HT-ADVANCE : vers une meilleure prise en charge clinique de l’hypertension artérielle

L’hypertension artérielle (HTA) touche 40 à 50% de la population âgée de plus de 40 ans et constitue le premier facteur de risque de problèmes de santé majeurs : infarctus du myocarde, insuffisance cardiaque ou rénale, accident vasculaire cérébral, troubles cognitifs… En 2019, on estimait déjà que plus de 10 millions de décès à l’échelle internationale pouvaient lui être attribués. Malgré l’existence de traitements médicamenteux efficaces, elle demeure encore aujourd’hui une pathologie mal contrôlée.

Afin de mieux reconnaître les différentes formes d’hypertension et de prédire la réponse aux différents traitements, Maria-Christina Zennaro, directrice de recherche Inserm et spécialiste de l’hypertension artérielle au Paris Centre de Recherche Cardiovasculaire (unité Inserm 970 / Université Paris Cité, PARCC), pilotera cette année le projet HT-ADVANCE.

Lancé officiellement ce 1er mars et réunissant plusieurs partenaires académiques européens, il visera à révolutionner la prise en charge de l’hypertension artérielle par l’utilisation de biomarqueurs spécifiques.

À propos du projet HT-ADVANCE

Bien que représentant le facteur de risque le plus important de mortalité et de morbidité dans le monde, l’hypertension artérielle n’est pas (ou mal) contrôlée chez plus de 50 % des patients. Les principales causes de l’échec du traitement incluent :

  • Le manque d’identification des formes secondaires telles que l’HTA endocrine, qui peuvent être traitées par un traitement adapté ;
  • La réponse variable, voire la résistance, aux différents traitements médicamenteux ;
  • La non-observance thérapeutique, soit l’absence d’adéquation entre les comportements des patients et les prescriptions médicales

Par ailleurs, l’HTA résistante, c’est-à-dire la résistance à l’association de trois médicaments antihypertenseurs ou plus, concerne environ 15 % des patients. Elle est associée à un risque plus élevé de lésions organiques médiées par l’HTA et de survenue d’événements cardiovasculaires majeurs.

Un problème majeur dans le traitement de l’HTA est la réponse au traitement très variable et souvent insuffisante chez certains patients. Cela s’explique en partie par la présence non reconnue de patients dont la cause sous-jacente de l’HTA ne répond pas au traitement habituel, ainsi que par la pathogenèse différente de l’hypertension artérielle chez les autres patients. L’ensemble de ces causes, conduit à des échecs thérapeutiques et à un mauvais contrôle de la maladie.

« Avec le lancement de ce projet européen, notre objectif est d’utiliser et de valider des biomarqueurs de stratification multi-omiques (MOMICS) pour les patients atteints d’HTA afin de mieux identifier celles et ceux atteints d’une forme endocrine, mais aussi de prédire la réponse au traitement chez les patients atteints d’HTA primaire. » explique Maria-Christina Zennaro. Le terme « omiques » se rapporte à la caractérisation et à la quantification d’un ensemble de molécules biologiques.

L’hypothèse générale de HT-ADVANCE est que cette approche peut permettre une meilleure prise en charge des patients en améliorant l’identification des HTA endocrines en vue d’un traitement curatif ainsi qu’en identifiant les meilleures options thérapeutiques pour les autres patients avec HTA primaire.

Pour cela, il est prévu de mener trois essais cliniques distincts complémentaires et d’appliquer des techniques d’apprentissage automatique par intelligence artificielle pour intégrer les caractéristiques génétiques, génomiques et métabolomiques qui constituent les biomarqueurs MOMICS et générer des prédictions diagnostiques et de réponse thérapeutique pour les cliniciens. L’étude sera menée par plusieurs centres d’excellence de l’hypertension artérielle, qui ont déjà établi des méthodes et des procédures pour intégrer des ensembles de données provenant de plateformes multiples et contribuer à la prédiction des différentes formes d’HTA.

« À terme, HT-ADVANCE devrait permettre un changement majeur dans la prise en charge de l’HTA en permettant une stratégie de traitement personnalisée plus efficace, pour réduire les complications cardiovasculaires associées et améliorer la santé des patients », conclut Maria-Christina Zennaro.

Maria-Christina Zennaro est directrice de recherche à l’Inserm et responsable de l’équipe Mécanismes génétiques des maladies liées de l’aldostérone au Paris Centre de Recherche Cardiovasculaire (unité Inserm 970 / Université Paris Cité, PARCC).


Pour en savoir plus

Présentation du projet HT-ADVANCE (Commission Européenne)