Adopter une contraception dès le premier rapport est de bon augure

Les femmes qui démarrent une contraception avant ou au moment de leur premier rapport sexuel ont par la suite nettement moins de grossesses non désirées que celles qui en débutent une après. Le dialogue avec la mère et le niveau d’éducation sont deux facteurs favorables à la mise en œuvre précoce de la contraception.

Débuter une contraception avant ou au moment du premier rapport sexuel est associé à un moindre risque de grossesse non désirée par la suite, par rapport au fait d’en débuter une plus tard. C’est ce que révèle une enquête sur la santé sexuelle et reproductive des Français, réalisée par une équipe Inserm*. Les chercheurs ont interrogé 8 645 adultes âgés de 15 à 49 ans, représentatifs de la population générale en 2010. Ils ont ensuite sélectionné 1 552 questionnaires remplis par des femmes âgées de moins de 30 ans, ayant déjà eu une activité sexuelle et une contraception, afin d’évaluer l’association entre le moment de mise en œuvre d’une contraception et leur trajectoire reproductive. « L’idée était d’avoir un panorama fiable et contemporain sur cette question », clarifie Caroline Moreau, coauteur des travaux. 

Une contraception fréquente avant le premier rapport sexuel

Les chercheurs ont demandé à ces femmes si elles avaient utilisé un moyen de contraception avant, pendant ou après leur premier rapport sexuel. Les résultats montrent que l’âge moyen du premier rapport était de 17 ans et que 56 % des femmes ont démarré une contraception au moment de ce premier rapport. Parmi les autres, 29 % l’ont fait avant et 16 % après. La pilule était le moyen de contraception exclusif en cas de contraception précoce. Elle était plus souvent prise pour réguler les cycles menstruels, les rendre moins douloureux ou encore pour traiter une acné, plutôt que par peur de tomber enceinte. Au moment du premier rapport, la contraception la plus choisie était le préservatif. Quant à celles qui ont débuté une contraception tardivement, environ la moitié l’a fait dans le mois qui a suivi le premier rapport, en utilisant préférentiellement la pilule. Malgré cela, le fait d’être dans cette dernière situation était clairement associé à une trajectoire reproductive marquée par un risque accru de grossesses non prévues. 

L’importance de l’information

Dans cet échantillon total, 18 % des femmes sont tombées enceintes alors qu’elles ne le souhaitaient pas et 9 % ont alors choisi l’avortement. En cas de contraception mise en œuvre après le premier rapport, ces chiffres bondissent à respectivement 34 % et 19 %. En outre, au moment de l’enquête, les femmes dans cette dernière situation utilisaient des moyens de contraception moins efficaces que des produits médicaux comme la pilule. « Plusieurs facteurs sont associés à ce phénomène. Les femmes qui prennent une contraception tardive sont statistiquement moins éduquées, plus souvent issues de pays étrangers ou encore ont des difficultés de dialogue avec leur mère, décrit Caroline Moreau. A l’inverse, celles qui débutent une contraception avant ou au moment du premier rapport sont mieux informées. Le fait de prendre la pilule lors du premier rapport n’a pas empêché l’utilisation quasiment systématique d’un préservatif, en prévention des infections sexuellement transmissibles », indique la chercheuse. 

Note

*unité 1018 Inserm/Université Paris sud, Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations, Villejuif 

Source

K. True et coll. Timing of contraceptive initiation and association with future sexual and reproductive outcomes. Hum Reprod, édition en ligne du 10 juin 2014