Comment N.meningitidis colonise son hôte

Cinq nouveaux gènes ont été décrits comme nécessaires à Neisseria meningitidis pour coloniser les voies nasopharyngées de l’homme. C’est ce que montre une équipe de l’Inserm qui cherche à comprendre comment cette bactérie potentiellement mortelle se retrouve chez près de 30% de la population de façon asymptomatique.

Neisseria meningitidis, responsable de méningites et de septicémies, entraine plusieurs dizaines de milliers de décès dans le monde chaque année. Ces cas impressionnants, mais finalement rares, feraient presque oublier que la bactérie est largement présente dans la population générale de façon asymptomatique. Elle est retrouvée dans la voie nasopharyngée de 30 % de la population « et ce chiffre est probablement sous-estimé », selon Anne Jamet*, coauteur des travaux. « La bactérie colonise le nasopharynx sans que l’on sache exactement comment. Puis, dans des cas exceptionnels, elle traverse la barrière nasopharyngée et passe dans le sang. Elle gagne alors les méninges, qui protègent normalement le cerveau, et se multiplie dans le liquide cérébro-spinal « , décrit-elle.

Au moins cinq gènes indispensables

Ce phénomène de colonisation est donc une étape clé vers l’infection. Pour mieux en comprendre les mécanismes, une équipe Inserm a créé une banque de 1 600 souches mutantes afin de les tester et d’identifier les caractères nécessaires à la colonisation. Dans ce but, ils les ont mises en culture avec des cellules épithéliales humaines pendant 24 à 48 heures. 

La colonisation nécessite la production d’un biofilm par les bactéries. Celui-ci va recouvrir les cellules de l’hôte. Or, les chercheurs ont constaté que cinq mutants synthétisaient un piètre biofilm et étaient donc peu capables de coloniser les cellules en culture. En étudiant les mutations génétiques qui affectaient ces souches, ils ont pu identifier les gènes nécessaires à la colonisation. Parmi eux, les gènes narP et estD permettent à la bactérie de s’adapter en cas d’hypoxie et améliorent la résistance au stress cellulaire. 

Un modèle d’étude

Ces données ne visent pas directement à améliorer la lutte contre cette bactérie dans la mesure où un vaccin efficace vis-à-vis des cinq sérotypes bactériens les plus fréquents est en cours de développement. Mais elles sont particulièrement utiles pour étudier la colonisation par d’autres agents infectieux qui passent par les mêmes voies et sont responsables du même type d’infections, comme le pneumocoque ou Haemophilus influenzae. Il s’agit en quelques sortes d’un « modèle d’étude », conclut la chercheuse. 

Note
*Unité 1002 Inserm/Université Paris Descartes 

Source 
A Jamet et coll. Identification of genes involved in Neisseria meningitidis colonization. Infect Immun, édition en ligne du 1er juillet 2013