disponible pour lutter contre la sédentarité.

Pour sa santé et son bien-être, il est recommandé de pratiquer 30 minutes d’exercice d’intensité modérée à élevée, au moins 5 jours par semaine… mais si possible pas juste avant d’aller se coucher. En effet, des études ont suggéré que l’activité physique pratiquée en fin de journée entraîne une excitation physiologique susceptible de perturber le sommeil. Or pour certains, le seul moment envisageable pour aller faire du sport est justement le soir, après le travail. Cette précaution peut les inciter à y renoncer au risque d’augmenter leur sédentarité, et alors même que les résultats des études sur l’effet d’une activité physique tardive ne sont pas unanimes. À ce titre, Joy Perrier, chercheuse Inserm, Nicolas Bessot et des membres de leurs équipes à l’université de Caen ont commencé à réévaluer l’association entre activité physique avant l’endormissement et sommeil.

Endurance ou résistance

Pour cela, ils ont recruté de jeunes adultes en bonne santé. Une heure avant leur coucher, il leur était demandé de pédaler 30 minutes à une intensité modérée (exercice d’endurance), ou bien de pédaler de façon plus intense mais par intermittence, également pendant 30 minutes (exercice de résistance), ou enfin de rester inactifs (contrôle). Les exercices étaient calibrés de façon à ce que chaque personne dépense la même énergie lors des tests d’activité. Tous les volontaires ont effectué une fois chaque tâche, à sept jours d’intervalle.

En parallèle, les chercheurs ont surveillé plusieurs paramètres physiologiques et cérébraux associés au sommeil des participants. D’une part, ils ont mesuré leur taux de cortisol (l’« hormone de l’éveil ») à l’issue des 30 minutes d’exercice ou de repos. D’autre part, ils ont réalisé une polysomnographie, un examen d’enregistrement multimodal du sommeil qui comprend notamment des mesures de l’activité du cerveau par électroencéphalogramme, de l’activité musculaire, des mouvements oculaires, de la respiration et de la saturation en oxygène. Cet examen a permis d’extraire les paramètres associés à la qualité et à la quantité de sommeil – on parle d’« efficacité » du sommeil – des volontaires, ainsi que l’activité corticale au cours de la nuit.

Une excitabilité physiologique et cérébrale sans conséquence

Ces analyses montrent une augmentation du taux de cortisol après l’activité physique par rapport au taux mesuré après que les volontaires soient simplement restés assis. L’activité corticale pendant le sommeil est également modifiée par l’exercice. « Selon les phases de sommeil (transition, sommeil léger ou sommeil profond), les différents types d’ondes enregistrées présentent des profils qui suggèrent une hyperexcitabilité cérébrale », précise Joy Perrier. Toutefois, malgré ces changements induits par le sport (d’endurance et de résistance), l’efficacité du sommeil est très peu modifiée : « Elle n’est réduite que de 1,5 %. C’est dérisoire ! Cela ne doit pas dissuader de faire un peu de sport avant la nuit si c’est le seul moment disponible dans la journée », commente Nicolas Bessot. « Cependant, à ce stade, il est difficile de généraliser ce résultat, reprend Joy Perrier. Nous n’avons étudié que des individus jeunes et en bonne santé : ces analyses mériteraient d’être reproduites dans d’autres populations, plus âgées, avec des troubles du sommeil ou encore atteintes certaines de maladies », estime-t-elle.


Joy Perrier est chercheuse Inserm dans l’unité Neuropsychologie et imagerie de la mémoire humaine (unité 1077 Inserm/Université Caen Normandie, EPHE) à Caen. Nicolas Bessot est enseignant chercheur Unicaen et dans l’unité Vieillissement pathologies santé (COMETE, unité 1075 Inserm/Université Caen Normandie) à Caen.


Source : J. Perrier et coll. Effects of acute bouts of evening resistance or endurance exercises on sleep EEG and salivary cortisol. Front Physiol. 23 janvier 2024 ; DOI : 10.3389/fphys.2024.1313545

Autrice : A. R.

À lire aussi

#