Image légendée – Les fleurs du mal

À Toulouse, une équipe Inserm s’attèle à mieux comprendre les cancers de l’ovaire et les processus qui peuvent conduire à la formation de métastases. L’objectif : améliorer la prise en charge des patientes.

Un article à retrouver dans le magazine de l’Inserm n°61

Une photo obtenue par microscopie à fluorescence qui présente des cellules assemblées sous la forme d'un amas ressemblant à une grosse fleur. Les cellules forment les pétales de la fleur.
Cellules de cancer de l’ovaire © Romina D’angelo/SigDYN/CRCT/IUCT‑O/CNRS Images

Sorties de leur contexte, ces bulles psychédéliques enchantent nos âmes d’enfant. Loin de nous d’imaginer leur sombre destinée. Pourtant, ces sphères florales sont en réalité des amas de cellules cancéreuses en transit qui s’agrègent spontanément. Originaires de cancer de l’ovaire, on les retrouve flottantes dans le liquide de la cavité péritonéale qui maintient et contient les organes dans l’abdomen dont le foie, la vésicule biliaire, le pancréas, la rate, le tube digestif, ainsi que l’utérus et les ovaires chez la femme. À l’instar des grains de pollen, ces bulles migratoires de cellules malignes sont portées au gré des courants pour se nicher sur d’autres organes et sont souvent synonymes d’un stade avancé de la maladie.

Spécialiste de l’imagerie photonique de fluorescence en 3D, Romina D’Angelo, ingénieure Inserm au Centre de recherches en cancérologie de Toulouse a capturé en image la structure de ces amas porteurs de mauvais augure afin de mieux comprendre l’agencement des différentes composantes. « L’organisation, la morphologie mais aussi l’expression de marqueurs structurels et biologiques, ici colorés à la fluorescence, de ces “fleurs du mal” pourraient prédire leur capacité à s’accrocher à d’autres endroits et donc informer sur leurs propriétés métastatiques, explique-t-elle. La difficulté est d’obtenir des images en 3D avec une résolution qui permet de voir avec finesse ce qui se passe dans les cellules. »

Ces photos visent à une meilleure compréhension du processus métastatique, mais aussi à une caractérisation fine des types cancéreux sans biopsie pour optimiser le diagnostic et le pronostic, et proposer un traitement personnalisé. Chaque année, le cancer des ovaires touche environ 5 300 femmes en France. Et c’est le cancer gynécologique le plus mortel.


Romina D’Angelo est ingénieure de recherche dans l’équipe SigDYN, au Centre de recherches en cancérologie de Toulouse (unité 1037 Inserm/CNRS/Université Toulouse III – Paul-Sabatier).


Autrice : M. R.

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