French Covid-19 : étudier les formes de la maladie nécessitant une hospitalisation

French Covid-19 est une cohorte observationnelle française lancée fin janvier, au tout début de l’épidémie liée au SARS-CoV‑2 sur notre territoire. Elle compte désormais 2 000 patients hospitalisés. Son objectif est de documenter ces cas et d’apprendre à prédire le risque d’aggravation, pour mieux armer les médecins face à cette maladie encore largement inconnue.

Mieux connaître le Covid-19 et mieux préparer les médecins à la prise en charge des cas où l’hospitalisation s’impose : c’est l’objectif du projet French Covid-19, coordonné par Yazdan Yazdanpanah, infectiologue à l’hôpital Bichat et directeur de l’institut thématique Immunologie, inflammation, infectiologie et microbiologie à l’Inserm. Lancé dès le début de l’épidémie en France, fin janvier, French Covid-19 repose sur le suivi observationnel d’une vaste cohorte de patients qui ont développé une forme clinique de la maladie nécessitant une hospitalisation. 

L’étude a démarré avec les cinq premiers cas de Covid-19 identifiés en France, des touristes en provenance de Chine, hospitalisés à l’hôpital Bichat et au CHU de Bordeaux. Ces tout premiers patients annonçaient l’arrivée du virus en France et leur suivi a permis de caractériser des manifestations cliniques variables suite à l’infection. Depuis, l’épidémie a gagné énormément de terrain et l’équipe a continué à recruter des patients. Désormais, 150 centres participent en France et environ 2 000 personnes ont été incluses à ce jour, adultes et enfants, sans limite d’âge. Le recrutement se poursuivra jusqu’à la fin de l’épidémie.

Un très grand nombre de variables cliniques mises à profit

Ce travail a deux buts précis : décrire les caractéristiques cliniques des formes qui nécessitent une hospitalisation et identifier les facteurs prédictifs de gravité (à savoir l’admission en réanimation ou le décès). Pour cela, les chercheurs disposent de toutes les données cliniques, biologiques, virologiques et d’imagerie inscrites dans les dossiers des patients. « Nous avons besoin de mieux connaître la maladie, ses manifestations diverses, les atteintes d’organes possibles, les complications qui peuvent survenir, les réponses aux traitements, les risques d’aggravation... afin que les soignants soient mieux armés pour prendre en charge ces patients, explique Jade Ghosn, infectiologue à l’hôpital Bichat, très impliqué dans le projet. Afin de trouver des facteurs prédictifs d’admission en réanimation ou de décès, nous avons recours à des modèles mathématiques qui intègrent un très grand nombre de variables et qui les associent à ces risques. Il devrait en sortir des liens significatifs qui aideront les cliniciens à prévoir ces aggravations et à adapter l’organisation des soins et la prise en charge en conséquence. » Les chercheurs ont pris en compte une centaine de variables parmi lesquelles la charge virale, les fréquences respiratoire et cardiaque, la fièvre, le délai entre l’apparition des symptômes et l’hospitalisation, la toux, les besoins en oxygène, l’indice de masse corporelle, des marqueurs du fonctionnement du foie et des reins, des marqueurs de l’inflammation, les radios et scanners des malades ou encore leur pression artérielle… « Nous ne disposerons pas de l’ensemble des données référencées pour tous les patients, poursuit Jade Ghosn. C’est pourquoi il est important d’avoir une grande cohorte, pour que finalement chaque variable soit suffisamment documentée. Par conséquent, nous ne limiterons pas le nombre de personnes recrutées. »

L’équipe a déjà commencé les analyses et suivra les patients six mois après leur sortie de l’hôpital. Ces derniers seront invités à revenir en consultation au bout d’un mois, trois mois et six mois. Aucun examen complémentaire (biologie, imagerie, bilan cardiaque...) ne sera réalisé lors de ce suivi, sauf en présence d’une indication liée à l’état de santé du patient. Les chercheurs utiliseront uniquement les données disponibles en l’état : « Pour certains, nous saurons juste qu’ils vont mieux, qu’ils n’ont pas été à nouveau hospitalisés, n’ont pas présenté de nouvelle complication et ne sont pas décédés. Ces informations seront déjà précieuses pour statuer sur les suites de l’infection après une forme sévère », conclut Jade Ghosn.