Formes graves de Covid : quel impact de la génétique ?

Dans une étude récente publiée dans la revue Science Advances, l’équipe scientifique dirigée par Rémi Cheynier et Stéfano Marullo, chercheurs Inserm à l’Institut Cochin (unité Inserm 1018 / CNRS / Université Paris Cité), en association avec des collaborateurs médecins de la clinique Ambroise Paré (Neuilly-sur-Seine), a démontré le rôle crucial de la génétique dans les formes graves de Covid-19.

Si la plupart des patients infectés par le SARS-CoV‑2 se rétablissent en quelques jours après des symptômes légers ou modérés, une minorité développe des formes graves. Ces dernières ont entraîné environ 7 millions de décès dans le monde (sur les 800 millions d’infectés). Dans la plupart des cas, l’issue fatale est associée à l’âge et à la présence d’autres maladies, mais elle peut survenir chez des personnes plus jeunes et en bonne santé.

Une explication possible ? La génétique. En effet, notre immunité est en partie déterminée par nos gènes. Notamment, un polymorphisme génétique, c’est-à-dire l’existence de plusieurs versions d’un même gène, qui est lié à la production des lymphocytes T, des cellules immunitaires indispensables à notre organisme pour lutter contre les virus. Chez une personne en bonne santé, selon la version du gène présente, plus ou moins de lymphocytes T sont produits par l’organisme, et plus précisément par le thymus.

Récemment, il a été découvert que chez les patients positifs au Covid et gravement malades avec une atteinte pulmonaire, mais chez lesquels était observée une production accrue de nouveaux lymphocytes par le thymus, le pronostic était davantage favorable.

Afin de déterminer l’impact de ce polymorphisme sur la gravité de la Covid, Rémi Cheynier et ses collaborateurs ont étudié la fonction thymique et la réponse immunitaire contre le virus de la COVID-19 de quarante patients atteints de formes graves de la Covid, avec une pneumopathie (infection du poumon) sévère.

Les résultats ont démontré que ce polymorphisme a effectivement des conséquences cliniques. Les personnes ayant un taux de production de lymphocytes T plus élevé avaient une réponse immunitaire plus forte et plus durable, et une atteinte pulmonaire moins grave.

Si l’étude a été menée spécifiquement sur la Covid, ses implications pourraient, selon les scientifiques, être bien plus larges : il est en effet probable que cette relation entre gènes et réponse immunitaire soit importante pour d’autres pathologies infectieuses, en particulier toutes les infections virales entrainant des atteintes pulmonaires sévères. À terme, étudier ce polymorphisme génétique pourrait aider à déterminer quels patients sont les plus à risque de complications et de décès.

Source : H. Roux et al. Genetically-determined thymic function affects strength and duration of immune response in COVID patients with pneumonia. Science Advances, 22 septembre 2023 ; doi : 10.1126/sciadv.adh7969