Écoresponsabilité : des outils au service de la communauté des chercheurs

Mieux comprendre et réduire l’impact des activités de recherche sur l’environnement, en particulier sur le climat : tel est l’objectif du collectif Labos 1point5, qui regroupe des membres du monde académique, de toutes disciplines et sur l’ensemble du territoire. De plus en plus de structures Inserm s’emparent des outils qu’il propose, à l’instar du Laboratoire de traitement de l’information médicale (LaTIM) à Brest. Retour d’expérience… et projets tous azimuts.

Un article à retrouver dans le magazine de l’Inserm n°60

« Des outils conçus par des scientifiques, pour les scientifiques » : voilà comment le Brestois Mathieu Le Stum, responsable administratif et financier et aide au pilotage opérationnel du LaTIM, évoque d’emblée Labos 1point5. Dimitris Visvikis, directeur de l’unité, a eu le nez creux en lui proposant d’entamer une réflexion sur l’impact environnemental du laboratoire : « J’étais particulièrement sensible à cette question, sans pour autant être militant. Par ma culture scientifique, je cherchais des outils rigoureux pour d’abord mieux connaître puis tenter de réduire l’impact de nos recherches. »

Carbone : cap sur le bilan

Le LaTIM s’est appuyé, en 2022, sur l’outil mis à disposition gratuitement par le collectif Labo1.5 sur son site Internet : GES 1point5. Ce dernier permet de calculer l’empreinte carbone et de construire le bilan gaz à effet de serre d’un laboratoire. L’outil distingue l’empreinte carbone des bâtiments, des déplacements (professionnels et domicile-travail), du matériel informatique du labo – hors consommation électrique (PC, écrans, portables, serveurs…) – et enfin celle associée à l’achat de biens et services non comptabilisés dans les trois catégories ci-dessus. Un travail de recueil qui peut sembler fastidieux mais qui permet a minima d’obtenir les bons ordres de grandeur d’émission carbone et de dégager des pistes d’amélioration. « Il est vrai que le premier bilan a été long à effectuer. Une des difficultés, par exemple, est la question des tutelles multiples, qui rend parfois le recueil des données et les calculs complexes. Néanmoins, une fois que l’on connaît le type de données à collecter, cela allège le travail pour la fois suivante. Le bilan 2023 devrait être beaucoup plus rapide à faire ! », s’amuse Mathieu Le Stum.

Du constat à l’action

Une fois le bilan établi, il a été présenté en conseil de laboratoire. « Seule l’implication collective peut faire changer les choses », explique Mathieu Le Stum. L’ « encapacitation » est en effet une pierre angulaire du processus de transition. Il s’agit de mettre les personnes « en capacité » de comprendre les enjeux et le contexte de la transition écologique et d’agir grâce à cette connaissance, tout en maintenant un haut niveau de recherche. Au LaTIM, cela s’est traduit par la création de groupes de travail thématiques. « Le point faible de notre laboratoire, par sa situation géographique et la nature même de ses activités (essentiellement numériques), est, sans surprise, le poste des déplacements. » Un premier groupe de réflexion sur la limitation de l’usage de la voiture pour les trajets domicile-travail, en s’inspirant de l’université de Bretagne-Occidentale, qui a mis en place une prime à la mobilité pour les cyclistes et des parkings à vélos. Et en participant également à des défis initiés au niveau de la métropole de Brest, visant, sur la base du volontariat, à comparer les kilomètres parcourus entre employeurs locaux. Pour les trajets plus longs, les chercheurs seront incités à prendre le train le plus possible et, pourquoi pas, à privilégier les déplacements des collègues en début de carrière qui ont plus besoin de faire connaître leur travail. Autre piste : comptabiliser les trajets de train comme temps de travail.

Un autre groupe de travail s’est intéressé aux achats, deuxième poste d’émissions de gaz à effet de serre du laboratoire. « Pour en diminuer l’impact, il faut acheter moins et mieux. Si cela semble évident, ce n’est pas si simple à mettre en œuvre », indique Mathieu Le Stum. Le groupe de travail dédié devrait faire rapidement des propositions d’achats mutualisés et plus responsables. « L’exemple du LaTIM montre à quel point le calcul du bilan carbone peut être le déclencheur d’engagements et d’une politique plus vertueuse écologiquement, conclut Matthieu Thépin, chargé de missions au sein de la cellule Transition écologique et sociétale de l’Inserm. J’espère, avec tous ces exemples, que de plus en plus de laboratoires suivront, comme le montrent les plus de 150 volontaires engagés qui ont rejoint le réseau Transition écologique et sociétale de l’Institut pour mutualiser les idées et avancer ensemble. »

Autrice : M.-C. F.

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