F‑CRIN fait briller la recherche clinique française

Avec ses réseaux thématiques de recherche et ses plateformes de soutien méthodologique et opérationnel, l’infrastructure nationale F‑CRIN – créée en 2012 et portée par l’Inserm – a su renforcer l’attractivité et la visibilité internationale de la recherche clinique française. Forte de ce bilan très positif, elle prépare aujourd’hui la deuxième étape de son parcours : 2020–2024.

Lancé en 2012 et initialement financé jusqu’en 2019, le projet F‑CRIN (pour French Clinical Research Infrastructure Network) coordonné par le Pr Olivier Rascol, neuropharmacologue au CHU de Toulouse, doit aujourd’hui envisager son avenir. La plateforme va soumettre à l’Agence nationale de la recherche un nouveau projet dans le cadre du plan 2020–2024, afin de poursuivre une action qui a d’ores et déjà amélioré la visibilité et la compétitivité de la recherche clinique française. 

F‑CRIN est en effet né d’un constat : malgré l’excellence scientifique et médicale de nos centres investigateurs, la recherche clinique française manquait de visibilité européenne et internationale. Trop peu de projets européens étaient réalisés en France, et les centres de recherche français manquaient d’attractivité pour les industriels. La raison ? « La recherche clinique implique une multitude d’acteurs différents et dispersés. Ce paysage complexe handicapait la mise en place de grands projets collaboratifs. D’où l’idée créer une infrastructure nationale capable de rompre les silos » explique Vincent Diebolt, l’actuel directeur de F‑CRIN.

Il s’agissait donc de fédérer les expertises scientifiques et médicales et, d’autre part, de fournir aux promoteurs et/ou aux investigateurs un appui méthodologique pour le montage et le suivi des projets. « Nous visons spécifiquement les essais cliniques d’envergure, notamment internationaux, les essais industriels de type « preuve de concept » et les essais multicentriques. Autant de projets complexes à monter et gérer, pour lesquels un centre ou un promoteur seul n’a pas forcément l’envergure et toutes les compétences nécessaires » souligne Vincent Diebolt. 

Une structure originale

Sélectionnée en 2010 dans le cadre du programme des Investissements d’avenir, et opérationnelle depuis 2012, cette infrastructure nationale en biologie et santé est gérée par l’Inserm. Sa coordination est assurée depuis Toulouse, par une unité mixte de service*. F‑CRIN compte aujourd’hui douze réseaux thématiques de recherche et d’investigation clinique (voir encadré), structurant à l’échelle nationale les équipes impliquées dans des domaines tels que la cardiologie, la pédiatrie ou encore la maladie de Parkinson. « Plutôt que rechercher un centre à Toulouse, un investigateur à Lille, etc., un promoteur peut désormais s’adresser à une « tête de pont » unique » explique Vincent Diebolt. 

L’autre branche opérationnelle de F‑CRIN rassemble quatre plateformes de soutien méthodologique (montage des dossiers, recrutement des cohortes de patients, conduite de projet, analyse statistique...). Deux d’entre elles, Euclid (Bordeaux) et Partners (Paris), assistent les promoteurs pour toutes sortes d’essais, alors que Tech4Health (Besançon) se consacre aux dispositifs médicaux et Orphan Dev (Marseille) aux maladies rares. 

Les réseaux thématiques nationaux de recherche et d’investigation clinique d’F‑CRIN :

  • FACT : Cardiologie/Maladies coronaires
  • FORCE : Obésité
  • I‑REIVAC : Vaccinologie
  • IMIDIATE : Maladies auto-immunes et auto-inflammatoires
  • INI-CRCT : Cardio-néphrologie
  • INNOVTE : Thrombose veineuse
  • NS-PARK : Parkinson
  • CRICS-TRIGGERSEP : Sepsis

4 nouveaux réseaux ont été labellisés par F‑CRIN en 2018 

  • PEDSTART : Pédiatrie
  • FRCRnet : Maladies de la rétine
  • CRISALIS : Asthme sévère
  • FCRIN4MS : Sclérose en plaques

Un succès indiscutable

Évaluée très positivement en 2016 par l’Agence nationale de la recherche, l’activité d’F‑CRIN a permis une nette augmentation du nombre d’essais cliniques de grande envergure menés par les réseaux thématiques labellisés. F‑CRIN a été associé a plus de 300 essais cliniques académiques ou industriels depuis sa création, dont près de la moitié correspondent à des essais multinationaux. Ce succès se traduit aussi par une participation grandissante aux projets de recherche financés par le programme européen pour la recherche et le développement, H2020. 

La porte d’entrée d’ECRIN

ECRIN (European Clinical Research Infrastructure Network) est une infrastructure européenne de recherche clinique dont l’objectif est de promouvoir et de faciliter les recherches multinationales. Ses représentants en France sont hébergés dans les locaux toulousains de la coordination de F‑CRIN qui, de fait, est le partenaire français d’ECRIN. 

F‑CRIN est le bras armé de ECRIN en France, que ce soit pour les acteurs français voulant participer à un projet ECRIN ou pour les acteurs européens souhaitant collaborer avec un centre français. 

Autre indice de succès : c’est à F‑CRIN que le Conseil stratégique des industries de santé a confié, en 2016, la tâche de piloter le tout nouveau Conseil national pour la performance des essais cliniques (CNaPEC). Cette instance regroupe tous les acteurs français – académiques, industriels, grands syndicats d’entreprises – pour mener une réflexion stratégique sur l’attractivité de la recherche nationale. 

S’adapter à la nouvelle donne

Au moment d’aborder la deuxième phase de son existence, F‑CRIN doit s’adapter à l’évolution de la médecine, avec par exemple ses avancées en thérapie cellulaire et en médecine personnalisée, ainsi qu’à celles de la recherche clinique, en particulier avec l’importance grandissante des bases de données et collection biologiques massives. La volonté est également de mieux associer la médecine de ville, de nombreuses pathologies n’étant pas prises en charge dans les hôpitaux. Cela passera par la création de réseaux de recherche clinique ville/hôpital.

Par ailleurs, après s’être surtout adressée aux grandes sociétés pharmaceutiques, F‑CRIN doit davantage aller vers les start-up et les petites sociétés biotechnologiques innovantes. « La France est très bien placée dans ce domaine mais ces entreprises « pointues » méconnaissent parfois les exigences des plans de développement, et ne savent pas forcément se préparer à l’épreuve de l’expérimentation clinique » explique son directeur. 

F‑CRIN envisage aussi de labelliser, sur appel à candidature, de nouveaux réseaux thématiques. La plateforme se donne enfin pour but de parvenir à l’autonomie financière. A partir de 2025, elle devra continuer à opérer sur ses ressources propres, qu’il s’agisse de vente d’expertise ou de soutien des différents acteurs (établissements hospitaliers ; universités ; fondations, organismes de recherche, industriels). 

Pour en savoir plus sur F‑CRIN, son organisation et les services proposés par l’infrastructure, consultez son site web : www.fcrin.org

Notes :

* UMS 15 Inserm/Université Toulouse 3 Paul Sabatier/CHU de Toulouse