Imagerie médicale : les promesses de l’élastographie

Un appareil ultra puissant d’élastographie, technique consistant à mesurer l’élasticité des tissus, fait ses preuves dans le diagnostic des maladies hépatiques et la caractérisation des tumeurs. Une nouvelle étude confirme que cette approche non invasive, issue des travaux des chercheurs de l’Institut Langevin (Paris, unité Inserm 979), fait aussi bien que la biopsie pour le diagnostic de la fibrose hépatique.

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© Inserm, P. Latron Mickaël Tanter directeur de l’unité de recherche Inserm U979 « Physique des ondes pour la médecine et la biologie », Institut Langevin à l’Institut de Physique du Globe, Paris.

L’Aixplorer fait de plus en plus parler de lui ! Cet outil au nom avant-gardiste est à la fois un échographe puissant, ultrarapide, et un appareil d’étude de l’élasticité des tissus. Une nouvelle étude, conduite au département d’hépatologie de l’hôpital Cochin (Paris) dirigé par Stanislas Pol, et à l’Institut Langevin (ESPCI, Paris) dans l’équipe de Mickael Tanter*, là même où l’appareil a été inventé, montre qu’il pourrait éviter une partie des biopsies hépatiques réalisées pour évaluer le stade de fibrose des maladies hépatiques.

« L’Aixplorer permet de mesurer de façon très sensible la dureté d’un tissu. Il associe une sonde permettant de palper à distance l’intérieur des organes à étudier à l’aide d’une onde focalisée et un échographe ultra-rapide qui enregistre la propagation de cette onde au rythme de 1 000 images à la seconde », explique Mickael Tanter. Or la vitesse de propagation de cette onde mécanique dans un tissu est liée à sa dureté, paramètre lui-même fortement corrélé à son état de santé. Ainsi, chez un patient atteint d’hépatite virale ou alcoolique, plus le foie est fibreux (c’est à dire composé d’un tissu cicatriciel au niveau de zones lésées), plus il est dur et plus l’onde se propage rapidement. 

En pratique l’appareil fournit une échographie de l’organe entier sur laquelle il superpose une seconde image en couleur qui révèle l’élasticité du tissu, pixel par pixel, permettant de localiser précisément les zones fibreuses. Le niveau de fibrose détermine si un traitement est nécessaire ou non. 

Une efficacité proche de celle de la biopsie

Une précédente étude avait permis aux chercheurs de montrer que leur appareil est aussi performant que le Fibroscan, un autre appareil couramment utilisé pour diagnostiquer la sévérité d’une fibrose. « Le Fibroscan fonctionne sur le même principe de mesure de l’élasticité du tissus, mais il fournit une estimation unique pour l’ensemble du foie. Il s’agit d’un appareil plus ancien, mais performant et bien ancré dans la pratique », rappelle Mickael Tanter. Cette fois, les chercheurs ont comparé les performances de l’Aixplorer à celles de la biopsie, technique de référence pour le diagnostic de la fibrose. La comparaison de ces deux méthodes chez 120 patients atteints de maladies hépatiques chroniques montre que l’Aixplorer fait aussi bien que la biopsie concernant la caractérisation de la fibrose. « Nous vérifierons aussi qu’il permet de mesurer la réversibilité de la fibrose avec les traitements spécifiques, ce qui n’est pas le cas des autres tests non invasifs de fibrose », ajoute le chercheur. 

Des promesses en cancérologie

Les chercheurs veulent encore améliorer leur appareil de manière à ce qu’il devienne plus performant que les techniques pour l’instant disponible. « Grâce à l’échographie ultrarapide, nous développons actuellement de nouvelles options qui permettront de renseigner sur d’autres facteurs biologiques et d’obtenir davantage d’informations sur la pathologie étudiée. Il s’agira alors d’un outil incontournable pour l’étude du foie », se réjouit Mickael Tanter. 

En attendant Aixplorer fait déjà la preuve de son intérêt clinique dans d’autres indications, en particulier le cancer : « La mesure de l’élasticité des tissus apporte de nombreuses informations sur la localisation et la nature de tumeurs malignes dans le sein, le foie, la prostate ou encore sur des nodules thyroïdiens », illustre-t-il. Voilà donc une technique qui va continuer à faire parler d’elle dans les années à venir. 

Note

* unité 979 Inserm/ CNRS/ESPCI, Institut Langevin, Paris 

L’Aixplorer est commercialisé par la société française Supersonic Imagine. 

Source

T. Deffieu et coll. J. Hepatol, édition en ligne du 20 septembre 2014