Recherche animale : l’Inserm signe une charte de transparence

Dans le cadre de sa politique de transparence sur le recours aux animaux à des fins de recherche, l’Inserm a signé une charte avec 30 établissements de recherche et laboratoires privés qui développent des médicaments. L’Institut réaffirme ainsi sa volonté de mettre à disposition du public une information exhaustive et claire sur l’utilisation des animaux dans les sciences biomédicales. Explications avec Brigitte Rault, responsable du Bureau de l’expérimentation animale (BEA).

Un article à retrouver dans le magazine de l’Inserm n°49

Quelle est la genèse et la raison d’être de ce document ?

Brigitte Rault : L’élaboration de cette charte a été initiée et coordonnée par le Groupe interprofessionnel de réflexion et de communication sur la recherche (Gircor), association qui rassemble les établissements de recherche biomédicale publics et privés français et dont l’Inserm assure la vice-présidence. Elle répond à une demande croissante des publics qui se préoccupent des droits et du respect de l’animal : comprendre comment les animaux sont utilisés et traités dans des projets scientifiques, et pourquoi ils ne sont pas systématiquement remplacés par des méthodes in vitro ou in silico. Les acteurs de la recherche doivent pouvoir communiquer sans tabous sur ces sujets afin d’entretenir une relation de confiance avec la société, et d’expliquer comment l’évolution de la règlementation et des technologies s’intègre dans les pratiques. Cette démarche fait écho à des initiatives similaires en Europe, notamment au Royaume-Uni avec le Concordat on Openness on Animal Research, signé par 127 organisations britanniques. La France fait partie des pays européens qui utilisent un nombre important d’animaux à des fins de recherche, ce qui peut être une source d’inquiétude et de tensions avec les militants pour la cause animale. Une telle initiative permettra au public de mieux connaître les modalités de la recherche pour mieux les comprendre, peut-être les accepter plus facilement, ou se faire a minima un avis éclairé sur le sujet. 

Quels engagements l’Institut prend-il à travers cette charte ?

B. R. : Dans leurs activités, les personnels de l’Inserm se conforment déjà aux principes éthiques des 3 R (« réduire, raffiner, remplacer »), qui consistent à garantir que le même niveau d’information ne pourrait pas être obtenu sans recourir à l’animal pour répondre à un objectif scientifique défini ; à réduire le plus possible le nombre d’animaux impliqués dans un projet de recherche sans sacrifier la puissance statistique des résultats ; et à assurer la bientraitance et le bien-être des animaux, notamment en limitant les contraintes qui peuvent leur être imposées (manipulations, contention, stress, douleur) dans le cadre de procédures expérimentales. À travers cette démarche de transparence, l’Institut s’engage à énoncer clairement la place qu’occupe le modèle animal dans l’ensemble de ses recherches. Cette décision s’inscrit dans la continuité de ses actions pour dissiper les incompréhensions qui peuvent accompagner l’expérimentation animale et couper court aux infox concernant le traitement des animaux en laboratoire : les chercheurs, ingénieurs et techniciens sont aujourd’hui parfaitement conscients et formés sur la sensibilité des animaux et sur les exigences réglementaires qui en découlent. Ils doivent maintenant se mobiliser plus largement pour communiquer avec le grand public et les médias. 

Quels effets est-on en droit d’attendre de ce genre de démarche ?

B. R. : Dans le cadre de la charte, le Gircor a pour mission de recenser chaque année les actions de l’ensemble des signataires en matière de communication et d’information vers le public. Il s’agit donc de poursuivre nos efforts pour expliquer en quoi l’utilisation des animaux dans la recherche en santé, indissociable des progrès et des découvertes réalisées dans ce domaine, s’avère encore indispensable et complémentaire à d’autres méthodes. Enfin, nous souhaitons montrer que la question des animaux en recherche ne doit pas se limiter à une vision manichéenne de type « Pour ou contre l’expérimentation animale ? ». Le Royaume-Uni, initiateur de cet élan global vers une communication transparente, a d’ailleurs noté depuis sa mise en place une diminution des actions, parfois violentes, envers des chercheurs qui travaillent sur l’animal. L’installation d’un climat apaisé est propice au dialogue entre la communauté scientifique et la société, et à la mise en place d’un cercle vertueux, bénéficiant tout autant à la science qu’aux animaux qui y participent. 

Consulter la Charte de transparence sur le recours aux animaux à des fins scientifiques et réglementaires en France